Voici quelques réflexions très intéressantes, même si je ne suis pas d’accord sur tout.
Pour commencer, affirmer que l’Etat ne peut jamais être en faillite grâce à l’impôt est une contre-vérité historique en même temps qu’un non-sens. L’impôt est calculé sur l’économie réelle ; si cette dernière s’effondre, l’impôt chute et l’Etat s’effondre avec elle. Imaginons que subitement le PIB de la France soit divisé par deux entre 2008 et 2009 (simple hypothèse de travail) ; l’impôt et donc le budget de l’Etat auront tendance à diminuer dans plus ou moins les mêmes proportions. Augmenter les taux d’imposition n’y changerait d’ailleurs pas grand chose car plus personne ou presque ne paierait ses impôts. L’Etat français serait bel et bien en faillite si un tel cas de figure se présentait ; c’est pourquoi une politique de relance serait cruciale en ce moment.
Ensuite, l’opposition que vous faites entre capitalisme et démocratie ne me semble pas aussi évidente que cela. Le capitalisme n’est qu’un mode d’organisation économique, la démocratie un mode d’organisation politique. Les deux sont beaucoup plus indissociables qu’incompatibles ; nous trouvons beaucoup plus d’exemples où les deux systèmes ont cohabité que d’exemples où l’un allait sans l’autre. En particulier, si nous pouvons trouver quelques exemples de pays capitalistes non démocratiques (Chili de Pinochet, Chine actuelle, voire URSS qui était finalement plus un pays de capitalisme d’Etat qu’un pays communiste), j’attend encore qu’on me trouve un seul exemple de pays démocratique non capitaliste.
En d’autres termes, liberté politique et liberté économique vont de pair et le problème est donc ailleurs. A mon avis, il vient du fait qu’il manque le pendant économique du "contrat social". Notre organisation politique et sociale, y compris nos institutions politiques elles-mêmes, reposent sur ce contrat. Notre organisation économique ne repose quant à elle sur rien de comparable, et c’est là que le bât blesse car nous en sommes réduits à en contrer les dérives potentielles au cas par cas (et au fur et à mesure que ces dérives apparaissent), sans vision d’ensemble.
La solution n’est donc certainement pas dans une "régulation" décidée ex abrupto par nos dirigeants politiques actuels ; cela empêcherait peut-être que la situation actuelle ne se reproduise à l’avenir mais cela ne réglerait absolument pas le problème de fond. Il nous faut un véritable "contrat social" économique, avec des règles claires, simples et justes ; bref, il nous faut retrouver l’esprit des Lumières à la base de notre organisation politique et sociale. C’est loin d’être gagné...