@ Dedalus
Je ne suis pas du tout d’accord avec votre article qui révèle une incohérence majeure dans son développement.
Vous affirmez qu’« un hymne national n’est rien d’autre qu’un symbole » et que « Pour ma part, je suis fermement convaincu du caractère néfaste de toute espèce de sacralisation des symboles. Toute chose doit pouvoir être remise en cause, afin que les opinions puissent librement s’exprimer, les opinions mais aussi les sentiments. » « la France donne-t-elle aujourd’hui une image positive d’elle-même. […] il est possible d’avoir une mauvaise image d’un pays, y compris du sien. […]cette France telle qu’elle se comporte actuellement, sur bien des aspects, on ne l’aime pas, et même on n’en est pas très fier. Parce qu’elle ne serait pas très digne de l’idée qu’on voudrait en avoir. »
J’ai bien compris la nuance que vous tentez de mettre en filigrane mais que vous ne mettez jamais en avant : ces mêmes symboles qui représentent le pays, représentent de facto le gouvernement qui le régit or, si on peut ne pas être d’accord avec un gouvernement en place, légitime ou pas selon le goût de chacun, représentatif de la majorité de la population ou non, toujours selon l’opinion que chacun est libre de s’en faire (on appelle cela le libre arbitre), rien n’autorise à insulter le peuple que le symbole représente.
Mais la faute à qui ? Comme partout actuellement, avec la surmédiatisation de chaque incident/évènement et surtout non-évènement, on pousse à la confusion des genres avec l’estompage voire l’effacement complet des repères ou des frontières de tout un chacun en provoquant un amalgame général entre vie « publique » vie « citoyenne » et vie « privée », par tous les jeux de récupération pitoyables dont les politiques de tous bords se sont fait une spécialité ses 20 dernières années.
La question que personne ne s’est apparemment posée dans les rangs des siffleurs est celle-ci : De quelle entité l’équipe de foot française est-elle la représentation : de son pays, de son gouvernement ? Des deux à la fois ? Il n’y à plus guère que dans les dictatures communistes que ce dernier cas de figure est une réalité. Dans nos démocraties occidentales (j’aime encore à penser que nous vivons dans une démocratie) nous savons, vous comme moi, que ce n’est plus le cas depuis longtemps et que le désamour population/politique est consommé depuis longtemps…
Je peux donc très bien être fier de mon pays. Mais je peux l’être sans pour autant l’être du gouvernement qui le dirige. C’est mon droit, un droit garanti par la Constitution. Mais je ne laisserai à personne le droit d’insulter le pays qui m’a vu naître, la terre de mes ancêtres depuis plus de 500 ans.
Vous affirmez plus loin : « Je revendique mon droit à me moquer du Christ sur sa croix, à caricaturer Mahomet, à bouffer du rabbin, à brûler un drapeau ou à siffler un hymne national, fût-il celui qu’on voudrait que je considère comme mien »
Soit ! Et c’est un choix qui vous honore : vous exprimez vos idées. Mais souffrez le fait que vos dires puissent, selon la forme que vous leur donnez, insulter voire blesser les gens qui ont épousé ces religions/causes/pays/autre… (barrez les mentions inutiles…) Et je ne parle évidemment pas des extrémistes de tous poils avec qui toute discussion est inutile. Je parle des gens modérés, à la discussion, responsable, comme vous et moi, des gens qui peuvent avoir une discussion constructive et non un banal échange à sens unique d’invectives. Pour faire une parabole, c’est comme d’abord se prendre un beau gros mollard au beau milieu du front avec un type qui vous abreuve de ses récriminations (justifiées ou non, toujours selon l’opinion de chacun) et qui vous dit ensuite : « je comprend pas pourquoi tu te vexes pour si peu… T’es un sale con raciste qui veux pas me parler parce que je suis pas blanc-blanc, ou quoi ? »
« On me dira que c’est un manque de respect, voire une intolérance. Je considère que le respect est dû à chacun en tant qu’homme ou femme, […] et que toute opinion ou croyance respectable exige qu’elle soit tolérée »
C’est là qu’est votre incohérence majeure. Si la Liberté des uns fini là où comme celle des autres, comme le dit le proverbe, mais il me semble qu’il en est de même avec le respect et la tolérance : la Tolérance des uns fini là où commence l’Intolérance des autres… comment voulez-vous qu’il y ait du respect pour quelqu’un qui méprise ce que vous avez de sacré.
Vous le dites vous-même : « je revendique également de pouvoir en mon âme et conscience choisir mes symboles, et même mes appartenances. ». Quelle serait votre réaction si je foulais aux pieds tout ce en quoi vous croyez, si je crachais dessus (voire pire si énervement) ? Vous tendriez la joue gauche en disant « Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’il font ? » A vous entendre, vous n’êtes pas chrétien pratiquant… alors quoi ? n’auriez vous pas une pointe d’agacement qui percerait dans votre voix, si ce n’était que cela ?
« la France n’est rien d’autre qu’un concept - […] définition purement géographique ou administrative. Une idée ça se conteste »
Peut-être, mais ceci reste toujours soumis à votre appréciation personnelle. Commencez donc par respecter ceux qui sont en osmose avec ce concept qui a fait que vous soyez là, aujourd’hui, à pouvoir vous exprimer librement quand l’envie vous en prend, LIBERTÉ que beaucoup de ceux qui vous ont précédé sur ce sol pour lequel vous semblez n’avoir que peu de considération ont payé au prix fort : le prix du sang.
Vous affirmez que « ce ne sont pas des tunisiens qui ont sifflé notre tant bel hymne national, mais des français et essentiellement, sinon uniquement, des français. Pas tous de "souche" bien entendu, mais pas moins français que d’autres […] [la] France […] a peut-être en réalité un peu de mal à considérer que tous les français sont... français. Et ces français-là, […] auraient quotidiennement conscience de n’être pas tout à fait considérés aussi français que tous les français. »
Il faut aussi arrêter de systématiquement « victimiser » la population française d’origine étrangère et sortir de la boucle de la repentance pour les erreurs de nos prédécesseurs. Je ne me sens pas responsable du Commerce Triangulaire tout comme je conçois qu’on ne se sente pas responsable de la mise en place de l’extermination juive lors du dernier conflit mondial. C’est aussi ridicule que de se sentir responsable de la crucifixion de Jésus ou du massacre du denier mammouth… Par contre, il est de ma responsabilité de faire en sorte que cela ne se produise plus. Je suis CONSCIENT MAIS PAS REPENTANT, parce que quoique qui que se soit en dise, je n’en suis pas responsable.
« La France, on peut en être et ne pas l’aimer. La France on peut vouloir revendiquer avec force qu’elle change sans qu’on doive nous prier d’en partir. […] il ne s’agit pas de la quitter parce qu’on ne l’aimerait pas assez, mais d’en être plus afin de parvenir à l’aimer mieux ».
Dont acte ! Mais j’ai deux principes dans la vie : « Ne mords pas la main qui te nourri » et « Evite autant que faire ce peut de cracher dans la soupe, sinon le goût de ta tambouille va finir par s’en ressentir » …