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Commentaire de Maël Donoso

sur Masdar City, les enjeux politiques d'une cité écologique


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Maël Donoso Maël Donoso 16 octobre 2008 16:57

Merci d’avoir pris la peine d’écrire ce long commentaire, et de signaler des points qui n’ont, sans doute, pas été suffisamment développés dans mon article.

Je vais donc tenter de préciser mon analyse. D’une part, les sommes immenses mises en jeu dans le projet Masdar impliquent que toutes les étapes de ce programme, de sa conception technique jusqu’à son marketing, aient été très précisément calculées au mieux des intérêts de ses promoteurs (par puissances pétrolières, j’entends non seulement les pays exportateurs de pétrole, mais tous les lobby et entreprises, occidentaux ou non, qui y sont rattachés). Il est donc difficile de voir dans le film de présentation du projet une simple "publicité savante", selon vos propres termes, et plus difficile encore de la croire sans arrière-pensée politique.

Mon raisonnement central, sur lequel l’ellipse était certes importante, est le suivant. Le développement durable était, jusqu’à il y a quelques années, l’apanage de groupes écologiques et souvent altermondialistes, dont le principal message était qu’il fallait, pour protéger la planète, changer notre mode de vie producteur de déchets et de pollution. Plus récemment, les enjeux écologiques ont pris toute leur place dans la politique et les débats de société généraux. Aujourd’hui, il semble que le débat sur le développement durable soit, au contraire, sur le point d’être accaparé par les grands groupes industriels qui ont les moyens de créer des projets technologiques sophistiqués comme Masdar.

Oubliée, donc, la possibilité de protéger l’environnement en adoptant des habitudes moins coûteuses en énergie. Masdar est, je le repète, un laboratoire extrêmement intéressant pour les énergies nouvelles, mais il ne peut pas servir de modèle à l’échelle planétaire. Lorsque ses promoteurs affirment qu’"un jour, toutes les cités seront construites comme Masdar", ils ne peuvent croire eux-même ce message. Très vraisemblablement, leur but est plutôt de séduire des acheteurs potentiels de haute technologie "verte", et pas de proposer un modèle de société valable pour tous.

C’est cette confusion que je trouve potentiellement dangereuse. Vendre à ceux qui pourront les acheter des équipements high-tech propres, très bien. Mais cela ne doit pas nous détourner d’une autre nécessité majeure, celle de réduire la consommation d’énergie et la production de déchets au quotidien, avec les infrastructures et les moyens limités qui nous sont disponibles. À trop voir en Masdar le futur de l’écologie, nous risquons d’oublier que l’écologie se joue dans le présent, et que les grands groupes industriels n’en détiennent pas toutes les clés. Voilà ce que j’entends en affirmant que nous ne devons pas remettre aux grandes puissances pétrolières les "pleins pouvoirs" en termes de développement durable.

Par ailleurs, l’ambition de ces puissances de se présenter en tant que leaders dans le domaine écologique n’est pas une analyse personnelle. C’est un objectif clairement affiché des promoteurs de Masdar, comme je vous invite à le vérifier dans leur film de présentation.

J’espère avoir en partie répondu à vos remarques, que je vous remercie une fois de plus d’avoir formulées. Je ne relève pas vos derniers conseils d’ordre pédagogique, dont le ton condescendant est sans doute dû à un égarement ponctuel (compréhensible puisque ce sujet semble vous tenir à coeur).


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