Au-delà de l’apologie des mesurettes de la ministre, il y a des points qui me paraissent obscurs dans l’analyse de l’auteur de cet article.
1°) Pourquoi parler d’inégalité entre chercheurs et enseignants-chercheurs ? Ce n’est pas parce qu’ils se côtoient, souvent pour le plus grand bénéfice de tous, qu’ils ont le même statut. Certains enseignent, d’autre pas. Certains remettent un rapport annuel d’activité, d’autres pas. Certains ont une prime d’encadrement doctoral et d’autres pas. Cela s’appelle la différence, et ce n’est sans doute pas le problème. D’ailleurs, le fait même que Mme Pécresse parle de revaloriser les salaires de la recherche et n’évoque que les enseignants-chercheurs montre bien qu’elle cherche à entretenir la différence, et elle contribue ainsi à la confusion qui affleure dans ce paragraphe.
2°) Pour ce qui est du "carriérisme", 35 ans d’expérience m’ont appris qu’il y en avait autant sinon plus chez les enseignants-chercheurs que chez les chercheurs temps plein.
3°) Si l’on parle des "dotations financières", il est certain que l’université est encore plus pingre que les organismes de recherche, mais je ne les qualifierais certainement pas de "non négligeables", puisque c’est ce qu’elle deviennent au cours des ans.
4°) Je ne comprends pas bien comment la réforme peut prétendre "réduire l’écart entre les chercheurs d’organismes publics et les universitaires". C’est très bien de revaloriser les salaires des jeunes maîtres de conférence, mais il faut se rappeler que les chargés de recherche sont logés à la même enseigne.
5°) D’ailleurs, et là non plus, je ne comprends pas, Sylvain Rakotoarison nous dit que ces mesures permettront d’attirer à l’université "les meilleurs chercheurs des organismes publics en leur proposant de meilleures perspectives de carrière". Donc, les perspectives de carrière s(er)ont meilleures à l’université qu’au CNRS, par exemple. ?????
6°) Enfin, je ne vois pas, personnellement, comment cette réformette aurait "le grand mérite de préserver l’existence des grands organismes de recherche qui font la réputation d’excellence de la Recherche française (CNRS, Institut Pasteur, etc.)". C’est plutôt l’inverse qui s’annonce. On peut décider de ne pas pleurer la mort annoncée des organismes de recherche, mais, de grâce, ne nous faites pas prendre des vessies pour des lanternes.
Pour Bernard Dugué :
Dix ans dans ce milieu ne vous ont pas suffi pour constater la vraie passion qui y existe. Si "ambiance mortifère" il y a, elle vient de la lassitude et du dépit que les chercheurs ressentent devant les attaques incessantes qui leur sont faites, sans qu’ils comprennent toujours très bien pourquoi. Personnellement, cela fait 35 ans que je m’éclate, passez-moi l’expression, à faire de la Science, mais -heureusement- un peu moins que je me désespère de voir la recherche scientifique française en général et le CNRS en particulier, au centre d’un jeu de massacre dont, c’est certain, la SCIENCE ne sortira pas indemne.
Je ne sais pas s’il y a une structure dominatrice et mandarinale, mais il est clair qu’un certain nombre de mandarins ne sont pas pour rien dans ce qui se passe aujourd’hui. Il ne faut simplement peut-être pas généraliser.