« Tu n’as pas encore compris que c’est le système qui te les accorde, comme une aumone, ta gamelle, ton biotope (qu’il est en train de bousiller sévère, d’ailleurs), et le fruit de ton travail ; comme ceux de tout le monde ? »

Si, si, j’ai très bien compris. Mais il me permet, par exemple, le système, d’accéder à des produits qui, dans les régimes auxquels tu aspires, sont réservés à ce qu’on appelle la Nomenklatura. Je considère donc que c’est une vraie chance, puisque de ces produits (foie gras, langouste, huître, truffe, charolais, cèpes, saumon fumé, etc.), il n’y en aura, de toute façon, jamais assez pour tout le monde.

Ce qui fait que l’aumône que me concède le système suffit déjà à faire de moi un privilégié. Or, les abrutis dans ton genre, doté d’un hyper gros cerveau pas formaté, prétendent me retirer mon statut au nom de je ne sais trop quels principes imbéciles, quelles « valeurs » aberrantes et quelles stupides solidarités à l’égard d’improbables Martiens, qui seraient bien en peine de dire en quoi consiste un tournedos Rossini.

Et en échange de quoi, ce retrait de statut de privilégié, s’il te plaît ? Il me semble que la question soit rarement posée. Encore une fois, même si ça ne sert à rien, je te suggère de bien réfléchir avant de répondre.

« A moins que tu ne fasses partie des prédateurs qui s’en gavent ? »

Je m’en gave quand même et ça suffit amplement à mon bonheur. Même si j’aimerais, je suis en veine de confidence ce matin, avoir un « budget » grands crus sensiblement plus étoffé. 

 « Auquel cas, effectivement, tu peux commencer à te faire du souci, et à garer tes miches ; ce qui ne sera que justice !  »

Je suis mort de trouille. Et le fait d’être un assez bon tireur ne me rassure qu’à moitié… Les lois de la République sont plus favorables aux envahisseurs qu’aux assiégés, il faut dire ce qui est !