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Commentaire de Alain Michel Robert

sur Mouvement perpétuel : si c'était vrai ?


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Alain Michel Robert Alain Michel Robert 25 octobre 2008 11:32

Bonjour Cofféri,

J’attendais que votre article ne soit plus en première page pour vous écrire. On est plus au calme pour parler une fois que la tempête est passée.

Je comprends votre désarroi concernant cette pluie acide qui s’est abattue sur votre article et je pense que vous êtes encore plus à même aujourd’hui de mesurer la pertinence de Saint-Exupéry lorsqu’il disait qu’on ne voit bien qu’avec le coeur et que l’essentiel est invisible pour les yeux.

 À votre décharge, il faut admettre qu’il manque dans les rubriques d’Agoravox celle que nous pourrions appeler « Coup de coeur ». Vous avez mis la vôtre dans « Tribune libre  » et beaucoup de vos détracteurs n’ont ni vu ni entendu qu’il ne s’agissait pas d’un article scientifique mais d’un hymne à la poésie.

L’oeuvre d’Aldo Costa s’apparente à celle d’un « Facteur cheval » ou d’un « Petit Pierre » dont le manège est encore visible au musée de l’Art brut près d’Auxerre.

Ce qui compte dans votre article ce ne sont pas les lois de la thermodynamique, c’est que vous avez eu la joie, rare, de rencontrer un Homme. Diogène a passé sa vie dans son tonneau pour la même quête.

Oui, ce n’est ni un scientifique ni un mécanicien que vous avez rencontré : c’est un poète. Alors, comme vous avez pu, avec vos mots à vous, vous avez essayé de transmettre la joie de cette rencontre qui est donnée quelquefois, par hasard ou par grâce, aux coeurs purs et aux âmes bien nées.

 
Alors, bien sûr, on peut toujours dire justement que, scientifiquement, la roue d’Aldo Costa ne tient pas la route puisqu’il faudrait pour qu’elle fonctionne non pas qu’elle soit plus grande comme il le pense, mais qu’elle soit infinie. Il aurait fallu, peut-être, qu’il construise sa mécanique non pas à partir d’une roue mais à partir du ruban de Möbius… ce qui est mécaniquement impossible.

 

Mais ce n’est pas ça qui compte. La science nous permet de comprendre le monde, mais la poésie, elle, nous permet de le respirer… Ce n’est pas de comprendre quelqu’un qui nous fait l’aimer, c’est de le croire. Aldo Costa n’est peut-être pas, dans l’état actuel de nos connaissances, crédible scientifiquement, mais peu importe puisqu’il a tenté quelque chose dans sa vie et que ce quelque chose il l’a construit de ses mains.

Nihil intentatum nous dit le proverbe latin, rien ne doit rester intenté, ce qui compte c’est n’est pas tellement de prouver ou de réussir : c’est d’avoir tenté… Ce qui compte vraiment dans votre article ça n’est pas de savoir qui a plus tort ou qui a moins raison, c’est que vous ayez tenté de redonner au plus grand nombre ce que vous avez ressenti au contact de l’œuvre d’un Homme.

 

 Vous dites, dans un de vos commentaires : « …oui, je suis maintenant un martyr un paria, un ridicule ! tout à la fois charlatan, escroc, ignare, déconnant, romancier à deux sous, belle leçon d’humilité pour moi ... I will survive… »  
L’art véritable n’est jamais glorieux, il est toujours lamentable… c’est là que se cache, invisible aux yeux de ce monde-ci, la béatitude des martyrs…

 
J’ai été heureux de vous lire, parce que derrière vos mots il y avait un Souffle, un Chant faible qui n’est vraiment audible  qu’à ceux  qui ont des oreilles pour entendre et des yeux pour voir.  Vous possédez, peut-être sans le savoir vous-même, cette capacité de voir les moutons à travers les boîtes.

 

«  Dessine-moi un mouton ! 
(…)
Je dessinais une boîte avec trois trous d’aération et lançais : « Ca c’est la boîte, le mouton que tu veux est dedans. »
Le petit prince répondit : « C’est tout à fait comme ça que je le voulais. »

 

 

Bon week-end

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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