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Commentaire de ZEN

sur Crise financière : humbles conseils aux puissants et bien-pensants...


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ZEN ZEN 25 octobre 2008 19:35

Merdum,ça marche pas...Je reproduis une partie de son discours iconoclaste :

LaTribune.fr - Nassim Nicholas Taleb : "Plus la finance est mathématisée, plus c’est du baratin" 			 			 			 			 Nassim Nicholas Taleb : "Plus la finance est mathématisée, plus c’est du baratin" 			 			 			 									

Votre ouvrage "le Cygne noir" est assez distrayant. Parfois un peu méchant. Quels enseignements peut-on en tirer ?
L’enseignement numéro un est d’identifier les situations dans la vie où on a tendance à être le dindon de la farce. Vous connaissez peut-être l’histoire de la dinde et du boucher. Pendant mille jours, la dinde va être nourrie tous les jours. Le mille et unième jour, juste avant Noël, ou Thanksgiving pour les Américains, la dinde ne sera pas nourrie. Cela sera une surprise pour la dinde, mais pas pour le boucher. Je voudrais éviter d’être la dinde, ou plutôt me rapprocher de la connaissance du boucher. Nous avons en nous un mécanisme qui nous rend particulièrement dupe devant un monsieur qui porte un habit. Quand on regarde l’histoire de la médecine, on s’aperçoit que l’Académie a été la plus dangereuse pour les patients, pas les petits chirurgiens qui accompagnaient les soldats. Personne n’a osé contester l’autorité du grand médecin en habit qui ordonnait des saignées.

En tant qu’ancien praticien des marchés, avez-vous aujourd’hui identifié des hommes en habit dans la finance ?
En numéro un, les économistes. Les standards scientifiques des économistes sont tellement faibles que leurs papiers ne sont généralement pas réplicables. Cela va de pair avec les gens qui font du risque mathématique, qui appliquent des méthodes d’ingénierie mathématique aux risques des marchés. Ils pensent pouvoir donner une mesure de risque comme on mesure une température, et ils sont convaincus de la pertinence de leur modèle. Votre grand-mère pourrait faire aussi bien sur les mêmes instruments financiers !

En décembre 2007, l’Ecole supérieure de commerce de Paris vous a engagé pour parler devant le comité exécutif d’une grande banque française. Vous ne voulez pas la nommer, mais ses couleurs sont rouge et noir. Que s’est-il passé ?
J’ai exposé ma thèse, puis j’ai demandé à l’assistance, au comité exécutif combien d’entre eux utilisaient les méthodes charlatanesques comme le ratio de Sharpe et la valeur en risque ("value at risk"). Ils ont presque tous levé la main. Après leur avoir donné mon avis, j’ai senti une certaine hostilité envers ma personne. On voyait facilement qu’ils pensaient maîtriser leur risque. C’est le symptôme classique d’une organisation qui ne comprend pas ses risques. Lors du dîner, personne ne voulait s’asseoir à côté de moi.

Quand on lit les rapports annuels des banques, on découvre 5, 10, 15 pages, voire plus, d’explications sur le contrôle des risques. Est-ce du baratin ?
C’est du baratin. Quand vous avez un fort effet de levier, si vous basez vos risques sur des méthodes scientifiques, c’est du baratin. Plus la finance est mathématisée, plus c’est du baratin. Moins c’est prestigieux, moins c’est du baratin. La comptabilité, ce n’est pas du baratin. La statistique financière, c’est du baratin. Les gens ne le perçoivent pas car, pour faire des statistiques financières, il faut porter un habit.

Pourtant, certains chercheurs ont formalisé le contrôle des risques...
Ce sont plus que des charlatans, le premier d’entre eux étant Harry Markowitz. J’ai montré que tout ce qui dépend du calcul d’inspiration gaussienne ne marche pas. Je l’ai dit en 1998 (crise financière russe, après la crise financière asiatique), et je l’ai redit depuis : Harry Markowitz et Myron Scholes sont des charlatans.

Existe-t-il des méthodes permettant aux banques de contenir le risque ?
Oui. Avant le krach de 1987, les gens étaient plus prudents et pragmatiques. Ils ne se basaient pas sur des estimations d’événements rares, et cela marchait très bien. En 1987, on a commencé à donner aux traders des méthodes basées sur une évaluation des probabilités. En octobre, on a eu un krach. Par la suite, Markowitz a reçu le prix Nobel et cela a renforcé sa crédibilité. Le problème aujourd’hui est que sa théorie du portefeuille est enseignée à 150.000 personnes chaque année. Par ailleurs, dans les universités, ceux qui enseignent ne sont pas des praticiens de marché. Vous obtenez une situation où un prof de 35 ans enseigne Markowitz à des étudiants parce que c’est plus facile que de passer par une approche empirique.

Faut-il tout jeter dans l’enseignement financier ?
L’Europe est mieux lotie que les Etats-Unis, car on y apprend encore l’économie politique, qui est un enseignement basé sur des choses pratiques. Certains enseignements basés sur le calcul probabiliste du risque sont à jeter, et cela représente 80 % de la finance moderne. En revanche, il faut conserver l’enseignement concret de la comptabilité.

Comment qualifier la gestion des risques dans les banques ?
C’est un mirage. Les gens font des projections théoriques à partir d’événements qui doivent n’avoir lieu que tous les mille ans ou les dix mille ans, alors que la finance moderne n’a que quinze ans d’existence ! Dans les produits dérivés, 90% du compte de résultat d’un trader peut être réalisé en un jour. Les banques ont 2 comptes de résultat : celui qui vient de la marge d’intérêt du compte courant de votre belle-mère et celui qui vient de la gestion du risque. En 1982, les banques américaines ont perdu en un seul mois tout l’argent gagné dans leur histoire. Elles l’ont encore fait en 1990-1992 et elles viennent de perdre 1.400 milliards de dollars, soit beaucoup plus que ce qu’elles ont gagné au cours de toute leur histoire...

Les méthodes mathématiques de calcul des risques ont-elles des propriétés aveuglantes ?
La chose la plus dangereuse que j’aie découverte auprès des banques est que plus un établissement possède de risk-managers mathématiques et plus il est en risque. Comme ces méthodes ne marchent pas, les gérants vont quand même se sentir à l’aise parce qu’ils auront l’impression d’avoir quantifié le risque. Je démontre dans mon livre que lorsqu’on donne un chiffre à quelqu’un, il se sent automatiquement à l’aise. Or, si vous n’êtes pas sûr de ce chiffre, vous allez causer une montée de la prise de risque de cette personne qui ne sera pas compensée par le chiffre que vous lui avez donné....."



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