"Ce forum est un espace de débat civique et civilisé"
Je commencerai par remercier tous ceux qui dans ce "débat" ont adopté jusqu’ici une attitude civique et civilisée, mais comme ce n’était déjà pas le cas sur l’Agora d’Athènes, il semblerait qu’une telle attitude ne puisse indéfiniment être respectée par tout le monde.
Connaissant pour ma part assez bien la question, et les détails d’une partie du drame qui a abouti à l’acte tragique de Marie-Claude Lorne, je me suis toujours refusé à entrer dans la mêlée et à jeter des anathèmes sur tel ou tel des acteurs de ce sinistre drame. Je tiens par ailleurs, comme d’autres, à laisser une part d’interrogation sur le motif d’un suicide, d’autant que je n’ai pas eu connaissance du mot laissé par Marie-Claude, ce qui ne veut pas dire que j’en conteste a priori le résumé que d’autres en font.
Les obsèques de Marie-Claude auront lieu ce jeudi matin et je ne pourrai m’y rendre : j’ai appris bien trop tard la date et l’heure pour qu’il me soit possible de faire le trajet depuis Brest et d’être à Versailles ce matin. Ma pensée va à ses proches et amis qui ont connu l’angoisse puis l’affliction depuis maintenant plus d’un mois.
Pour honorer sa mémoire, je souhaiterais en appeler à une seule exigence, celle de la vérité, qui se distingue de l’opinion, du pseudo-savoir, de l’ignorance triomphante. L’ayant côtoyée une année durant au sein du département de Philosophie que je préside, j’ai eu le temps sinon de la connaître, du moins de percevoir chez elle ce persistant désir du vrai qui, en principe, anime toute personne concernée par la philosophie.
Je tiens donc, sans esprit de vengeance ou goût du sang, à rétablir quelques vérités factuelles, dans la mesure où je les connais sans risque de me tromper :
— A l’Université de Brest (UBO), il n’y a pas une UFR de philosophie, mais un simple département, appartenant à l’UFR Lettres et Sciences Humaines. J’ai l’honneur de présider ce département, je puis donc attester qu’aucun collègue n’y règne en "tyran" comme j’ai pu le lire plus haut, sauf à supposer que je sois ignorant de celle-ci ou pire, son complice. Je précise qu’au moment de rédiger, en tant que Président du Département, un rapport sur les activités d’enseignements de ma collègue, je n’ai subi aucune pression d’aucune sorte et que les mots que j’ai employés sont tous de ma plume.
— Concernant la procédure, je n’ai pas qualité à rendre compte du déroulement d’une commission de spécialistes dont je ne suis pas membre. Je suis en revanche tout à fait en mesure d’affirmer que la décision prise consistait, contrairement à ce qu’on peut lire ou entendre, en une prolongation de stage pour un an, et non pas en un renvoi définitif. Je n’ai aucune raison de formuler une quelconque hypothèse sur le rapport entre cette décision de prolongation de stage et les conclusions que Marie-Claude en a tirées. Les faits, tragiques, sont là, ils parlent d’eux-mêmes sans que je me sente aucune compétence particulière pour donner un avis.
— Compte tenu des informations dont je dispose, je puis confirmer que Marie-Claude Lorne disposait du délai légal (qui commence à courir au moment de la réception de la notification de la décision de la commission) pour faire appel de cette décision devant le Conseil d’Administration de l’Université, et qu’elle avait entamé des démarches et pris des contacts en ce sens. J’étais informé de ces contacts et m’en voudrai toujours d’avoir hâtivement considéré qu’ils aboutiraient de manière normale.
— Le Département de Philosophie, étudiants comme enseignants, a ressenti ce drame avec une grande acuité et pour ce que j’en sais, une grande dignité. A ce jour, il nous a été tout simplement impossible d’entrer en contact avec la famille de Marie-Claude et j’espère, à titre personnel, que cela pourra se faire prochainement.
Voilà pour ma part de vérité. Je ne puis cependant terminer ce message sans attirer l’attention des participants à cette discussion sur une dérive grave et à mes yeux encore plus détestable qu’elle finit par rejoindre ce qu’elle prétend dénoncer. En effet, les derniers messages publiés constituent ce qu’il faut bien appeler une chasse à l’homme, une chasse aux sorcières, un jugement complètement arbitraire d’autant plus facile à rendre que ceux qui l’expriment le font à partir de simples "on-dit" et le plus souvent sous couvert d’un anonymat bien confortable. Ce goût atroce du grand déballage et de l’anathème public fait monter en moi un immense dégoût, surtout quand il ose porter le masque des "bons sentiments" ou de la "noble colère". C’était pour éviter qu’on en vienne à de telles bassesses, complètement indignes de toute forme de philosophie, que j’avais souhaité jusqu’ici garder le silence. Cela ne me paraît plus possible aujourd’hui, la vindicte publique s’érigeant en Accusateur au-dessus de tout devoir de décence, mais, désolé pour ceux qui n’attendent que ça, je ne dirai jamais rien qui puisse intenter à l’honneur ou à la réputation d’un quelconque "acteur" de cette si dramatique histoire.
Je rendrai compte de mes interventions devant le Conseil du Département de Philosophie, devant la directrice de mon UFR et devant le Président de mon Université, que je soutiens par ailleurs dans toutes les démarches entreprises jusqu’ici en rapport avec cette "affaire".
Matthieu Gallou
Président du Département de Philosophie
Université de Bretagne Occidentale (Brest).
11/07 22:18 - Lucadeparis
Je m’interroge sur une formation en philosophie qui amène au suicide par la frustration (...)
10/01 15:15 - Nouffa
Bonjour, un rapide coup d’oeil montre que la thèse n’est pas (...)
07/11 21:56 - Alexis Charcossey
A Pierre , bonjour à vous , Je trouve que vos critiques sont particuliérements (...)
05/11 15:55 - Bernard Dugué
Où sont passés les commentaires ? A lire cette mise au point
03/11 10:48 - barbouse
bonjour monsieur dugué, bien que majoritairement peu d’accord avec vous sur (...)
03/11 08:08 - frédéric lyon
Celà étant dit, je pense que tout le monde pourra ressentir, comme certains l’ont (...)
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