Je me rappelle quelques jours après la chute du Mur et le putsch en Russie, une excellente discusion avec un vieil ami, communiste repenti, autour d’un bon bourgogne... Il me disait : les événements actuels sont à interpréter avec la grille marxiste, l’opposition dialectique, tu vois, le communisme soviétique et le capitalisme sont arc-boutés l’un sur l’autre. Aujourd’hui, le Mur s’écroule, et dans vingt ans, tu verras, le capitalisme s’écroulera sous sa propre poussée interne, puisqu’il n’y a plus rien en face pour le contrer.
Et c’est un peu ce qui se passe. En France, la gauche s’est adosée à un marxisme mou, tout en épousant le marché (et en le critiquant quand même, mais pas trop : voir les polémiques autour du mot "libéral" utilisé par Delanoë), et elle se retrouve sans épine dorsale. Donc muette. Comment critiquer le capitalisme fou, quand c’est un socialiste (Beregovoy, sous présidence Mitterrand) qui autorisa les marchés dérivés en France ? Du coup, un reliquat gauchiste contestataire renaît de ses cendres, devant le vide sidéral de la gauche "institutionnelle", c’est le NPA, une variété trostkiste un peu démodée de la lutte contre le Kapital. Démodée, mais connaissant un certain succès. Au milieu de rien, ce qui pousse se voit mieux.
Le Centre : vieille idée française, le fameux "juste-milieu" entre la Gauche marxiste et la Droite... euh bien droite. Bayrou (que j’aime bien, soyons honnête) n’est jamais qu’un ancien apparatchik de droite, qui récupère les restes des multiples partis centristes de la IVe, qui monnayaient leur votes à chaque changement de gouvernement, soit tous les quinze jours). Quelle autre légitimité peut-il tirer de sa position ? Leader des restes du parti de Giscard ?
Finalement, face à cet écroulement capitalistique, quel discours tenir ? Eh, pas facile... Disons que tout s’’effondre, et qu’il va renaître de nouveaux mouvements, de nouvelles idées autour de ce qui reste, qui est à proprement parler une nouvelle donne. Sarkozy lui-même n’est que le résultat démagogique de la dernière poussée du Capital, il tombera avec le reste.
Mais pour être remplacé par qui ? Ou par quoi ?