j’ai longtemps vécu à Lomé et au Togo en général. Et au Togo comme partout dans l Afrique de l Ouest force nous est de constater que depuis les indépendances -1960- dont on va fêter bientôt le cinquantenaire- l’Afrique a regressé en terme de santé - age moyen passé de 62 à 55- mortalité infantile, illettrisme,nutrition, hygiène, et même souvent en terme d’infrastructures ( bâtiments scolaires, hospitaliers, etc..).Ca, c est le constat. Indéniable. Maintenant il faut expliquer le pourquoi. Et commencer par le commencement : les indépendances. Dire qu’il y a eu luttes de libération, que l ’indépendance était vécue comme une nécéssité vitale par les pays est tout simplement faux. L ’indépendance correspondait plus aux necessités et transformations du capitalisme au centre qu’aux vertus militantes de la périphérie. Du moins pour toute l Afrique sahélienne. Bien sur nous ne parlons pas de l Algérie ni de Madagascar mais du Sénégal du Togo Mali Haute Volta etc...Le petit pas de coté de Sekou Toure, qui dit non à la communauté, correspondait ,peut être, à une volonté plus affirmée d’indépendance d’une minorité de la bourgeoisie nègre mais on sait qu’elle a vite baissé les bras et s’est transformé ici comme ailleurs en nomenklatura, en caste possédante ,en bourgeoisie d ’état - dépendant de l’ Etat pour assoir et développer son pouvoir-.
C’est ce que vous racontez quant au Togo. La main mise par les militaires et une caste sur les richesses du pays, sur le travail du pays, sur les aides, et ce dans des proportions infiniment plus lourdes que l’accaparemment colonial . Si le colon exploitait l Afrique il le faisait avec plus de nuances et de contre-parties que ces militaires et castes autochtones venus au pouvoir après les indépendances. D’autant que l’exploitation des ex colonies par la France, et en général les puissances colonisatrices, n ’avait pas cessé mais juste changé de forme . La mise en forme de l’échange inégal - la fixation des prix- suffisait à la France pour exploiter l Afrique sans avoir à payer les frais d’une administration voire même d’une armée de sécurisation des biens. Les castes au pouvoir, aujourd’hui et maintenant permettaient et encourageaient cette forme d ’exploitation. Elles servaient de média, de passeurs, de proxénètes en quelque sorte et se payaient au passage.