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Commentaire de Moonz

sur L'échec des « trucs en -isme »


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Moonz 4 novembre 2008 20:12

> Certains libéraux parmi les plus extrèmistes (tendances lbertarianisme) sont convaincus que le fait de chercher un moyen d’améliorer l’accès des plus pauvres à un logement est responsable de la crise.

Mauvaise foi évidente (ou mauvaise compréhension, mais je n’aime pas insulter l’intelligence d’autrui ;)). Les « libéraux extrémistes » ne disent pas que chercher un moyen d’améliorer l’accès des plus pauvres aux logements est en soi générateur de crise ; ces « méchants extrémistes » disent juste que c’est la méthode démagogique (et, on est en train de le voir, éminemment dangereuse) utilisée pour arriver à cette fin qui est en cause (politique de crédit facile, démagogique parce que ça n’augmente pas les impôts, dangereuse car on sait (enfin, pas les hommes politiques apparemment) depuis 1929 que jouer avec les taux de crédit n’est pas une politique très avisée sur le long terme — le problème, c’est que tous les hommes politiques se foutent du long terme, espérant qu’il tombe pendant le mandat de leur adversaire).

Il y a une différence entre critiquer un moyen et critiquer la fin. En l’occurence, ce qui est critiqué, c’est le moyen.

Quant à la justesse du fait en lui-même... Il est indéniable que c’est un facteur qui a joué dans la crise, il est indéniable aussi que c’est ce qui a lancé la crise (faillite des institutions para-étatiques émettant les prêts « sub-prime »). Mais cette crise est la combinaison de multiples facteurs...

> Aujourd’hui, pour résoudre la crise financière ils se rappellent que l’État qu’ils vouaient hier aux gémonies, sait être bonne fille : ils en usent comme d’une vache à lait.

« ils », les libéraux ? Je crois que vous confondez « banquiers » et libéraux, c’est très (très) loin d’être équivalent :)

> sans interventionnisme démocratique de l’État non corrompu par les puissants, la société dérive vers l’esclavagisme et le gâchis.

Cela me donne beaucoup de matière pour une seule phrase, je vais essayer de faire le plus court possible :)

Déjà, le sort d’une société sans État est franchement discutable ; les anarchistes (capitalistes comme socialistes) ne seront pas d’accord avec vous. Et ça pose la question : qu’est-ce que l’état ? Quelle est la limite entre minarchisme et anarchisme ? En répondant à la question qu’est-ce que l’état, cela donnera une indication pour la question plus importante pour « quel est son rôle » ? D’où tire t-il sa légitimité ? Comment éviter qu’il dépasse ses prérogatives ? De là, on en arrive aux questions centrales : si on commence à dire à l’état qu’il a la légimité pour se porter garant des bonne moeurs et « corriger » l’économie, où (et comment !) trace t-on les limites ? Autrement dit, si vous commencez à autoriser l’état à intervenir légèrement dans l’économie quand tout le monde dit que c’est bénéfique, qui l’arrêtera quand il chercher à intervenir parce que la majorité le pense bénéfique, puis quand il ira de plus en plus loin (après tout, il a déjà agi par le passé, il en a donc la légitimité !) jusqu’au capitalisme d’état à la URSS ? Qui l’arrêtera quand après avoir sévèrement contrôlé les lecteurs de Mein Kampf (ils sont immoraux, l’état doit se porter garant de la moralité), les « génétiquement potentiels pédophiles », puis les criminels financiers, il cherchera à contrôler les homosexuels, les syndicalistes, et les autres minorités jugées « pas très chrétiennes » (désolé) par la majorité ?

L’état a ceci de terrifiant que si vous lui tendez la main, plus rien ne l’empêche de vous manger le bras (pas le bras des honnêtes citoyens bien moraux bien pensant, bien entendu, mais des minorités décriées — que ce soient les trotskystes, les capitalistes, les homosexuels ou les lecteurs de Mein Kampf). D’où la position minarchiste de pas mal de libéraux (dont moi). Seule une constitution limitant sévèrement les pouvoirs de l’état peut éviter les dérives, on ne peut compter ni sur les hommes politiques, ni sur la bienveillance de la majorité (qui a une fâcheuse tendance à accueillir à bras ouverts les hommes politiques qui leur apportent un bouc émissaire : les juifs dans l’allemagne nazie et les spéculateurs dans les démocraties modernes). Pour les anarchistes, même une telle constitution n’est pas assez.

Au niveau de la corruption, je pense que c’est inhérent à l’interventionnisme (à moins de sur-payer les fonctionnaires). Comment en serait-il autrement quand un simple fonctionnaire peut faire gagner des millions à un entrepreneur en signant un bout de papier ?


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