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Commentaire de E-fred

sur La bataille du rail, de Tarnac à Davos...


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E-fred E-fred 15 novembre 2008 09:44
Sabotage : « Sans coupables,
la police en fabrique »
 
Propos recueillis par Aziz Zemouri (Figaro Magazine)
13/11/2008 | Mise à jour : 15:13 |
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Commentaires 95

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INTERVIEW - Sébastien Schifres est doctorant en science politique et militant du mouvement des « autonomes », classé à l’ultra-gauche, auquel sont soupçonnées d’appartenir les dix personnes gardées à vue en lien avec les sabotages de caténaires à la SNCF. Il dénonce des arrestations sans « aucun élément matériel ».

Connaissez-vous certains des interpellés ?

Pour le moment, la seule personne dont l’identité a été rendu publique c’est Julien Coupat (ancien de l’École des hautes études en sciences sociales et fondateur de la revue Tiqqun, ndlr). C’est un ami à moi qui a souvent été à mes côtés dans le mouvement étudiant. Je suis scandalisé des accusations que la police ose porter contre lui. Aujourd’hui, un intellectuel est en garde à vue pour ses idées. Il n’y a aucun élément matériel pour appuyer la thèse de la police. Et évidemment, quand la police ne trouve pas de coupables, elle les fabrique. En Julien Coupat elle a donc trouvé un faux coupable sous prétexte qu’il a écrit dans une revue révolutionnaire. Michèle Alliot-Marie prétend défendre la démocratie, mais le capitalisme n’a jamais été un régime démocratique.

Vous faites partie du mouvement des « autonomes », qu’est-ce que c’est ?

Il y a aujourd’hui en France des gens qui pensent que Mai 68 ce n’est pas fini et que ce n’est pas en votant pour Olivier Besancenot que l’on fera la révolution. Le mouvement autonome est une tendance du mouvement libertaire qui est apparu en France à la fin des années 70. A la différence des anarcho-syndicalistes qui considèrent que la lutte contre le capitalisme doit s’organiser dans les syndicats, les autonomes préfèrent s’organiser dans des collectifs informels, sans existence légale.

Vous avez vous-même participé à des actions, notamment l’occupation de l’EHESS en 2006. La violence est-elle inhérente au mouvement ?

Les autonomes ne sont pas nécessairement violents. Généralement, la violence vient plutôt de la police comme on l’a vu à Gênes avec la mort de Carlo Giuliani, ce manifestant tué par balle par la police italienne. La plupart des actions des autonomes sont aujourd’hui des actions non-violentes du type manifestation, occupation, ou piquets de grève.

Pourquoi ne pas faire de la politique dans des mouvements légaux ?

Le fait de s’organiser en dehors des structures légales est une question de cohérence révolutionnaire : c’est l’idée que la révolution ne peut se faire à l’intérieur d’un cadre légal. Si un révolutionnaire authentique était élu Président de la république, en admettant qu’il veuille sincèrement mettre fin au système capitaliste, je pense qu’il serait renversé par un coup d’Etat militaire.

Etes-vous hostiles à la démocratie parlementaire ?

Les lois ne sont pas faites pour défendre l’intérêt général. Elles sont faites pour défendre les intérêts de la bourgeoisie. Comme ces lois ne peuvent être changées par un processus légal, on ne peut les changer que par un rapport de forces. Or, ce rapport de forces est nécessairement illégal. Il n’existe pas dans l’histoire d’exemple de révolution qui se soit faite en respectant un processus légal. Pour ces raisons, le mouvement autonome est contre la démocratie représentative car il la considère comme une dictature. De mon point de vue, la seule véritable démocratie c’est celle que pratique le mouvement social : c’est la démocratie directe des assemblées générales.

Historiquement, le mouvement autonome est l’expression de cette démocratie directe née en Italie dans les assemblées ouvrières. Pour ma part, c’est cet engagement pour la démocratie directe qui fonde ma participation au mouvement autonome, dans une perspective autogestionnaire à la fois communiste et libertaire.

Vous avez rédigé une thèse sur le mouvement autonome en France de 1976 à 1984. Le mouvement autonome actuel a-t-il des similitudes avec celui des années 1970 ?

D’une certaine manière, à travers le mouvement des squats et le mouvement étudiant, le mouvement autonome d’aujourd’hui est à mon avis assez similaire à celui des années 70. Cependant, il faut reconnaître que depuis les années 90 les autonomes ont abandonné le recours à la violence militaire. Les hold-up, les attentats à l’explosif, la violence systématique, tout ça c’est terminé ! C’est une question de génération. Entre-temps, la société française a été largement pacifiée. En particulier, on a aboli la peine de mort et le service militaire. Le contexte international a également profondément changé. Les années 70 c’était encore la guerre froide, l’époque de la RDA. La Grèce, l’Espagne, et le Portugal étaient encore des Etats fascistes. L’un des premiers groupes autonomes, le MIL (Mouvement Ibérique de Libération), avait d’ailleurs été fondé par Jean-Marc Rouillan pour lutter contre le régime de Franco en Espagne. Donc le contexte a profondément changé.

Le mouvement a-t-il jamais cessé d’exister ? Pourquoi refait-il parler de lui aujourd’hui ?

Le mouvement autonome n’a jamais disparu même s’il a eu tendance à s’effondrer dans les périodes de repli du mouvement social, lorsque la gauche était au pouvoir. Depuis cinq ans, il y a donc une résurgence du mouvement autonome qui correspond au retour de la droite au gouvernement et à la reprise de l’agitation sociale. Mais si on en reparle aujourd’hui, c’est surtout parce que le ministère de l’Intérieur a décidé d’en faire une campagne médiatique pour se faire valoir.

 » L’ADN au coeur de l’enquête



 

Sabotage à la SNCF : les neuf gardés à vue déférés au parquet samedi

Il y a 15 heures

PARIS (AFP) — Les neuf jeunes en garde à vue après les dégradations de lignes TGV vont être déférées samedi matin, a annoncé le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, qui a décidé vendredi d’ouvrir une information judiciaire pour des faits de terrorisme.

Parmi ces neuf personnes, formant un cercle qui s’est lui-même baptisé "cellule invisible", le procureur a distingué au cours d’une conférence de presse "deux groupes" selon leur degré d’implication présumé.

Le premier, une sorte de "noyau dur", est composé de cinq personnes soupçonnées d’avoir eu un rôle dans les sabotages de caténaires, a précisé M. Marin.

Son chef présumé, un homme de 34 ans est soupçonné d’avoir "dirigé une structure à vocation terroriste", un crime passible de 20 ans de réclusion.

Avec lui, les quatre autres personnes de ce groupe (sa petite amie, deux femmes et un homme) "ont en commun d’avoir participé à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et d’être les auteurs de dégradations en réunion dans une perspective terroriste", délits passibles de dix ans d’emprisonnement, a affirmé Jean-Claude Marin.

Deux d’entre elles ont été aperçues à proximité des lieux d’une des dégradations en Seine-et-Marne dans la nuit du 7 au 8 novembre. Les trois autres ont été l’objet d’un contrôle routier près de deux autres sites dans l’Oise la même nuit. Le parquet a requis des mandats de dépôt à l’encontre des cinq.

Il compte requérir à l’encontre des quatre membres du second groupe (deux femmes et deux hommes) une mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Ces neuf personnes étaient sous surveillance dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 16 avril sur "les activités d’un petit groupe de jeunes gens versant dans la contestation violente", selon le procureur, qui avait ouvert lundi une enquête de flagrance après les dégradations.

"Ces deux enquêtes ne forment aujourd’hui plus qu’une procédure", a-t-il souligné.

S’il n’y a pas de preuve formelle, notamment ADN, de leur implication directe, les réquisitions de mise en examen formulées par le parquet signifient que celui-ci considère avoir des "indices graves et concordants" à leur encontre.

Dans cette perspective, ces neuf personnes, âgées de 22 à 34 ans, doivent être présentés samedi à des juges antiterroristes.

Cette "cellule invisible", formée vers 2002-2003, "se caractérise par une solidarité qui se centre dans la marginalité. Le Goutailloux (nom de la ferme de Tarnac en Corrèze où plusieurs d’entre eux ont été arrêtés, ndlr) est devenu le lieu de rassemblement, d’endoctrinement, une base arrière pour les actions violentes", a expliqué M. Marin.

Le procureur a également pointé "l’internationalité de leur action", faisant valoir qu’"il apparaît à l’évidence des liens avec des cellules équivalentes agissant en Allemagne, en Grèce, en Italie et aux Etats-Unis".

Pour le procureur, l’action de ce groupe revêt un caractère terroriste parce que "le but de leur entreprise est bien d’atteindre les institutions de l’Etat et de parvenir par la violence -je dis bien par la violence et non pas par la contestation qui est permise- à troubler l’ordre politique, économique et social".

Il a également détaillé le parcours du chef présumé du groupe, désigné par l’un des gardés à vue comme l’auteur de l’ouvrage "L’insurrection qui vient" légitimant les attaques contre le réseau ferré.

Issu d’une famille aisée, cet ancien élève d’une "prestigieuse école de commerce a changé radicalement d’orientation" pour "s’ancrer dans l’action violente et la conception de cette cellule invisible".


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