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Commentaire de easy

sur La pauvreté est-elle une fatalité ?


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easy easy 20 novembre 2008 14:46
 
Merci pour ce beau sujet Monolecte,

Je vais partir de là et dériver largement en conservant un lien. Je vais m’y efforcer en tous cas

Très tôt, il est apparu que celui qui savait (où se trouvait une grotte, une source, un gibier, une plante médicinale..) avait un avantage sur ceux qui ne savaient pas.
Très tôt, il est apparu que le savoir offrait le pouvoir (et si les parents poussent leurs enfants à l’école ce n’est pas pour autre chose)
Que le savoir ait eu une forme ésotérique, orale, ou scientifique, il a toujours été attendu de lui qu’il livre le pouvoir.
Ce qui est vrai pour une part directe. Savoir où se trouve une source pour aller s’y abreuver est un avantage indiscutable. Mais par extension, passer pour un sourcier est devenu également un avantage. De sorte qu’il s’est crée après l’économie autour du prélèvement de l’eau de source, une économie autour du savoir de sourcier.
Il y a la chose et il y a toutes des transcendances qui dansent autour de la chose et ces transcendances génèrent toute une activité, toute une économie.

Il y a le forgeron qui a le savoir-pouvoir d’extraire le bon minerai pour forger le bon katana. Il y a l’activité générée directement par ce travail de forge. Et autour, il y a mille grenouillages discutant très savamment de la valeur du sabre, entretenant ses transcendances et faisant que de 50 000€ en sortie de forge, l’œuvre va circuler dans la haute bourgeoisie à 500 000€. Le boulot du forgeron s’est arrêté à la cote 50 000 et c’est le travail des autres qui a fait le reste (Idem pour un Van Gogh bien entendu)

Lorsque Darwin nous a ramené plein de bestioles et de plantes de son voyage, il a activé fortement le scientisme naissant de l’époque. Il s’est créé une économie directe (des salaires de chercheurs, des investissements en locaux, des éditions de livres...) et à la suite de ce "vent" une mayonnaise a pris et des milliers d’autres activités se sont greffées dessus, chacune avec son lot d’immanences et de transcendances. Un des derniers avatars de cet élan que nous devons à Darwin, étant l’écologie. Ecologie devenue de plus en plus scientifique, bourrée de transcendances concurrentielles et cherchant constamment à prendre racine sur le terrain pour générer une économie directe et concrète (la cuisine bio en étant un exemple)

Il n’est donc pas étonnant que l’économie soit devenue elle aussi affaire scientifique, que la connaissance de cette matière soit devenue synonyme de pouvoir et que le seul activisme autour de cette source ait généré une économie secondaire ou aval

Est-il surprenant ou révoltant qu’une économie secondaire finisse par représenter plus en valeur et en volume que l’économie source ?
C’est en tous cas souvent le cas.

Et s’il est vrai que celui qui connaît l’économie ne peut strictement rien sur elle, il peut néanmoins en vivre en dissertant dessus, pourvu qu’il en parle bien et qu’il donne l’impression que son savoir le rend éclairé, inspiré, efficace et donc utile...quelque part... ne serait-ce que pour poser de beaux mots sur nos maux.

Les avocats, les astrologues et les astronomes ne font pas autre chose.

De là, la question de la pauvreté paraît superfétatoire. Autant elle est cruelle et insupportable pour ceux qui la vivent. Autant elle découle directement du savoir-pouvoir.

Il m’apparaît que tant qu’il existe une formule de société dans laquelle il est offert à tous les enfants des conditions d’accès au savoir-pouvoir à peu près égales, tant que l’on s’efforce de réaliser cette égalité de départ, l’essentiel égalitaire est fait. Une fois cette égalité de départ à peu près donnée, ce qui en résulte ne dépend plus que des qualités propres à chacun, en tout Darwinisme bien compris.
Dans une Nature où règne le principe de la compétition, j’imagine mal comment faire de l’Homme un non compétiteur.

Reste tout au plus à débattre entre compétition absolue et compétition relative ou modérée.

La question qu’on devrait se poser c’est non pas "pourquoi la société n’est-elle pas plus juste ?", mais "pourquoi n’est-elle pas bien plus dure ?"
Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce que tous les enfants aient accès aux mêmes écoles du savoir-pouvoir.
Pourquoi avons-nous aboli l’esclavage absolu ?
Et là, on pourrait bien retrouver encore Darwin et ses suites.
Car si depuis Darwin nous avons pris conscience du principe de compétition, nous avons également réalisé que le talent n’était pas forcément génétique ou réservé à une caste.
Depuis Darwin, nous avons à accepter à la fois que de n’importe quel enfant peut avoir du talent (ou être talentueux pour brocarder la stérile polémique entre AVOIR et ETRE) et qu’il doit exercer son avantage. C’est probablement de là que nous est venue l’idée que tous les enfants doivent disposer, peu ou prou, du même tremplin




Reprenons le cas d’un Tournesol de Van Gogh. Cet artiste a fait sa part de boulot, dans un contexte donné et pour un résultat donné (pas fameux en l’occurrence, en terme de misère matérielle)
Si de nos jours ce tableau vaut des millions, Vincent n’y est strictement pour rien, la preuve, il est mort depuis longtemps. Ce sont les autres, ses admirateurs ou spéculateurs, peu importe comment on les qualifie, ce sont eux qui ont fait la plue-value de l’oeuvre. 
Alors, un ouvrier charpentier fait ce qu’il peut pour valoriser son travail et il peut peu puisqu’il n’est payé qu’une misère. Si après lui, quelqu’un s’avère capable de revendre la maison une fortune grâce à diverses argumentations, c’est cet autre qui aura réalisé la plus value. Je n’y vois pas d’injustice (sinon celle qui fait des gens plus habiles que d’autres pour s’enrichir sans suer ni s’abîmer le dos)

Ce sont les milliards de pauvres ou quasi pauvres qui achètent les Wii, les Harry Potter, les Triller, plasmas et autres GSM, faisant la fortune de quelques talentueux qui, partant des mêmes chances que les autres, ont su créer une énorme plus-value là où leurs la plupart des gens ne savent pas faire grand chose d’extraordinaire.


Etre ordinaire, être de bibine, c’est cela qui est difficile et qu’il nous faut pourtant admettre. En attendant que nos enfants...
Et là commence un autre drame. Car plus il apparaît que seul l’enfant a toutes les chances, plus la pression parentale (parents échoués s’entend) est forte, abusive, insupportable.


Reste la question de ceux qui ne travaillent pas, même pour une misère. Pourquoi y a-t-il des chômeurs ?
Et bien parce que les plus talentueux d’entre nous, ceux qui savent monter des entreprises exploitant des milliers de quasi esclaves ne sont pas assez nombreux. A moins que ce soit parce qu’il y a bien 10% d’entre nous qui ne savent vraiment rien faire de bien, qui ne seraient même pas embauchés par leurs propres parents.

Sans blague, nous sommes infiniment plus souvent embauchés par des gens extérieurs à notre famille que par nos parents, qui connaissent trop bien nos...limites.
Pourquoi réclamons-nous du PDG de Renault qu’il nous embauche et à bon prix alors que notre père ne voudrait même pas nous confier la tonte de son gazon , notre mère le rangement de sa vaisselle ?











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