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Commentaire de Eloi

sur Capitaliste... anticapitaliste ?


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Eloi Eloi 21 novembre 2008 23:56

 > Plus bas vous décrivez un système pourvu de mécanismes concurrentiels qui poussent à une stabilisation du prix autour d’une valeur "optimale".

J’ai dit ça, moi ?

Prix du salaire, prix du capital

Oui, inflation par le crédit ou par l’émission de monnaie, ou suite à des destructions massives (guerre par exemple). Sûrement d’autre que j’ai oubliés. J’ai du mal à voir où vous voulez en venir. Et non, je n’ai pas esquivé le problème des "bulles" : les bulles financières sont justement le second symptôme des maladies précédentes.

Pour dire que les prix ne convergent pas vers un optimum, et donc qu’utiliser le libéralisme pour les fixer est inutile. Autant avoir une économie planifiée, une économie de "mesure scientifique", plutôt qu’une économie "de constat"

> Qui quoi qu’il arrive ne s’écrouleront jamais car si elles le font, elles emporteront avec elles des centaines de milliers d’emplois.

Je vois pas le rapport de cause à effet, mais soit.

Dans ce cas-là, une entreprise comme celle décrite ne se retrouvera jamais dans un marché libre. Avec les conséquences décrites plus haut, et donc le manque d’intérêt flagrant d’une économie libérale (dans ces cas-là) comparée à une économie planifiée.

Je me tue à vous dire que cette hypothèse (coût d’entrée nul) est uniquement présente dans la théorie néo-classique, qui n’est même pas spécialement favorable au libéralisme. C’est juste un joujou de matheux, que certains étatiste interprètent en "l’état doit s’assurer que les conditions sont remplies" et que certains libéraux interprètent en "il a été prouvé mathématiquement que le marché converge tout seul vers un optimum".

Qu’est la Vérité Vraie Libérale alors ?

 

Haaaa, l’empirisme... Sublime outil pour vérifier la validité d’une théorie... sauf que dans les sciences sociales, ça marche moins bien : les faits ne parlent pas d’eux-mêmes et s’interprètent à l’aide d’une théorie. Il suffit de voir la crise actuelle : au même fait, les économistes autrichiens mettent en cause une mauvaise politique monétaire (taux d’intérêt trop bas), les néo-keynésiens aussi mais à l’opposé (taux d’intérêts trop élevés), les communistes mettent en cause le capitalisme en entier, les anarchistes la connivence entre les affaires et la politique, les socialistes une insuffisance de contrôles. Et après, on nous dit "l’expérience tranchera"...

En ce cas on ne parle pas de théorie libérale et de "comme c’est beau tout cas" puisque c’est invérifiable. On en reste donc à des choses plus pratiques : on identifie un besoin de x GWh d’électricité, on construit x centrales nucléaires. Et si le plan n’est pas bien ficelé, coupures de courant, quotas trop faibles, on vote pour une autre équipe.

* Les taux directeurs des banques centrales sont un énorme signal du niveau de crédit "proposé". Proposé par le gouvernement.

Apparemment ils en ont trop proposé. Donc il y a eu une erreur. Pourquoi la concurrence pousse-t-elle à se plonger dans cette erreur ? manque de rationalité ? Suivisme ? Concurrence ? (je ne comprends toujours pas comment vous ne pouvez pas voir cette divergence qui fait que le prix du crédit ne parvient pas à se fixer de lui-même  ! Si le comportement empirique vient buter contre la limite, aussi basse soit-elle, c’est que le système ne parvient pas à fixer le prix !)

* Les hommes politiques qui leur promettent de les sauver, ça incite aussi à la prise de risque. Si je te dis "va au casino : si tu perds, je paie, si tu gagnes, c’est pour toi", tu seras plus ou moins prudent que si les pertes comme les profits étaient pour toi ?

Je suis d’accord. Si on vient les sauver c’est parce qu’ils sont trop gros, en situation de quasi-monopole et qu’ils n’ont aucune justification à être privées.

* Pour cette crise, il est intéressant de noter que c’est le gouvernement américain qui a masqué les risques sur les crédits immobiliers à faibles taux pour les populations pauvres, en mettant une garantie implicite du trésor dessus (cf Fannie Mae et Freddie Mac).

Mais sont-ils si stupides ces banquiers ? smiley Bien sûr que non : ils espéraient se faire le plus de blé possible avant que la crise inéluctable n’arrive !

Une banque a rarement envie de faire banqueroute, et est donc naturellement prudente.

Tout dépend si elle fait banqueroute avant ou après que son directeur l’ait quittée, ou que ses actionnaires en ont revendu des parts...

Simple : juste parce que vous voyez que les banques sont privées, vous en déduisez que tout le système et libéral. C’est pas pour chercher le point godwin, mais sous le 3e reich tout était "privé", mais c’était bien peu libéral...

Je maintiens qu’une propriété trop importante comparée à la propriété moyenne est antilibéral car conduit à des rapports de force désavantageux et qui ne peuvent pas s’équilibrer à long terme : c’est la fonction exponentielle dont le paramètre en puissance augmente lui-même avec le capital. Ca fait mal.
 

> Bah quand le système capitaliste est détourné pour servir uniquement les plus puissants, tout comme la démocratie, le système ne s’auto-perpétue pas et tend vers le système féodal.

Quand un système est abandonné dans les faits (mais pas forcément abandonné nominalement), c’est sa fin. Jolie lapalissade, mais ce qu’il fallait prouver, c’est que dans les prémisses de la démocratie et du libéralisme se trouvent le féodalisme.

Dans un système hors-équilibre, quand la force se relâche, le système revient à son état initial. L’état initial est celui qui précède et suit toute civilisation humaine. Les exemples historiques sont-ils assez nombreux ?
 

> Quand ce sont les "méchants" qui deviennent les banquiers, les députés ou les commissaires du peuple, la société s’auto-détruit plus ou moins lentement.

Quand les méchants arrivent au pouvoir, c’est la merde. Décidément, vous aimez les lapalissades. Solution : limiter le plus possible tous les pouvoirs. D’où la philosophie de l’état minimal, du règne de la loi...

Solution : envisager la société comme un système dynamique. Imaginez un professeur qui fait les mêmes examens depuis 10 ans. Vous êtes certains au bout d’un certain temps de ne sélectionner par les notes que les tricheurs. Il faut donc changer les règles, les critères, régulièrement. Le PIB a vécu. Trouvons autre chose : BNB, indice de Gini, Tera-octet de musique disponible, nombre de publications par an, nombre d’inventions par an... Que sais-je...

Vous ne seriez pas libéral sans le savoir ?

Je suis un libéral dans les domaines où je sais que l’Etat pourra difficilement faire un choix pour moi et pour tous les autres citoyens : loisirs et culture. Pour le reste, la survie (nourriture, énergie, communications, télécommunications), je préfère payer cher quelque chose que tout le monde aura de manière certaine, même si cela se fait au détriment de mes loisirs et de ma culture : le pain pour ma famille et mes semblables a une valeur inestimable. Pas comme un we au ski. J’ai eu l’occasion de poster un article. Lisez la proposition que j’ébauche à la fin : c’est une proposition peut-être pas réalisable, mais au moins a-t-elle, selon moi, le mérite de faire réfléchir sur l’articulation planification/libéralisme.

> A titre informatif, pourriez-vous préciser quelle est la théorie économique qui représente le plus votre "doctrine" libérale, selon vous ?

L’école autrichienne (Ludwig von Mises en est l’archétype parfait). Bastiat aussi (cocorico ), et peut être J.B. Say (jamais lu ce dernier, mais j’en ai entendu parler).

Ca doit faire bizarre d’apprécier une théorie qu’on sait ne jamais pouvoir vérifier (vous le dites vous-mêmes). j’imagine que c’est un peu comme croire en Dieu. Ca occupe.

Allez, bien cordialement, je serais ravi de continuer encore un peu cet échange. Merci en tout cas pour la persévérance


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