Armée professionnelle ne veut pas dire armée permanente. Les chevaliers du Roi de France sont effectivement des combattants professionnels par excellence (ils s’entraînent depuis l’enfance) mais ils vivent dans leur fief et ne rejoignent l’armée que lorsqu’ils y sont appelés par leur suzerains. Cela dit beaucoup d’entre eux rechignent parfois à y aller, et c’est d’autant plus facile s’ils sont loin de Paris. Par ailleurs se sont des guerriers et non des soldats, c’est-à-dire qu’ils ont la capacité légale de mener la guerre pour leur propre compte, non uniquement pour celui du souverain. Les chevaliers ont le beau rôle dans les chroniques de l’époque, mais la grande majorité de l’armée, méprisée par la chronique car roturière, est constituée de troupes à pied qui sont alors des soldats occasionnels servant dans les milices urbaines. Les seuls vrais soldats professionnels non-nobles sont des mercenaires (souvent Flamands et Italiens), redoutés dans toute l’Europe car ils sont aussi dangereux pour celui qui les emploie que pour l’ennemi.
En revanche, l’armée de Rome (après la réforme de Marius) est une troupe professionnelle ET permanente. Rome dispose ainsi en permanence de légions en armes, casernées et fidèles comme une ombre à leur général. Par ailleurs les légions romaines, à l’époque de César, sont exclusivement composées de citoyens romains (on distingue les légions romaines des contingents barbares, qui sont des mercenaires). Pas forcément des habitants de Rome, mais au moins des gens issus de populations romanisées. César a ainsi levé des légions en Gaule, mais il ne faut pas oublier qu’une partie de la Gaule (la Narbonnaise et la Cisalpine) était romaine depuis longtemps, et que César a par ailleurs romanisé de nombreux peuples gaulois, en faisant notamment entrer leurs représentants au Sénat.