Même si je ne suis pas d’accord avec toute l’analyse, il est vrai que l’on sent parfois une certaine arrogance de certains praticiens du libre, et j’ai parfois des problèmes avec tous ces projets qui ne servent qu’à réinventer la roue plutôt qu’innover, quand ce n’est pas tout simplement du plagiat. Il est arrivé plusieurs fois de retrouver du code dans le kernel Linux sous GPL, alors qu’il s’agit d’une copie de code BSD (voir par exemple http://kerneltrap.org/OpenBSD/Atheros_Driver_Developments). Et non, BSD ne signifie pas Public Domain, donc il y a effraction !
Je remarque aussi l’attachement de l’auteur à la FSF, qui se traduit par l’utilisation du terme GNU/Linux au lieu de Linux. Linux est le noyau, sur lequel on a greffé les outils GNU, mais la FSF n’est pas initiatrice de Linux, et d’ailleurs, Linux n’a été accepté par la FSF que par les problèmes de développement de HURD, qui tient à présent plus du vaporware qu’autre chose. Vu l’historique de la FSF par rapport à Linux, je trouve cette insistance à greffer le terme GNU à Linux un peu hypocrite. J’ai également des soucis avec le concept de libre au sens de la FSF. En effet, le but ultime est d’imposer le modèle du libre, via la licence GPL, et il y a un concept éthique derrière : ce qui n’est pas libre est mal. Du coup, il faut imposer le libre. Désolé, mais ma liberté de choix dépasse la liberté du code, et quand la vision du libre à la FSF m’empêche d’utiliser du code libre mais sous licence incomptatible, je n’accroche plus. C’est une des raisons pour lesquelles j’évite à présent toute utilisation de la GPL dans mes développements autres que du simple hacking de code, et je me tournerai beaucoup plus volontiers vers des licences plus amicales comme l’OSL, la CPL, la BSD License.
L’article est aussi partisan en oubliant la diversité des OS libres, qui comptent aussi les variantes BSD, en particulier FreeBSD et OpenBSD, même si pour le grand public, Linux (pas forcément de meilleur qualité technique) est probablement plus mature.
Le monde du libre/open-source n’est hélas pas aussi rose que l’on ne voudrait l’admettre, et même si je demeure partisan de l’open-source (y compris de la philosophie sous-jacente, moins dogmatique que la doctrine du logiciel libre), il ne faut pas oublier les priorités de tout un chacun, et voir du logiciel propriétaire utilisé ne sera jamais un mal tant qu’une alternative de meilleure qualité ne sera pas disponible. Et il est vrai qu’en terme d’innovations, les projets open-source se font rare, et on les trouvera souvent hors de la FSF. Je pense ici notamment à Apache, Firefox (issu de Netscape et de l’approche open-source), le projet coin-or (initié par IBM, et principalement sous CPL),... GNOME a été lancé pour concurrencer KDE, qui ne faisait pas partie du monde GNU et était sur la licence TrollTech,... mal abolu ! Les véritables innovations sont habituellement plus confidentielles, mais l’informatique d’aujourd’hui ne serait rien sans elles, et la culture de l’open-source dans ces applications haut de gamme remonte aux origines de l’informatique (je me plais à attribuer à Knuth la première licence open-source, pour TeX), non à la création de la FSF, qui donne sa version orientée de l’histoire.
L’open-source gagne en popularité, et continuera à le faire tant que ses développements techniques lui permettront de gagner des avantages. Sur se plan, on remarque le problème d’une vision communiste du libre... l’open-source est fortement lié aux grands acteurs du marché comme IBM, SUN,... et pour s’imposer, il faut rester humble. L’utilisateur lambda n’a que faire de la philosophie. Il veut un outil qui marche. Et s’il accroche, il voudra parfois contribuer à sa manière, et tant. Mais quiconque veut promouvoir le libre doit réaliser qu’il doit avant tout proposer des réponses aux besoins des utilisateurs, et non le prendre de haut car ce qu’il utilise est "mal".