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Commentaire de Marc Bruxman

sur L'illusion de la liberté ou le libéralisme liberticide


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Marc Bruxman 8 décembre 2008 23:57


La première fourberie intellectuelle est pour moi l’emploi à tout va du mot "liberté" sans prendre soin de s’y attarder, alors que c’est la une notion des plus insaisissables il me semble. De même je n’ai jamais compris que les libéraux (au sens franco-français) semblent si prompts à considérer que l’Etat est la seule entité capable d’un pouvoir coercitif.

Déja tous les libéraux ne sont pas d’accords la dessus ! Certains (beaucoup) considérent que l’état doit avoir "le monopole de la violence". L’idée c’est que l’on crée une structure nommée état :

  • Légére, se financant de très peu et donc indépendente des lobbys. 
  • Dont le peu de serviteurs sont suffisamment bien payés pour ne pas être corruptible et ou toute corruption est très sévérement punie. 
  • Réglementée de sorte à ne pas pouvoir s’étendre de par la loi. 
  • Elue démocratiquement de sorte à être responsable devant le peuple de ses actes et donc pouvoir être révoquée en cas d’abus. 
Et l’on isole cette structure du reste de la société de la façon la plus étanche possible. L’idée après est que cette structure est suffisamment indépendente pour agir dans la sérénité. 

D’autres libéraux pensent au contraire que la police peut être privatisée tant qu’elle agit aux ordres de tribunaux qui ne peuvent être régis que par la loi. L’acte violent est donc accompli par une société privé mais celle-ci ne peut agir sans l’ordre d’un tribunal. 

Et le tribunal peut être soit controlé par l’état, soit élu démocratiquement ou il forme alors une entité séparée de l’état mais devant faire respecter les lois (ce qui a l’avantage de garantir l’indépendence de la justice), soit encore (et c’est en partie le cas à Dubai pour le droit commercial), chaque tribunal est une société privée et lorsqu’un contrat est signé, les deux contractants précisent le nom du tribunal qui arbitrera. (Je ne suis perso pas du tout favorable à cette dernière trouvaille mais bon cela existe). 

Vous voyez le libéralisme ce n’est pas si simple ;) Il y a plein de débats internes. Et de façons de l’envisager. Mais la plupart des gens pensent effectivement que le plus sain est de confier le "monopole de la violence" à une entité au dessus de la mélée qui peut être l’état si celui-ci a été suffisamment isolé du reste de la société. 
Autre interrogation parmis tant d’autres, je suis bien incapable de voir la un lien entre amour de la liberté et le fait de considérer les syndicats et les organisations de travailleurs comme une atteinte à celle-ci.


Le problème n’est pas les syndicats en tant que tels mais le rapport entre syndicats et pouvoir. 

L’idée du libéralisme c’est que chaque individu est adulte et agit pour lui. La création de lobbys (les syndicats peuvent être vu comme les lobbys des travailleurs) ou de corporations (associations professionelles type MEDEF) tendent à regrouper les individus pour les rendre plus forts et cela les conduit à demander des priviléges que d’autres groupes n’ont pas. C’est en partie pour cela que toutes les corporations de métiers ont été abolies à la révolution française. 

On peut mitiger en disant que la société commerciale est une forme de regroupement de personnes. C’est vrai. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’un état libéral ne doit pas recevoir de voix des entreprises, ni accepter de financement des partis politiques venant des entreprises et ne doit pas non plus dépendre fiscalement des entreprises. Les impôts doivent être payés par des individus et non par des groupement de personnes. Ce qui n’est pas génant en soit. L’idée est par exemple de taxer les actionnaires lorsqu’il reçoivent leurs profits plutot que de taxer les entreprises (ou tout groupement de personnes). En contrepartie, le droit des groupements de personnes (personnes morales) n’a pas à être identique à celui de personnes physiques. En particulier, une personne morale n’a pas à émettre en son nom d’avis politique. Sa communication doit être bornée à son objet social. (Commercial si il s’agit d’une entreprise). 

Vous allez me dire, mais comment gérer le problème des médias ? Ah bonne question ! Et gros piège ! Qui vient d’être résolu seulement à l’heure de l’internet. 

Pourquoi ? Parce qu’un média est à la fois un groupement de personnes constituant une personne morale (ne devant pas s’exprimer en son nom) mais son objet EST de transmettre des opinions. Dans un monde ou l’infrastructure domine les médias, on a la une contradiction (En gros c’est le cas de la télévision et de son spectre restreint). Mais dans un monde ou c’est le contenu qui domine, il suffit de séparer le contenu et l’infrastructure. En gros, Agoravox n’a pas le droit d’émettre d’avis en son nom, mais des gens peuvent utiliser Agoravox pour émettre des avis en leur nom ! Mais cela nécéssite que chacun puisse s’exprimer. 

Et c’est pour cela que les associations à but politiques ne sont pas bien vues des libéraux ! Car à terme, une fois le libéralisme installé, elle ne doivent plus exister. 

J’aurais aussi tendance à spéculer que bien souvent les proclamés "libéraux" (ou libertarian en Anglais dans le texte) ne veulent pas admettre / n’admettent pas que la violence existe sous de multiples formes pour ne conserver que l’aspect physique.


Parce qu’il s’agisse de deux choses différentes. Et que si l’on sait se passer de la violence physique, les rapports dominants / dominés restent nécéssaires dans la société. D’une certaine façon, il faudra toujours des gens pour nettoyer les chiottes. Et donc il faut un moyen de sélectionner qui va faire cela vu que personne ne veut le faire. Il y a la méthode du flingue sur la tempe, et il y a la méthode par aptitude. Ceux qui n’ont pas trouvé de boulots intéréssants car ils n’y sont pas aptes font les taches les moins gratifiantes. Rien ne les y force, mais il faut bien gagner de quoi vivre. 

Ce n’est pas idéal mais c’est la solution la moins mauvaise. 

D’ailleurs comme il a été justement dit, il est amusant en France et ailleurs de voir que ceux qui se prétendent libéraux se trouvent être parmis les plus conservateurs et bellicistes et n’ont en fait retenu que le libéralisme économique. Par contre ceux-ci se réclament bien volontier de la philosophie libérale dans son ensemble quand il s’agit de se vendre à l’opinion... cherchez l’erreur.

Les vrais libéraux sont les premiers à s’en plaindre. Mais cela vient avant tout du clivage droite / gauche basé sur l’économie. Et comme c’est les conservateurs qui sont plutot économiquement libéraux, rien n’incite à changer cela. Il faudrait faire basculer ce clivage droite gauche sur une autre ligne de fracture pour que cela change. Si la gauche acceptait l’économie de marché, il y aurait vraissemblablement beaucoup plus d’avançées libérales que venant de la droite. Mais elle n’y est pas prête car cela constituerait une vrai révolution. Quelque part, j’ai d’ailleurs beaucoup plus espoir dans le Modem dont beaucoup de membres sont des libéraux. (Cf ancienne UDF). 

Bref les fondements les plus couramment invoqués en faveur du libéralisme contemporrain ne m’ont jamais convaincu, alors les raisonnements qui s’appuient sur celle-ci ne peuvent guère faire mieux.


Vous devriez lire des livres plus anciens que ceux de Friedman. Lire Frederic Bastiat par exemple vous éclairera certainemet (même si c’est très incomplet). Et souvenez vous que la plupart des philosophes des lumières étaient des libéraux. En installant l’étatisme comme on le fait, on renie avant tout la révolution française et la conquête de la démocratie. 



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