@ J. GRAU
Pour ce qui est du libéralisme, je soutiens qu’il s’agit d’une pensée égalitaire au sens où les libéraux - en général, en tout cas - soutiennent une égalité des droits entre les hommes, et sont méfiants, voire hostiles, aux discriminations fondées sur le sexe, la couleur de peau ou l’origine sociale. En revanche, les libéraux ne sont pas favorables à une égalité réelle (sur le plan économique, notamment).
Il m’est difficile d’être d’accord avec vous sur ce point, sans doute n’avons-nous pas la même lecture de l’histoire ou des pratiques sociales. C’est là que Todd met le doigt sur un aspect important du mécanisme collectif : l’égalité en droits (la démocratie) n’ aurait pu être réalisée dans la société blanche et fondamentalement inégalitaire américaine que par la définition de deux catégories inférieures par essence : les noirs et les indiens.
Dans la France du 18ème siècle, cette catégorisation raciale n’était pas possible mais la discrimination ethnique à l’encontre des aristocrates a permis cet exutoire nécessaire permettant d’instaurer, par contraste, l’égalité entre tous les autres.
Pour ce qui est de l’égalité économique, je crois que nous sommes d’accord tous deux ; pour ma part, j’ajoute simplement que cette inégalité économique est considérée comme le résultat d’une indiscutable différence qualitative de fond entre individus : celui qui est capable de réussir et celui qui ne l’est pas. Et c’est ce dogme qui fait intervenir le gène là où en principe c’est l’éducation qui prime.
Ce qui mène directement et sans aucun ménagement pour les sensibilités ni les espérances de chacun au problème du racisme. Vous avez parfaitement compris ce que j’entends (et ce que n’importe qui de sensé doit entendre) par "race".
Une fois de plus, notre divergence vient non pas du fond, mais de la forme que nous entendons donner à notre combat contre le racisme.
De votre côté, je note : Mais je crois qu’il vaut mieux éviter ce terme parce qu’il prête à confusion. En effet, il sous-entend que chaque individu pourrait être classé dans un groupe bien défini selon un ensemble de critères précis et indiscutables, ce qui n’est pas le cas.
Oui ce que vous dites est vrai et je considère que chaque individu peut être classé dans un groupe bien défini.
Mais en quoi diable cela induit-il une quelconque hiérarchie ? C’est précisément la question que je pose, et sur laquelle j’entends bâtir un argumentaire.
La race doit être limitée à cette simple incidence phénotypique, qui n’a strictement aucun effet sur la qualité "sociale" d’un individu.
Et d’ailleurs dans ce qui suit, vous exposez parfaitement ce contre quoi je lutte, à mon échelle :
En effet, pourquoi priviligier un critère plutôt qu’un autre ? Pourquoi privilégier la couleur de la peau au groupe sanguin, par exemple ? Ce qu’il y a de gênant, dans le mot "race", c’est aussi qu’il laisse croire qu’une caractéristique visible est naturellement liée à une foule d’autres caractéristiques, visibles ou invisibles.
Pourquoi ne pas tenter de faire comprendre que ce qui doit être pris en compte ce n’est pas la race, mais la personne, avec ses croyances, ses traditions, sa perception du monde et de la collectivité où il s’active ?
Pourquoi ne pas avoir le courage ou la force de dire bien haut qu’en matière de société (qu’elle soit ou non humaine), l’acquis supplante l’inné ?
Et quand vous poursuivez par :
Or, ce n’est pas le cas. La taille, par exemple, n’est pas forcément liée à la couleur de la peau. Bref, la division de l’humanité en races est nécessairement superficielle et arbitraire, et c’est pourquoi il convient de l’abandonner. Par contre, à cause de la persistance du racisme, il n’est pas insignifiant de savoir si un être humain est blanc, noir, jaune, etc.
Je remarque que vous limitez strictement votre argumentaire aux caractéristiques phénotypiques, ce qui prouve s’il en était encore besoin que nous sommes de la même famille !
Et que nous pourrions très parfaitement combattre côte-à-côte contre le racisme qui se fonde presque exclusivement sur des caractéristiques culturelles qui n’ont rien à voir ni de près ni de loin avec la race.
Par exemple, quand on n’aime pas les juifs ou les arabes :
1) On parle de personnes qui sont de race blanche
2) On transforme en différences raciales des divergencess religieuses, culturelles ou géopolitiques.
Mais je dois vous laisser, j’attends depuis deux mois une plage de liberté chez mon dentiste, et je dois sauter sur l’occasion dans l’heure qui suit (à la campagne, tout est rare et tout est loin)
J’aimerais pouvoir poursuivre cette discussion, il va falloir que je vous piste sur Agoravox...
Si toutefois je ne vous importune pas...
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