Je serais très heureux, Bois-Guibert, que vous m’expliquiez ce qu’il y a de "malsain" dans les idées démocratiques ou égalitaires.
Par ailleurs, il me semble que votre analyse sociologique manque un peu de finesse. On trouve des racistes parmi les élites, et pas seulement dans le bon peuple. Inversement, les gens du peuple ne sont pas nécessairement gagnés par le racisme.
Ce qui est sous-entendu dans votre message, c’est que lorsqu’on vit dans un quartier où il y a à la fois pas mal de gens basanés et d’insécurité, on a tendance à devenir (ou à rester) raciste. Sur ce point-là, je veux bien vous suivre. Il est sans doute plus confortable d’être anti-raciste quand on n’a pas à souffrir de problème d’insécurité. Mais comprendre les réactions racistes n’est pas les excuser ou, a fortiori, les approuver. Pour ma part, j’ai déjà eu maille à partir avec des gens d’origine maghrébine. Rien de très grave pour l’instant, mais j’imagine que si j’avais été fortement imprégné d’idées racistes, ce genre d’expérience m’aurait conforté dans mes préjugés. Seulement, je me refuse à faire l’amalgame et à me dire : ces gens-là sont violents ou irrespectueux parce qu’ils sont d’origine maghrébine. Cet amalgame me révolte, non seulement pour des raisons intellectuelles, mais aussi parce que des gens que j’aime ou que j’estime subissent cette injustice.
Je trouve plus raisonnable de penser que les problèmes d’insécurité dans les quartiers sont d’abord des problèmes sociaux (liés notamment à la persistance du chômage de masse) plus que des problèmes ethniques, et que ce ne sont en rien des problèmes de "race" (même si, bien entendu, le racisme ne fait qu’envenimer les choses). Il y a quelques années un ami à moi me disait que la Pologne connaissait des problèmes comparables à la France dans certains quartiers, alors que ce pays est beaucoup plus homogène du point de vue des origines ethniques. On pourrait faire la même remarque sur la France d’il y a un siècle : il y avait de la violence et de l’insécurité dans certains quartiers, alors qu’il y avait encore très peu de gens originaires d’Afrique. En revanche, il y avait une forte xénophobie envers les Italiens, pourtant très proches culturellement des Français. On exagérait les petites différences, on accusait les Ritals d’être bruyants, de sentir l’ail et l’huile d’olive, d’être trop pieux, etc. La vérité c’est qu’il y avait une crise économique (déjà) et que la compétition sur le marché du travail exacerbait les réflexes xénophobes.