@ Michel Santi :
Dommage que votre article se confine un peu trop dans les stéréotypes habituels en abordant beaucoup de thèmes très disparates, mais sans les approfondir. Dommage, car certains de ces thèmes sont intéressants et mériteraient plus qu’une simple citation ou question. Celle-ci par exemple :
" ... pouvons-nous encore vivre dans notre isolement séculaire ? "
Très bonne question, tout aussi pertinente que vous ne traitez pas cependant ...
A lire votre CV, on sait que vous vivez et travaillez à Genève et que vous exercez dans la finance. Mais à lire votre article on constate que vous avez une vision très superficielle de votre pays : la Suisse.
Non, l’économie de la Suisse ne se résume pas aux services financiers, même si ceux-ci vous font vivre, ni aux sports d’hiver : " l’économie est dépendante des services financiers et des sports d’hiver."
Indépendamment de la finance (le secteur financier représente environ 14% du PIB lequel se montait à 512 milliards de CHF en 2007) - voir ici tous les chiffres-clés fournis par l’OFS - Office Suisse de la Statistique -, le SECO - Secrétariat à l’Economie - et l’OCDE, dans la "Vie économique") - et du tourisme, la Suisse possède un secteur industriel très diversifié : industrie pharmaceutique, biotechnologie, chimie, horlogerie, mécanique de précision, machine outil, électrotechnique, industrie alimentaire, etc.
Par ailleurs la Suisse consacre environ le 3% de son PIB à la recherche, c’est plus que la moyenne des pays de l’UE, trois plus que l’Italie par exemple.
Oui la crise financière a aussi touché la Suisse, oui l’UBS et le Crédit Suisse ont dû être recapitalisées elles aussi, oui la crise économique commence à frapper la Suisse, oui la récession commence à atteindre la Suisse où le taux de chômage (moyenne nationale) est passé le mois dernier (novembre 2008) de 2,5 à 2,7% ...
Tout ceci est vrai, comme il est exact que la Suisse n’est pas le pays de cocagne tel que décrit dans les médias étrangers et épargné par tous les malheurs du Monde.
Vous écrivez aussi :
" Pourtant, la date du 12 Décembre liera encore plus son sort à l’Europe car, à partir de cette date, les douanes suisses ne seront plus contrôlées ! "
Vous faites ici référence aux accords de Schengen qui s’appliqueront effectivement à la Suisse à compter de cette date, mais ces accords ne concernent que la libre circulation des personnes, mais pas celles des marchandises. Vous verrez donc encore des douaniers à Perly-St-Julien, Ferney-Voltaire, Bardonnex ou Moillesulaz, de même qu’aux autres postes-frontières de Suisse.
Je sais qu’à Genève - j’y vis moi aussi - bon nombre de gens vivent dans des "ghettos", qui n’ont rien à voir avec le sens que l’on donne habituellement à ce mot. Les "ghettos" genevois sont plutôt dorés, mais pas tous, ils abritent les fonctionnaires des organisations internationales (ONU, BIT, OMC, OMPI, OMS, etc.) et le personnel des sièges européens de sociétés multinationales. Bon nombre de ces personnes, installées pourtant depuis plusieurs années à Genève, ne parlent bien souvent pas un traitre mot de français et ne s’expriment qu’en anglais. Ils ne sortent qu’entre eux, vivent entre eux, confinés dans certains quartiers de la Rive Droite (Place des Nations, Petit-Saconnex, ...). Il en va de même de certains groupes nationaux, tels les Portugais concentrés dans le populaire quartier de la Jonction.
Genève, ville très cosmopolite, abrite plus de 40% de résidents étrangers, les fonctionnaires internationaux n’étant pas inclus dans ce chiffre, les ressortissants double nationaux très nombreux eux aussi, pas davantage.
Si je parle de ces "ghettos" c’est seulement pour préciser que Genève n’est pas représentative de la Suisse et que de très nombreux résidents genevois ne connaissent pas, ou très mal la Suisse, restant confinés au Bassin Lémanique ou au Valais. Qui connaît des villes ou localités telles que Soleure, La Chaux-de-Fonds, Porrentruy, Saint-Gall, Schaffhouse, les vallées italophones des Grisons, ou le Val Verzasca au Tessin ?
La Suisse est très diverse, économiquement, culturellement, le climat de La Brévine n’a rien avoir avec celui d’Ascona et le petit paysan de montagne du Val d’Avers rien de commun avec le banquier genevois ...
Emporté par ma fougue, je m’égare un peu peut-être ...
Tout cela pour en revenir au point central - il l’est pour moi - de votre article :
Quid de l’avenir de la Suisse, cet îlot de prosperité au centre de l’Europe, mais pour combien de temps encore, cette Suisse pourra-t-elle rester longtemps à l’écart de l’Union Européenne ?...
Question qui pourrait peut-être faire l’objet d’un prochain article ?
Un politicien suisse dont j’ai oublié le nom a dit un jour :
"On dit des Suisses qu’ils se lèvent tôt, mais se réveillent tard ..."
Mais qui donc a dit que les Suisses étaient chauvins et manquaient d’auto-critique ? :B)
Alors ne perdons pas courage !
Cordialement et merci pour cet article quand même !