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Commentaire de anny paule

sur L'impuissance de la gauche politique à penser et donc à agir


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anny paule 12 décembre 2008 18:24

Ce que vous décrivez de la crise et de l’état de nos sociétés est fort juste. La référence à Hannah Arendt est tout à fait pertinente et sa "vision" se révèle, hélas, totalement exacte.
C’est vrai que, durant toute la seconde moitié du XX° siècle, nos fondements économiques se sont radicalement modifiés, à la fois par l’automatisation, mais aussi par la perte des formes traditionnelles de vie.
Dans les années 50, il existait encore des espaces, y compris chez nous, en France, où les familles vivaient plus ou moins en autarcie : dans les campagnes et les zones reculées comme la Haute Corrèze, il n’était pas rare de voir les gens vivre de leur propre production (polyculture, élevage, mais aussi artisanat local) et de n’avoir comme revenu extérieur que la vente d’un veau, d’une vache ou d’un porc (ou de plusieurs, bien sûr). Ils faisaient leur pain (de seigle) avec leur propre farine (moulue dans leur propre moulin, alimenté par la force d’un torrent) ... L’argent reçu en échange de leur bétail vendu servait à acheter des vêtements, payer l’électricité, le carburant pour leur véhicule (les tracteurs et autres engins agricoles n’étaient pas légion, la traction animale les remplaçait)... Dans ce mode de vie, la solidarité existait, les voisins venaient pour aider à rentrer les foins, pour moissonner, et pour bien des moments clefs de la vie quotidienne. Ceux qui vivaient ainsi n’étaient pas malheureux... et je dirais mieux, pendant la dernière guerre, alors que dans nombre de nos villes la nourriture était rare, ils ont vécu correctement. Je peux en parler parce que j’ai connu cela chez les grands parents corréziens.
Dans cette vie, dure malgré tout, mais saine, ils mesuraient le fruit de leurs efforts, c’était encore "naturel"....
Mais, productivisme oblige, à leur mort (et ils ne sont pas un cas isolé !) la ferme s’est vendue... est devenue une maison de vacances pour citadins en mal de nature...

D’un autre côté, les politiques ont vanté les mérites de l’automatisation et l’ont favorisée : dans tous les domaines, les machines ont remplacé les hommes, ou du moins, la peine humaine.
C’est à ce moment-là qu’aurait dû se poser la question de l’équité et du partage... Les politiques, les syndicalistes n’ont rien vu venir, n’ont pas su anticiper...
Au lieu de cela, ceux qui avaient quelques moyens ont "investi", qui dans des machines, qui dans des terres... l’agriculture industrielle s’est installée, avec tous les dégâts connexes que nous subissons aujourd’hui... les industriels ont vécu leur rêve de grandeur, aidés par des crédits incommensurables...

On pourrait écrire un roman sur cette révolution absolue mais discrète et insidieuse qui s’est déroulée sur la moitié du siècle passé... et dont nous commençons à mesurer l’horreur !

Alors, aujourd’hui, que faire pour remédier à cela à gauche ? (la droite y est comme un poisson dans l’eau et ne mesure en rien la misère qui nous environne, et même si elle en a une idée vague, elle n’en a rien à faire !) .
Vous parlez de "l’impuissance à gauche à penser et donc à agir "... Avez-vous, vous-même des solutions ?
Il est sûr que la mondialisation (avec son cortège d’horreurs), le productivisme, l’appât des gains faciles (pour certains), le consumérisme établi comme règle d’or doivent être revisités. Il est sûr, également, que la très grande majorité de nos concitoyens ne peuvent subvenir à leurs besoins (élémentaires) sans travailler... et que, même en travaillant, ils ne peuvent que survivre dans des conditions intolérables...
Le travail manquant, la pauvreté s’accroît d’autant et les inégalités avec...

C’est tout qu’il faudrait remettre à plat. C’est un examen sans complaisance qu’il faudrait faire. Ce sont des Etats généraux qu’il faudrait instaurer.
Associer ceux qui travaillent encore aux prises de décision, instaurer un pôle public de la finance par la nationalisation des grands groupes financiers afin d’affranchir l’économie de la dictature des grands marchés financiers, imposer une forme de mondialisation solidaire, remettre en cause les traités européens afin de réorienter l’Europe vers du plus disant social, restaurer (et non pas casser) nos services publics, mesurer l’impact environnemental des transports routiers, de l’agriculture intensive, des industries (du moins, ce qu’il en reste) et trouver des solutions collectives...
Les pistes de réflexion ne manquent pas. Des solutions existent. Mais cela suppose que tout le monde joue le jeu... C’est un changement à 180° qu’il faut faire... Et ce ne sera pas du goût de tout le monde !
Simplement, si la gauche politique avait joué son rôle durant les décennies précédentes, si elle osait "toucher à l’intouchable", l’avenir nous appartiendrait à tous ! 


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