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Commentaire de samregarde

sur Crise dans l'automobile : les constructeurs sont responsables et les aides de l'Etat inutiles


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samregarde samregarde 17 décembre 2008 17:40

Tout à fait d’accord avec les propos de Lisa Sion. 

Je profite qu’il y ai encore un fil sur la crise automobile pour proposer à nouveau cette idée très simple, certes iconoclaste, mais qui a le mérite de s’attaquer à plusieurs crises à la fois et de manière, me semble-t-il, intelligente (puisqu’elle ferait appel à toutes les intelligences) et "relativement indolore".

Il s’agirait de limiter, dans un avenir proche, la seule variable d’ajustement existant aujourd’hui, à savoir la vitesse maximale autorisée. Il le faudrait de façon drastique (70 ou peut-être même 60 ou 55 km/h , y compris sur les autoroutes), et de façon universelle.

 

Une telle proposition s’attaque certes à l’image d’une certaine modernité passant par une mobilité « rapide », mais elle s’appuie sur des données physiques incontournables, et se révèle au final résolument progressiste.

 

D’un point de vue physique, Il faut d’abord comprendre et considérer que l’augmentation de l’énergie nécessaire pour amener et maintenir un véhicule à une vitesse élevée est une fonction exponentielle de la vitesse, qui dépend de la résistance de l’air ,du poids du véhicule, de la résistance au roulement et de l’accélération. 

Ainsi pour un rendement théorique donné et à trajet égal, la consommation en énergie d’un véhicule roulant à 50km/h est divisée par un facteur ∛/2 par rapport au même véhicule circulant à 100 km/h. 

 

Une réduction drastique de la vitesse maximale autorisée induirait donc une réduction encore plus drastique de la puissance des moteurs (électriques, thermiques ou chimiques), et par voie de conséquence de la consommation d’énergie et de la pollution.

 

 

ll faut ensuite considérer que le "peak oil" est déjà derrière nous. Si l’ensemble des habitants de la planète revendique un droit à rouler à plus de 100km/h max, en l’état actuel de nos connaissances techniques, cela serait tout simplement une catastrophe non seulement en terme d’émission de CO2, mais aussi en terme de ressources énergétiques.

 

Or les pays émergeant vont utiliser massivement l’automobile dans un avenir proche, charbon/électricité pour les uns, pétrole pour les autres,et ils l’utiliseront selon les normes internationales en la matière. L’industrie automobile chinoise ou indienne se mettra au diapason, soucieuse à la fois de rouler aussi vite que partout sur la planète, et surtout intéressée par les perspectives de vente que représentera alors sa propre production sur le marché international. La prochaine crise pétrolière (laquelle interviendrait d’autant plus tôt dans ce contexte), pourrait alors prendre des proportions jusque là inconnues (et dont les conséquences, soit dit en passant, seraient bien plus gênantes que le fait de se déplacer lentement).

 

Il s’agit donc de définir une vitesse maximale qui ne semble pas seulement "raisonnable" (je me permets de réfuter ce terme imprécis), mais surtout scientifiquement "soutenable" en terme de consommation globale, et aussi (et surtout ?) qui permette l’émergence de nouveaux types de véhicules beaucoup plus légers et sobres. La bonne fourchette reste à déterminer selon des critères objectifs, et se situe quelque part entre 50 et 75 km/h, en l’état actuel des techniques. 

 

En effet, les véhicules contemporains, prévus pour faire face aux contraintes considérables qu’induisent les hautes vitesses (structures renforcées, moteurs plus gros, dispositifs de sécurité indispensables) sont aujourd’hui encore en position d’hégémonie, dans la mesure ou aucune autre technique n’est suffisamment performante pour être concurrentielle et donc être produite massivement.. 

 

Réduire la vitesse consisterait donc, dans la sphère de la technée, à promouvoir la technodiversité : une foule de véhicules en tout genre est déjà conformée pour rouler à 60 km/heure dans une économie de poids, de matériaux et d’énergie considérable, le tout pour des prix de revient qui seraient relativement peu élevés si l’on passait à une phase d’industrialisation de masse. Ils ne demandent qu’à voir le jour autrement que sous la forme d’énièmes reportages dont on nous rebat les oreilles depuis des dizaines d’années.

 

Tout le monde parle de véhicules "propre", d’émission de CO2 réduite, d’économie d’énergie. La seule façon de s’en approcher aujourd’hui (j’insiste sur le terme aujourd’hui) est d’en passer par cette réduction des vitesses autorisées.

 

J’invite également à méditer sur ce qui suit : une baisse drastique et universelle de la vitesse maximale autorisée, savamment orchestrée, aurait d’autres conséquences bienvenues qu’il faut absolument mettre en regard avec quelques crises actuelles (économiques, territoriales) :

- faire sortir du marasme une industrie automobile en panne (laquelle, sinon, engloutira les aides de l’état pour mieux sombrer au prochain choc pétrolier ou à la prochaine crise de surproduction)

- créer des milliers d’emplois consacrés à la planification d’une telle opération et à la refonte structurelle qui en découlerait

- générer à terme bien des bénéfices liés à une certaine relocalisation (ou de ne pas ruiner le tissus existant dans les pays émergents)

- fluidifier le trafic routier

 

J’imagine sans peine que l’on pourrait en faire un véritable projet de société (un peu comme avec l’euro), en aidant au mieux les différentes initiatives afférentes qui en découleraient, en soutenant les plus ennuyés par une telle décisions, en promouvant des secteurs d’activités en relation (transports en commun, télétravail...)

 

Au chapitres des inconvénients , on en trouve de nombreux, mais aucun qui ne paraisse inacceptable ou incontournable à moyen terme. 

 

 

En résumé, l’humanité gagnerait, globalement, a appliquer une telle mesure. Je pense même qu’un monde où la vitesse serait limitée à 60 km/h deviendrait, avec les techniques qui sont les nôtres aujourd’hui, extraordinairement intéressant. Et meilleur à vivre. 

Qu’en pensez-vous ?

 

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