Merci pour ce commentaire agréable.
Pour revenir sur la première phrase du premier amendement : d’un point de vue constitutionnel, cette phrase pourrait tout à fait s’accommoder d’un régime concordataire ; on pourrait en effet imaginer un État qui reconnaisse une religion particulière pour majoritaire, qui dresse avec elle des accords particuliers et des aménagements réciproques et permette dans le même temps une sorte de liberté de conscience religieuse. Le concordat napoléonien n’est pas très éloigné de cette acception. Par conséquent, permettre le libre exercice des religions n’implique pas forcément la séparation.
En outre, cette phrase n’implique par forcément la laïcité non plus, puisqu’on pourrait fort bien imaginer un régime permettant l’expression religieuse et interdisant l’athéisme.
La première phrase du premier amendement, en droit constitutionnel, signifie plutôt l’affirmation de la non-ingérence de l’État dans les religions et la garantie liberté de culte. Elle serait par exemple impossible dans une logique gallicane ou anglicane, théocratique, fondamentaliste, monarchique de droit divin ou césaro-papiste.
Un symbole, qui peut être d’importance, est la prestation de serment du président dans chacun des deux pays : traditionnellement, depuis George Washington, les présidents des États-Unis prêtent serment sur la Bible, ce qui serait inconcevable en France.
Par ailleurs, les écoles confessionnelles ne sont pas subventionnées aux États-Unis contrairement à la France, et le régime concordataire d’Alsace-Moselle, par exemple, y serait inconcevable.
On voit donc que les éléments qui composent la laïcité peuvent différer d’un État à l’autre ; c’est la raison pour laquelle j’ai bien précisé que l’article traitait de la laïcité en France et non de la laïcité comme concept général.