La société israëlienne est en train de changer, mais elle est beaucoup plus divisée qu’on ne le croit
On s’en rend compte quand on lit Haaretz ou Marius Schattner
Éditorialiste au quotidien Haaretz, Aluf Benn ne dit pas autre chose. Dans un article paru dans l’édition du 10 octobre, il dénonce « cette schizophrénie de l’Etat », alimentée selon lui par le premier ministre Ehoud Olmert, « qui a déclaré son soutien à l’évacuation des colonies situées au-delà de la clôture. Mais dans les faits, après la démolition des maisons d’Amona, il a lâché la bride aux colons. Le ministre de la défense, Ehoud Barak, a refusé d’entrer en conflit avec les colons au nom du gouvernement et a cherché les voies d’un dialogue avec eux, en affirmant ne pas être prêt à résoudre seuls les problèmes créés par ses prédécesseurs 40 ans durant. Il s’appuie sur les réticences de l’armée et de la police à affecter des hommes à l’évacuation forcée d’avant-postes. C’est ainsi qu’a été créée une espèce de statu quo. Le gouvernement s’est résigné à l’existence des avant-postes et a fermé les yeux sur la multiplication des constructions dans les colonies au-delà de la clôture. Les colons se sont efforcés de s’abstenir de provocations, de protestations ou de perturber la vie de ce côté-ci de la clôture. »...
« Dans les analyses faites en Occident, estime Marius Schattner, on néglige trop souvent les conflits internes à la société israélienne, qui pourraient conduire à la destruction de l’Etat. Il faut examiner par exemple le sort des colons, qui ne sont plus un groupe d’avant-garde. Ce courant est aujourd’hui en retrait par rapport à ce qu’il était dans les années soixante-dix. Mais il a réussi, entre temps, à créer des faits accomplis. De manière générale, le mouvement traditionaliste religieux est en recul, et c’est qui explique sa violence. La population israélienne ne croit plus au mythe du Grand Israël, de la Méditerranée au Jourdain. C’est fini. L’enthousiasme expansionniste est mort, mais il n’y a plus non plus de foi dans la paix. Les blocages ne proviennent donc pas uniquement d’un système politique déficient. » ...
« Tant que l’on ne modifiera pas notre système d’élection à la proportionnelle, on aura ces problèmes de coalitions instables », estime la chercheuse Tsilla Hershco, du Begin-Sadat Center for Strategic studies.Depuis sa création, Israël a poussé à l’extrême le concept de régime parlementaire en adoptant la proportionnelle intégrale. Or, en soixante années d’existence, la population israélienne a été multipliée par 10 – Israël compte 7 millions d’habitants en 2008 –, le sionisme socialiste fondateur a largement perdu de son influence et le contexte régional a largement évolué.Mais pas le système politique. « Le paradoxe est impressionnant : pays jeune, pays neuf, Israël est réputé pour sa capacité d’innovation dans tous les domaines, hormis son système politique qui est demeuré à peu près identique », écrivait Denis Charbit, maître de conférences en sciences politiques à l’Open University d’Israël, dans un article publié l’an passé dans la revue Questions internationales, pour les soixante ans d’Israël....
"Le système politique traverse une grave crise, c’est indéniable. Mais le problème vient davantage des partis, qui ont subi un long processus de communautarisation, à l’image du Likoud, et ne paraissent plus capables de représenter des intérêts civils. Les partis "dominants" sont aujourd’hui des machines électorales, des outils de communications créés pour porter au sommet de l’Etat des personnages factices. Ce sont des coquilles vides de cadres et de programmes politiques. »
Israël ne bénéficie aujourd’hui que d’une série de lois fondamentales(constitution), qui posent Israël comme étant « l’Etat des juifs », ce qui exclut un cinquième de sa population, les Arabes israéliens.
Problématique d’une actualité brûlante, comme le démontrent encore cette semaine les émeutes de Saint-Jean-d’Acre, cette question constitutionnelle est totalement délaissée par les principaux partis représentés à la Knesset, qui se bornent, à l’image d’Ehoud Olmert, à répéter de vagues lieux communs sur la nécessité d’apprendre à « mieux vivre ensemble ».Or cette absence de volonté politique de la part des courants historiques de la politique israélienne confère une large place à l’expression des positions les plus extrêmes. Le gouvernement israélien a ainsi approuvé, le 7 septembre 2008, la proposition du ministre de la justice, Daniel Friedmann, visant à amender la loi fondamentale sur le système judiciaire dans le but de restreindre le pouvoir de la Cour suprême. Dans les faits, la Cour suprême n’est désormais plus en capacité d’annuler une loi qui ne violerait pas directement une des lois fondamentales. Et lorsqu’une de ces lois serait violée, une majorité simple au Parlement permettrait de passer outre à la décision de la Cour.En clair, une majorité simple de députés suffit donc, aujourd’hui en Israël, pour interdire par un vote aux Arabes israéliens de se rendre sur les mêmes plages que leurs compatriotes juifs, ou de s’asseoir à côté d’eux dans le bus, comme des députés de la droite nationaliste l’avaient suggéré quand Israël subissait des attentats suicide répétés.Fort de son succès, le ministre de la justice, pour lequel « Zipi » a pris le risque de faire échouer l’accord avec un parti travailliste qui lui est hostile, entend désormais s’attaquerau système de nomination des juges de la Cour suprême, le seul fait de les savoir indépendants du pouvoir politique lui étant insupportable…Au-delà de l’activisme forcené de Daniel Friedmann, ce problème constitutionnel « démontre, pour Uri Ram, l’incapacité d’Israël à sortir de l’idée d’un "Etat juif démocratique". Dans le paradigme politique dominant, il est en effet plus aisé d’user de cette notion contradictoire, plutôt que d’affirmer clairement qu’elle implique une supériorité des citoyens juifs dans cet Etat. Examiner ce concept permettrait de briser ce tabou et de résoudre les contradictions de notre Etat, condition essentielle de sa pérennité. Malheureusement, nous n’en prenons pas le chemin ».
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