Sandro,
Occupé ailleurs, je m’excuse de n’avoir pas lu plus vite vos deux textes sur Éros 2008 et Nino le Grand. Pertinent et percutant, as usual. Curieux destin celui de Maztneff, très romanesque, balzacien, par encore mort, déjà enterré sans fleurs ni couronnes, oblitéré.
Il était et reste doué, le bougre et aurait pu prétendre à beaucoup. Trop de facilité, de dilettantisme, une posture de dandy, fêté trop jeune, le genre de surdoué qui ne s’en remet pas. Je me rappelle un article de lui dans Combat. Il devait être à peine pubère, dans les années 60 et des poussières, Combat n’état déjà plus très vaillant mais encore combatif et l’article s’intitulait « Le chancre radical ». Le ton était violent, celui des polémistes de l’ancien temps, brillant. Je ne l’ai pas oublié. Il n’a pas vieilli. Je regrette de ne plus en lire de ce style.
J’ai l’impression que le Gabriel s’est perdu depuis, ne sachant pas ce qu’il devait choisir. Il s’est, sans doute, trop intéressé à ses petites affaires, croyant qu’elles étaient grandes et oublié qu’il était fait pour s’occuper de celles des autres. La radicalité de sa mise hors piste par le milieu qui l’avait reconnu comme un des siens rappelle celle de Renaud Camus, une autre belle plume qui a aussi des habitudes et des idées qui dérangent les belles âmes. Trop sulfureux, listé noir sans férir et sans merci, exit ce Camus-là aussi. Pitié pour eux et Dieu reconnaîtra les siens. A ce propos, vous faites bien de souligner combien l’époque qui est pornophile peine à parler de l’érotisme et à faire travailler l’imagination dans la bonne direction. Le divin marquis mérite ses fidèles car sa langue classique donne une grandeur à ses dissipations. On n’est pas dans la coquinerie ni le libertinage mais dans la répétition et la démonstration qu’excuse l’incarcération. Quelle santé il lui a fallu pour n’y pas sombrer et être capable de tels exploits. Cela ne console pas de passer de Justine à O et à Emmanuelle.
Vous avez bien fait d’évoquer Nino Ferrer. Ainsi, c’était lui aussi, un artiste complet, sachant tout faire et malheureux au point de ne plus savoir vivre. Quel gâchis !
Que 2009 soit avec nous et non contre nous.
Amicalement.