Un peu bizarre que vous ayez dévié de l’erreur d’administration médicamenteuse vers le problème de la gestion des urgences médicales, mais, bon ! C’est un sujet qui mérite bien toute notre attention de citoyens...
Encombrement des urgences, dites-vous ? Certes, et c’est là le problème, puisque, comme vous le faites valoir, la cause principale en est l’absence du tri "de première ligne" par le généraliste de base, dont ’est à mon sens une des missions essentielles.
Pourquoi ce désengagement ??
Simplement par conjonction de trois raisons essentielles :
- Diminution de l’offre de service par restriction du nombre de médecins formés depuis 15 ou 20 ans (la cause en est politique : on cherche à diminuer les côuts par restriction de l’offre)
- Abandon du côté sacerdotal de la profession, dans l’esprit des praticiens eux-mêmes (à l’époque des 35 heures, foin des journées à rallonge, des nuits de garde et des ouiquèndes d’asteinte !) qui considèrent, à juste titre, que l’on ne peut exiger d’eux un engagement total de leur existence, voire de celle de leurs proches, alors que le reste du corps social ne jure que de loisirs, RTT et autres douceurs compensatoires. Abandon aussi du côté sacré du médecin par les patients eux mêmes, pour qui le praticien est devenu une sorte de prestataire de service parmi d’autre, le malade un consommateur de soins. (ou de certificats d’arrêt de travail !!..)
- Problème 2 aggravé par la féminisation croissante de la profession ! Car, n’en déplaise aux féministes et égalitaristes de tous crins, la proportion de femmes prêtes à tout sacrifier à leur profession est nettement inférieure à celle des hommes pour qui cela constitue souvent le moteur psychologique de leur vie de travail...
Cela dit, ne vous plaignez pas trop !
Ici, dans la Province profonde, plus d’installation de jeunes médecins ! On jongle entre le 13 et le 18 pour s’apercevoir que la centralisation des services régulateurs dans la préfecture, à l’autre bout du département, conduit à des pertes en ligne parfois considérables, des retards d’intervention cumulés parfois dramatiques.
Mais, Chutt !!! Tout va bien au XXIème siècle !
Laissons mourir doucement nos campagnes...