@ davideo
Ce texte propose en filigrane des solutions : non pas revenir en arrière mais changer de méthode en resserrant le mode décisionnel en matière d’urbanisme, et en se réappropriant le concept de base de la « rue », concept qui peut être décliné de mille façons.
Je me souviens encore aujourd’hui avec un certain effroi du jour où j’ai dû aller prendre le RER à Grigny et que j’ai découvert une gare sinistre, cachée au fond d’un ravin, d’où il fallait s’extraire en montant des tas d’escaliers couverts d’immondices... Quel sens du bien commun peut-on inculquer dans un tel environnement ? J’ai cité à Marsu l’exemple d’Agadir ou de Villeurbanne, mais il en est d’autres. Mon propos est de dénoncer une méthode de saupoudrage qui a fait faillite et à laquelle on continue de s’accrocher désespérément alors qu’elle n’est qu’un cautère sur une jambe de bois.
Je pense que la banlieue parisienne nécessite cinq ou six grands projets d’urbanisme, aptes à donner de l’espoir aux populations, en leur montrant qu’ont été pris en compte bon nombre de leurs soucis quotidiens t enleur proposant un environnement de qualité. Puis, l’expérience aidant, de s’attaquer à d’autres projets en mobilisant les moyens de la nation toute entière ainsi que ceux de l’Europe, car les problèmes d’intégration ne vont pas tarder à iontéresser l’ensemble du continent.
Déterminer 400 quartiers dits « sensibles » et prétendre y apporter des solutions au coup par coup est une utopie dangereuse et imbécile.
Vous interrogez : « faut-il détruire TOUTES les tours et les barres ? ». Je pense qu’à de rares exceptions répondant à des critères qualitatifs exceptionnels (notamment les tours qui ont été construite non loin de la Défense) il ne faut pas avoir peur de répondre oui. Les tours du XIIIè sont moches mais elles ne posent pas de problème particulier (j’ai habité pendant des années dans le quartier du Chevaleret...), et vu que Navarro y a élu domicile, on lui doit de les respecter... Mais le Front de Seine est une insulte permanente faite à la silhouette de Paris. Mais il est impossible de le détruire : trop cher....
J’aime beaucoup l’architecture contemporaine et je ne demande pas qu’on revienne à une architecture haussmannienne. Mais des expériences intéressantes ont été faites par certains architectes qui ont proposé des jeux de façades plus complexes que ceux auxquels ils nous avaient habitués depuis cinquante ans. Certains ont même readapté les fameuses couvertures en zinc qui sont une des caractéristiques du décor parisien, et l’expérience était des plus réussie. D’autant que ça donne du travail à de nombreux artisans qui ont ainsi autre chose à faire qu’à mettre du goudron sur les terrasses.
J’ai signalé le programme proposé par Rolland Castro et personne ne semble le connaître. C’est dire l’intérêt qu’on porte aux questions d’architecture. Pourtant ce programme (appelé » banlieues 89 ») esquissait des solutions originales... et draconiennes. Le sens de mon article était un appel pour en revenir à cet esprit inventif et radical.
Bien à vous Patrick Adam