@ Bernard Dugué
Effectivement la théorie du manque tire l’ensemble de l’urbanisme vers le bas. Exactement, et je l’ai évoqué quand l’article, comme la tyrannie de la méthode globale d’apprentissage de la lecture a tiré l’ensemble de l’éducation vers le bas. Et je passe sur la façon dont on a cherché à apprendre l’histoire en la découpant en morceaux sans queue ni tête.
Je critique la théorie de ceux qui prétendent chaque matin réinventer l’eau chaude et qui proclament qu’on n’avait rien compris avant eux. L’architecture et l’urbanisme sont des exemples flagrants d’une telle attitude imbécile qui s’est imaginé pouvoir tout « redessiner », alors qu’il aurait été peut-être plus intelligent de poursuivre des recherches qui remontent à la nuit des temps et qui avaient créé une diversité architecturale extraordinaire dont nous semblons aujourd’hui avoir été bannis.
La maladie de l’architecture d’aujourd’hui c’est que chaque bâtisseur met un point d’honneur à faire que sa « création » soit « originale » c’est-à-dire qu’elle se démarque de ce qui a été fait autour... Les artisans qui ont fait Sienne, Assise, le Bario Gotico de Barcelone, Tolède, Grenade, Saâna, Collioure, San Giminiano, le vieux Lyon ne cherchaient à se démarquer de personne. Ils ont fait leur boulot, et ils l’ont bien fait, en signant leur travail d’une légère touche personnelle qu’il est un plaisir aujourd’hui encore de respirer au fil des balades...
Loin de moi l’idée de fustiger systématiquement la modernité. Mais pour moi elle s’est égarée quand elle a tourné le dos à l’œuvre d’un Mallet-Stevens pour se jeter corps et âme dans la folie concentrationnaire (et fascisante) de Le Corbusier. Les moyens techniques actuels nous donnent la possibilité de faire du Mallet-Stevens à grande échelle. Non pour le dupliquer, mais pour s’en inspirer.
Patrick Adam