Pour finir, un article paru sur le site résiliencetv (site à prendre avec des pincettes), mais c’est l’article de D-A Belhassen qui m’intéresse ici de reporter afin d’éclairer sur le fond de l’ouvrage "La Haine Maintenant ?"
J’espère, Oudeis, que cela vous apportera les éléments de réponse et de débat aux remarques que vous formuliez.
Quant à vous,Paradisial qui n’y voit que littérature - outre le fait que citer la Bible et autres Ecrits Sains n’est pas une preuve scientifique même lorsqu’on s’attache à flooder sans cesse - je vous invite à en prendre connaissance dans le but d’en discuter sérieusement en confrontant sources et points de vue, et non pas comme vous vous y abaissez si souvent à traiter de noms d’oiseaux ceux qui critiquent vos références et développement. Ce jugement vaut également pour certains des contradicteurs de Paradisial qui n’ont que des épithètes tout-faits pour délégitimer son propos (islamo-machin, propos anti-musulman-musulman qui ne pourrait être que "moyen-ageux" selon eux...et autres noms d’oiseaux s’avérant totalement contre-productif).
Pour en finir avec l’usage du terme "Palestine" (1/3)
Par David André Belhassen le 05/12/2006
Alors que la polémique fait rage autour du "voyage de Ségolène Royal en Palestine", ce dernier nom, je veux dire "Palestine", jouit du consensus général et même d’un grand prestige. Son usage politique, quoique récent et ne remontant qu’au début du 20e siècle, est universellement employé dans tous les livres d’histoire, les manuels d’archéologie, les cartes de géographie, les encyclopédies et dictionnaires, les revues scientifiques et les ouvrages de vulgarisation, les magazines et les quotidiens, les contes d’enfants et les films documentaires ou de fiction. Bref, c’est le nom que tous utilisent (y compris, chose pour le moins surprenante, les israéliens eux-mêmes !) pour désigner la contrée qui englobe approximativement la superficie de l’Etat d’Israël et celle de l’Autorité dite "palestinienne". Bien sûr, les israéliens diront qu’ils ne sont pas dupes et que "Palestine" n’est autre que la contrée que la Bible nomme Israël, Pays de Canaan, Pays des Hébreux, ou encore Qedem. Mais lorsque l’on aborde la question, somme toute légitime, de l’origine historique de ce nom (et son étymologie), toutes les langues cessent de se délier, celles des israéliens et des palestiniens en premier. Cet article a pour objet de remédier à la lacune.
Aperçu historique
"Palestine", sous la forme "Paleshet", apparaît pour la première fois dans l’histoire, sur des fresques, des stèles, des papyrus, datant du 12ème siècle avant J.C, et relatant les victoires des pharaons Ra’amses et Merneftah sur les "peuples de la mer". Cette même expression "peuples de ma mer" est aussi en usage dans la Bible (en particulier dans les parties les plus anciennes, tel "Le livre des Juges" ), quoique souvent supplantée par son homologue "philistins" (en hébreu : "Plishtim"). Ce fut en effet le nom que les hébreux donnèrent à ces hommes "venus des îles" (La Crête en particulier) qui débarquèrent sur la côte et envahirent le littoral sud du pays (entre Gaza et Ashdod), désigné comme "Philistie" (en hébreu : PLeShet ). Grammaticalement parlant, Philistie ou Pleshet est le substantif formé sur la racine hébraïque PLSh (envahir, occuper, faire incursion, faire intrusion). Il signifie "territoire occupé", territoire qu’il faut donc libérer des mains de l’intrus (= Plishti ).
Mis au pluriel, Plishtim, (les fameux "philistins" dont parle le récit de Samson) peut donc se traduire littéralement par "envahisseurs". En moins de trois siècles, la plupart de ces "philistins" furent boutés hors du pays et les autres se fondirent dans la population hébreue indigène au point de disparaître en tant qu’entité ethnique séparée. Pourtant, tout au long des siècles suivants, le terme revenait ci et là dans la littérature biblique tardive, quoique de manière anachronique et atavique, pour fustiger l’ennemi symbolique d’Israël .
Après la chute successive des royaumes d’Israël et de Juda, au 8ème et 6ème avant J.C, respectivement sous les coups de boutoir des Assyriens et des Babyloniens, la langue araméenne fit irruption dans la région. C’est sous son influence que le suffixe hébreu –im, désignant le pluriel, fut parfois prononcé –in, à l’araméenne. Et c’est ainsi que plishtim devint plishtin. Notons au passage que le mot étant déjà au pluriel, on devrait le retransmettre en français par "palestiens" et non palestiniens .
Mais cette transcription erronée n’est pas récente. Elle date de l’historien grec Hérodote (5e siècle avant notre ère) qui, à cause de sa méconnaissance de l’hébreu (et de l’araméen), employa dans ces écrits la forme au pluriel, sous la forme grécisée : "Palaïstinae" , pour désigner la "Philistie". A sa suite, et ignorant tout de l’origine hébraïque du terme, certains historiens modernes se sont évertués à faire de ces "philistins" un véritable peuple, les Pélasges de la Grèce préhellénique, ou les mystérieux « palaïstes » dont on ne connaît rien d’autre que le nom déformé.
5 siècles plus tard, ce furent les romains qui banalisèrent l’usage du terme pour nommer non plus la bande côtière, comme Hérodote le faisait, mais l’intégrité de l’ancien royaume d’Israël. L’intention cette fois-ci était claire : Le toponyme latinisé "Palaestina" fut forgé en représailles aux rébellions contre l’empire Romain qui éclatèrent depuis "La guerre des juifs" en 66-70, et jusqu’à la révolte de Bar Kohba en 132-135. Soucieux de rayer de la carte ceux qui osèrent défier le tout-puissant empire romain, l’empereur Hadrien, mu par une véritable pulsion vengeresse visant à effacer jusqu’à l’identité du peuple qui y vivait, lui refusa un droit d’existence non seulement politique, mais encore une dimension ethno-culturelle.
C’est pourquoi, il rebaptisa La Judée " Palaestina", et Jérusalem "Aelia Capitolina" (du nom de sa famille). Il est remarquable néanmoins qu’à l’époque, ce nom de "Palestine", symbole de l’ultime humiliation, ne fut jamais utilisé par les indigènes de cette contrée. Les Evangiles eux-mêmes, bien que retranscrits et canonisées à une époque où le terme ‘Palestine’ était déjà officialisé par les romains, ne l’emploient pas même une seule fois. Elles nomment systématiquement cette terre « le pays d’Israël » ou « la terre d’Israël ».
L’usage du terme « Palestine » représentait pour les disciples de Jésus une insulte au peuple hébreu dans son intégralité, en rappelant aux yeux de tous la barbarie de l’empire Romain. Ce qui n’empêche pas aujourd’hui certains curés et prêtres chrétiens de parler de "Jésus le palestinien" (sic). Il semble d’ailleurs que ces chrétiens ne se sont jamais posés la question pourquoi les Evangiles s’interdisaient l’usage du terme "Palestine", ou alors, ils n’ont pas voulu comprendre que, plus que tout autre terme, « Palestine » symbolisait l’oppression romaine. Alors que "Terre d’Israël" était fièrement arboré par les hébreux, le terme Palestine était considéré comme un affront. Son apparition exprimait une volonté délibérée d’effacer l’identité originelle du pays, peine réservée par les romains contre toute région qui osait se rebeller contre l’autorité de l’empire. C’est aussi pourquoi "Palestine" ne fut jamais, au grand jamais, utilisé parmi les juifs avant l’émergence du mouvement sioniste, qui paradoxalement fut le premier à l’employer (nous en verrons par la suite les raisons profondes).
Le nom « Palestine » fut donc en usage du second siècle de notre ère jusqu’à la fin de l’empire romain, et durant toute l’époque byzantine. Puis, il tomba progressivement en désuétude. Dans l’Europe chrétienne du Moyen Âge, les voyageurs, les pèlerins et les croisés désignent le pays comme « la terre d’Israël » ou comme « la Terre Sainte » .
Lorsque le terme « Palestine » refît surface, au 19e siècle, ce n’est pas du tout pour des raisons politiques. Par pure convention, le latin était devenu la langue de référence dans le monde scientifique. La raison était tout d’abord le traditionnel usage du latin dans les universités en tant que langue savante. Ensuite, ce choix exprimait le désir à la fois d’uniformiser la terminologie, et d’éviter la prédominance d’une des langues vivantes sur les autres. C’est pourquoi la terminologie inventée par les romains, au départ uniquement destinée à effacer l’identité hébraïque du pays après les révoltes du premier et deuxième siècle de l’ère chrétienne, fut systématiquement adoptée par les historiens, les géographes, les géologues, les naturalistes et mêmes les anthropologues. Avec l’usage du latin, le découpage du monde introduit par l’empire romain reçut soudain un cachet d’objectivité scientifique. C’est ainsi que non seulement « Palestine », mais encore « Syrie » et « Arabie » resurgirent du néant, et ce au nom d’illusions pseudo- scientifiques.
En occident, le terme « Palestine » envahit progressivement tous les ouvrages de littérature et de science, à une époque où l’archéologie, l’histoire et « l’orientalisme » non seulement connaissaient leur plein essor, mais encore bénéficiaient de l’engouement du public. Et puis, de par l’exigence de laïcité, « Palestine » remplaçait avantageusement l’appellation d’Israël ou de Terre sainte, trop chargées de connotations religieuses. C’est pourquoi, à la ruine de l’empire ottoman, rien n’empêcha de revêtir une dimension politique au terme « Palestine ».
Est-ce par le choix d’un tel terme que les premiers sionistes aspiraient à se mettre en phase avec la « communauté scientifique » ? Essayaient-ils de faire correspondre leur volonté de réveil identitaire hébreu avec des conventions poussant à l’adoption du latin en tant que « langue savante » ? Or ces deux réalités sont foncièrement contradictoires.
(à suivre)
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