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Commentaire de maharadh

sur Lettre ouverte à Michel Onfray


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maharadh maharadh 5 janvier 2009 19:01

@Sampiero,
Meilleurs voeux à vous aussi.

@ l’auteur,
Le texte suivant est tiré de l’excellent livre de Marc Haffen, "L’athéisme" dans la collection "Ouverture. L’athéisme n’est pas récent même si le mot l’est. Ce livre relate son histoire.

L’athéisme du XIXème siècle doit au philosophe allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900) l’une de ses formules les plus célèbres et les plus radicales : "Dieu est mort !" Et c’est nous qui l’avons tué !

Et pourtant son sens n’est pas très clair. C’est un fait incontournable que le premier attribut du dieu est son immortalité. Les immortels, ainsi sont-ils nommés par les Grecs comme aujourd’hui encore les hommes sont d’abord les mortels.

La notion de déicide fondée sur la nécessité de la mortalité préalable du dieu apparaît d’emblée comme une impropriété logique. Ainsi, non seulement l’attribut immémorial du dieu, son immortalité, se trouve être assassinée, mais un aussi considérable forfait vient juste de se produire. Ce crime est le nôtre, nous Occidentaux, et comme tel, bouleverse notre sensibilité d’homme moderne. Pourtant, Nietzsche n’exhume qu’un état de fait. Partout il est lisible dans le corps culturel de son siècle que le décès de Dieu est bel et bien survenu et, cependant, l’auteur s’indigne : une si illustre mort eût dû inaugurer un autre règne, celui d’une libération radicale du joug divin.

Or, il n’en serait rien. Le Dieu agonisant, c’est le Dieu chrétien. La chrétienté, et en elle la bourgeoisie libérale, n’ont pour l’heure que transformé le christianisme en humanisme bon teint, pétri de part en part d’idéaux chrétiens dévalorisés. Dieu aurait donc été tué en vain. Le contemporain de Nietzsche reste platonicien et de teinture chrétienne. Le vrai monde n’est pas l’ici-bas sur lequel l’homme libéré pourrait avoir un pouvoir égal aux dieux et vivre selon ses instincts, c’est l’au-delà. C’est la promesse de salut pour le faible qui invite au renoncement, à la résignation, à la douceur. Or, le Dieu à abattre, c’est pour Nietzsche cette morale-là, "morale d’esclaves", qui bride l’homme et ses pouvoirs, même s’il est bon qu’elle en limite certains. Peu à peu, elle rapetisse l’homme et le maintient à son plus bas niveau, celui du "troupeau".

La morale chrétienne conduit au néant et c’est pourquoi elle est un nihilisme. L’homme antique était le sujet mais aussi le protégé des dieux. L’homme nouveau a tué le divin : le voilà orphelin.

Mais Dieu n’est pas simplement mort pour l’homme. Il l’est aussi pour l’univers qui l’entoure. Celui-ci n’est plus un ordre (cosmos), un jour créé et évoluant vers une fin, il n’est plus qu’une palpitation, une respiration toujours recommencée, celle de l’éternel retour du même.

Le monde ! Le voilà incréé, c’est-à-dire sans naissance et sans mort, donc sans créateur nécessairement différent de lui : simple alternance d’opposés (vie/mort, bien/mal, réveil/repos) à l’infini, sans début, ni fin. C’est renouer avec le devenir d’un Anaximandre, Héraclite ou Empédocle. Ce sera le postulat fondateur de l’athéisme cosmologique moderne : si Dieu n’existe pas, le monde n’a pu être créé.

Ce dernier est donc éternelle répétition cyclique ?


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