Israël a tiré les leçons de son échec à convaincre l’opinion publique durant la guerre du Liban en 2006. Chris McGreal, pour The Observer, raconte le soin qui a été apporté cette fois-ci à construire un argumentaire acceptable, dès lors que l’attaque avait été décidée, voilà plusieurs mois. Israël se présente donc comme le défenseur du camp occidental face au terrorisme, à l’axe du mal rassemblant les extrémismes islamistes. De fait, Israël veut surtout éviter toute référence à l’occupation et au blocus que Gaza a subi depuis le premier jour du retrait israélien, avant même que le Hamas ne se saisisse des rênes du pouvoir. « Nous ne nous attendions pas à ce que nous ayons à mendier l’autorisation de faire entrer de la nourriture », se rappelle Diana Buttu, avocate conseil de l’OLP.
Par Chris McGreal, The Observer, 4 janvier 2008
Il s’agit d’une guerre sur deux fronts. Depuis plusieurs mois, alors qu’Israël se préparait à lancer une nouvelle vague de violence contre la bande de Gaza, il était devenu clair que l’attaque du Hamas et de « l’infrastructure du terrorisme », incluant des postes de police, des habitations et des mosquées, serait une opération menée tambour battant.
Israël a également compris qu’une opération jumelée serait nécessaire afin de persuader le reste du monde de la justesse de sa cause, même lorsque les morgues recevraient les corps de femmes d’enfants palestiniens. Il fallait aussi veiller à ce que cette guerre soit considérée non pas en termes d’occupation mais comme un combat de l’occident contre le terrorisme et une confrontation avec l’Iran.
Après la débâcle de l’invasion du Liban en 2006- qui fut non seulement pour Israël un désastre militaire, mais aussi politique et diplomatique - Le gouvernement de Tel-Aviv a passé des mois a préparer l’assaut sur Gaza, tant au plan intérieur qu’international, en exerçant avec calme mais énergie un lobbying sur les gouvernements et les diplomates étrangers, en particulier en Europe et dans certaines parties du monde Arabe.
Une nouvelle Direction de l’Information a été créée pour influencer les médias, avec un certain succès. Et quand l’attaque a commencé, il y a un peu plus d’une semaine, une marée de diplomates, de groupes de pression, de blogs et d’autres partisans d’Israël ont commencé à marteler une série de messages soigneusement élaborés, destinés à veiller à ce que Israël soit perçu comme la victime, alors même que ses bombardements ont tué plus de 430 Palestiniens durant la dernière semaine, dont au moins un tiers sont des civils ou des policiers.
L’attaque sans relâche menée contre la bande de Gaza - avec une frappe aérienne toutes les 20 minutes en moyenne - n’a pas fait cesser les tirs de roquettes du Hamas qui ont tué quatre Israéliens depuis le début de l’agression et ont touché des cibles situées plus en profondeur que jamais auparavant, provoquant la fuite de dizaines de milliers de personnes. La nuit dernière, Israël a intensifié son action, en lançant ses troupes à travers la frontière de la bande de Gaza, dans ce qui semble être une invasion terrestre. Et une campagne diplomatique intense est déjà à l’oeuvre pour justifier le coût en vies innocentes qui en résultera presque certainement.
Dan Gillerman, ambassadeur d’Israël à l’ONU jusqu’à récemment, a été mobilisé par le ministère des Affaires Etrangères pour assister le pilotage de la campagne diplomatique et de relations publiques. Il indique que les préparations sur le terrain politique et diplomatique ont débuté depuis des mois.
« C’est quelque chose qui était prévu depuis longtemps », déclare-t-il. « J’ai été recruté par le ministre des Affaires Etrangères afin de coordonner les efforts déployés par Israël. Je n’avais jamais vu l’ensemble des parties de ce mécanisme très complexe [incluant] le ministère des Affaires Etrangères, le Ministère de la Défense, le bureau du Premier ministre, la police ou l’armée - travailler avec tant de coordination, d’efficacité, dans la délivrance du message. »
Dans des réunions d’information tenues à Jérusalem, Londres, Bruxelles et New York, les mêmes messages ont été répétés : Israël n’avait d’autre choix que d’attaquer en réponse aux tirs de barrage de roquettes du Hamas ; que la prochaine attaque viserait « l’infrastructure terroriste » à Gaza ; que les objectifs seraient principalement les combattants du Hamas ; que des civils mourraient, mais en raison du fait que le Hamas dissimule ses combattants et ses ateliers d’armement parmi les gens ordinaires.
Dans le même temps, a été mise sur pied une stratégie visant à écarter de la discussion la question de l’occupation. La bande de Gaza a été libérée en 2005 lorsque les colons juifs et l’armée se sont retirés, affirment les israéliens. Elle aurait pu prospérer en tant que base d’un futur Etat palestinien, mais ses habitants ont choisi le conflit.
Israël décrit le Hamas comme un membre d’un axe du mal islamiste fondamentaliste, avec l’Iran et le Hezbollah. Ses actions, disent les israéliens, n’ont rien à voir avec la poursuite de l’occupation de la Cisjordanie, le blocus de la bande de Gaza ou le fait que l’armée israélienne continue de tuer un grand nombre de Palestiniens depuis le retrait de Gaza. « Israël fait partie du monde libre et lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Pas le Hamas, » a déclaré Tzipi Livni, la ministre des Affaires Etrangères et dirigeante du parti Kadima, à son arrivée en France dans le cadre de l’offensive diplomatique menée la semaine dernière.
10/01 11:16 - jacques
08/01 00:28 - Oudeis
1) Les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza a commencé dès le retrait d’Israël en (...)
07/01 13:35 - valentini
critique laborieuse cherche vérité radieuse Dénoncer la propagande, et ceci vaut pour (...)
07/01 04:33 - Traroth
Un blocus militaire est un acte de guerre, au sens de la convention de Genève. Israël n’a (...)
07/01 03:25 - Oudeis
Le lien vers l’article du Monde que je citais : http://www.lemonde.fr/web/recherche_breve/1,13
06/01 22:43 - Traroth
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération