Une brève histoire de l’avenir de Jacques Attali.
Dans ce texte fascinant, notre national docteur ès-mondialisme livre noir sur blanc le « plan » des classes dirigeantes occidentales pour conserver la domination du monde.
Pour Attali, le XXI° siècle sera divisé en trois phases :
- l’hyperempire, qui débutera vers 2030, et qui verra le monde passer d’un système unipolaire américanomorphe à un système multipolaire, régi en pratique par le capital mondialisé,
- l’hyperconflit, qui débutera peu après l’avènement de l’hyperempire et le submergera progressivement – un temps de chaos anarchique et ultraviolent à l’échelle du globe,
- l’hyperdémocratie, qui succèdera à l’hyperconflit et se construira en réaction à ses excès – une sorte d’âge du Verseau, pacifique et « transhumain »
- L’implosion financière « ratifie » le déclin des « cœurs » successifs du capitalisme. Attali identifie une dizaine de « cœurs » successifs. Passons sur les premiers, et intéressons-nous à l’histoire récente. Pour Attali, la crise de 1929 marque l’implosion d’un premier « cœur » américain (Boston, économie du charbon), puis, après une crise, la naissance d’un nouveau « cœur » (New York, économie du pétrole et de l’électricité). 1979 marque l’implosion de ce deuxième « cœur », dont Los-Angeles prend le relais (économie de l’information). A chaque fois, la naissance du nouveau « cœur » passe par la captation de technologies que le « cœur » n’a pas forcément inventé, mais qu’il sait s’approprier parce qu’il détient le Capital.
Pour l’avenir proche, ce qu’il nous raconte, c’est d’abord l’implosion de l’empire américain. Il voit cette implosion se produire dans une succession de secousses, étalées sur deux décennies. L’Amérique, ne pouvant plus être le banquier du monde [et pour cause, elle est ruinée] tentera d’en devenir le coffre-fort [d’où une prévisible stratégie de la tension, pour pousser le Capital à se réfugier aux USA]. Cependant, cette tentative échouera pour finir, et les USA perdront la suprématie mondiale. Incapables de continuer à subventionner leur avance technologique par des commandes publiques, ils sombreront dans la récession, et peut-être dans le chaos.
L’implosion d’un « cœur », souligne Attali, s’accompagne souvent d’une évolution technologique que ce « cœur », épuisé par le coût de son empire, ne parvient plus à capter. La technologie issue de la « forme » californienne de l’ordre marchand a généré ainsi un « continent virtuel », Internet, qui représente déjà 10 % du PIB mondial et 25 % du PIB américain [chiffres qui me laissent dubitatif, mais bon]. C’est pourquoi le turbocapitalisme en voie de formation pourrait bien ne plus avoir de « cœur » géographique. Une fois que le « cœur » californien aura passé la main, on pourrait assister à quelque chose de nouveau : l’émergence d’un ordre marchand sans centre physique, un empire du capital mondialisé appuyé matériellement sur un monde multipolaire, mais où aucune puissance n’aurait le poids nécessaire pour dominer vraiment les autres. Attali imagine une sorte de « centre nomade », qui hésiterait longtemps à se fixer, avant, peut-être, d’aboutir à Jérusalem, capitale du monde… mais seulement après que l’hyperdémocratie ait triomphé de l’hyperempire par l’hyperconflit [est-il besoin de commenter ? – la manière dont Attali mêle sa judéité à ses élucubrations pose franchement la question de savoir si son agenda secret n’est pas la réhabilitation posthume des théoriciens de l’antisémitisme…].
Emergera ainsi « l’hyperempire », c’est-à-dire l’empire des multinationales, régissant de facto toute la planète, imposant leurs lois aux Etats, devenus leurs serviteurs.
L’Union Européenne deviendra un super-Etat, mais sa part dans le PIB mondial tombera de 20 % à 15 %. La Russie ne parviendra pas à s’imposer [Attali ne donne pas de justification, il dit simplement que « la Russie n’est pas un candidat sérieux » - pourquoi ? Mystère]. L’implosion de la bulle financière américaine ne ruinera pas seulement l’Amérique, mais aussi la Chine, qui dépend du marché américain pour sa croissance [ah bon ? Alors les Chinois peuvent produire, mais pas consommer ? Hum, Jacques ne nous dit pas tout, là…]. Quant à l’Amérique du Sud, elle sombrera dans des conflits interétatiques, et le Brésil ne parviendra jamais à s’imposer comme puissance dominante [à noter qu’Attali parle peu de l’Inde].
Dans ce monde régi par les multinationales, la vie ne sera pas rose pour tout le monde. L’Afrique va connaître une multiplication par deux de sa population, alors que sa production agricole risque de baisser de 20 % dans certaines zones du fait du réchauffement climatique. Il en résultera un formidable mouvement migratoire, et l’Europe, vieillissante, sera de plus en plus africanisée. L’Europe, dit Jacques Attali, « ressemblera de plus en plus à l’Afrique » [sans commentaires]. Dans le même temps, les USA cesseront d’être un pays blanc. Majoritairement composés de minorités, ils deviendront une Babel dont le sud sera surtout latino. En 2050, il y aura 150 millions de réfugiés écologiques dans le monde [bonjour l’immigration bengali, j’espère que les Africains leur feront de la place…].
Le Capital imposera sa loi universelle, et les êtres humains seront donc soumis à une maximisation permanente de toutes les compétitions. Le travailleur sera constamment obligé de se soumettre à la loi du Capital [c’est-à-dire de ceux qui le détiennent]. Le droit d’auteur disparaîtra, les multinationales possédant les brevets et les œuvres, et rémunérant leurs concepteurs comme n’importe quel salarié [écrasement du Technicien et de l’Artiste par le Marchand, seule figure dominante].
Ce monde de l’hyperempire ressemble à une assez honorable reconstitution de l’Enfer. Fort logiquement, il finira donc par s’écrouler dans « l’hyperconflit », c’est-à-dire le conflit de tous contre tous, à l’échelle globale.
A partir de 2030, de petits Etats autoritaires et pirates se créeront sur les ruines des anciens Etats nations, et ils refuseront l’hyperempire. Une fois de plus, l’anarchie débouchera sur le totalitarisme.
Surviendra alors un monde où au pouvoir global du marché s’opposera le pouvoir local des pirates de toutes sortes. Des villes-Etats se constitueront, qui s’efforceront de fonctionner selon leurs propres règles. Peu à peu, une « coalition critique » se formera, associant pirates, révoltés et micro-Etats, dans un vaste front contre l’ordre marchand devenu tyrannique. Les religions muteront, et des religions-idéologies viendront grossir la coalition anti-mondialisme. L’islam a de fortes chances de servir de ciment principal à cette grande révolte [Comprendre : tout sauf le christianisme !].
Une guerre mondiale et « métalocale » [pour reprendre le terme inventé par Maurice G. Dantec] opposera les armées de l’hyperempire, très sophistiquées et mécanisées, constituées en grande partie de robots et de drones, à la coalition antimondialiste des pirates, des religieux et des rebelles. Progressivement, ceux-ci apprendront à récupérer la technologie à leur propre fin – grâce aux revenus des trafics en tous genres qu’ils auront confisqués.
Le monde sombrera dans le chaos [comprendre : pas d’alternative réelle à l’ordre marchand – ou bien le règne du capital mondialisé, ou bien l’Apocalypse – voilà l’alternative proposée par Attali]. Comme, à la suite de crise comme celle que pourrait déclencher l’Iran, les Etats auront été dénucléarisés, ils n’auront plus aucun moyen de s’opposer au chaos [d’où l’importance, pour les mondialistes, de démanteler la Russie ?].
Alors, enfin, au bord du chaos et de l’anéantissement, le monde choisira l’hyperdémocratie : c’est la troisième et dernière partie de l’avenir selon Attali [et aussi la plus nébuleuse]. De nouveaux types d’hommes surgiront, qui s’opposeront à la folie : ce seront les « transhumains ». Altruistes, ils animeront des entreprises « relationnelles » dont la finalité ne sera plus le profit. La montée en puissance des femmes dans le monde facilitera cette évolution vers un nouvel âge d’or [qui surgit, dans le bouquin d’Attali, on ne sait comment]. Soudain, les « hypernomades » reviendront de leur erreurs, et s’ouvrira un temps merveilleux, où ils imiteront "Mère Térésa et Melinda Gates" [épouse de Bill Gates, chargée des « bonnes œuvres »].
Succombant à un fantasme matriarcal universel, Attali va jusqu’à nous prédire un monde où le « droit d’ingérence » aura rendu impossible toute forme d’oppression [lire la note de lecture « au-delà des droits de l’homme »]…
Un Etat mondial surgira, fusion des organisations continentales. L’Union Européenne, nation « d’un genre nouveau », incluant la Russie et la Turquie, servira de matrice à cette humanité réconciliée. La généralisation des « droits à » imposera partout, dans le monde, de nouveaux devoirs altruistes, comme le « devoir de parenté » issu du « droit à l’enfance » [comprendre : féminisation des hommes, négation du politique, enfermement des citoyens dans la sphère privée].
Le monde ne sera plus qu’un immense paradis millénariste permanent, où chacun aura, enfin, « droit au bonheur » [non, non, vous ne rêvez pas, je n’invente rien, c’est écrit dans le bouquin à Jacquot !].
Attali est décidément bien plus puissant que Tessier, Nostradamus, les évangiles réunis !
Je vous laisse juges, le messie est né, demain son prénom ne sera plus jacques mais Jésus !
Avant de prédire l’implosion de l’économie il faut le consulter au préalable ...
10/03 13:57 - le bec-troadec ch.
Excellente vision de la situation. Nous sommes dans une crise totale et systémique. C’est (...)
08/01 18:25 - hunter
Merci pour votre excellente fiche de lecture ! Il prend quoi Attali avant d’écrire ? (...)
07/01 21:49 - hunter
06/01 23:52 - miwari
Attali aurait du écrire un livre de science fiction, sûr que cela aurait était un best seller (...)
06/01 19:29 - Eloi
* franchise pour l’héritage (quelques années de SMIC) Et donc dans ce cas la vous (...)
06/01 19:00 - Forest Ent
C’est gentil ça. Merci. :-) J’ai reçu une webcam pour Noël et j’ai passé (...)
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