J’ai donné en 1990 à la
Revue d’Histoire Révisionniste un texte sur "Gide et les rumeurs", qui a paru au début de l’année 1991, peu après l’adoption de cette "loi Gayssot" contre laquelle je voulais faire quelque chose, d’où cet article méthodologique, insistant sur la nécessité de travailler pour tirer au clair la vérité ou la fausseté des rumeurs, et manifestant implicitement, dans le sens de la prise de position ultérieure de Ronald Dworkin sur le partenariat démocratique, le refus de rejeter les révisionnistes ou les supposés tels dans un
no speech’s land. Pour certains internautes adonnés à la Vigilance, ce simple refus était encore de trop. Mon travail dans le domaine de l’histoire de l’homosexualité et mon action en faveur de la liberté de l’homosexualité à la fin des années 1970 m’ont pourtant souvent permis de constater que des informations utiles, voire uniques, se trouvaient dans des écrits hostiles à l’homosexualité ; d’une manière générale,
les argumentations contradictoires renferment des informations complémentaires ; que lire avant de critiquer était un impératif méthodologique ; c’est pourquoi, quel que soit le caractère éventuellement néo-nazi de cette publication — et à ce jour je n’ai pas d’éléments pour affirmer ce caractère — ou de certaines publications de la même mouvance, il m’avait semblé préférable que mon texte rendant justice à Gide y figure, plutôt qu’un autre. Je n’étais en revanche pour rien dans la mise sur Internet de ce texte par le site de Zundel (
www.lebensraum.org ), que j’ai apprise début décembre 2000 par un mail de l’informaticien responsable du site des amis de Renaud Camus et "lecteurs" de
La Campagne de France ; je ne connaissais pas ce site
lebensraum (espace vital). Mon contact – qui n’était pas un engagement – avec les révisionnistes ne provenait évidemment pas d’un engagement néo-nazi ..., plus simplement d’une rencontre lors d’une assemblée générale de l’Union des Athées, à Paris, en juin 1987 ; cette personne du site camusien a pensé, sans avoir rien vérifié, puis dit que c’était moi qui venais de mettre ce texte sur le
web, ce qui était faux. Daniel Schneidermann en avait conclu, semble-t-il, que Renaud Camus était lié au révisionnisme. Paniqué, Renaud Camus retira immédiatement de son site
www.perso.wanadoo.fr/renaud.camus un texte de moi relatif à son affaire. Quant à cette revue, elle a cessé de paraître, en 1992 je crois. Du réchauffé, donc. J’ai bien sûr demandé à ce que cet article soit retiré de ce site, car je tiens à rester, autant que possible, maître de la diffusion de mes textes ; je l’ai depuis repris, quasiment textuellement, dans mon dossier gidien,
Vir probus.
J’ai toujours pensé, et cela n’a rien d’original, que la liberté d’expression ne pouvait pas se diviser, et qu’elle devait valoir pour tous et pour toutes les opinions ; c’est d’ailleurs pourquoi, bien qu’opposé à la pédophilie — mes articles sur ce sujet depuis vingt ans en témoignent, je trouve légitime que Renaud Camus ait exposé, avec d’autres, son point de vue, certes peu informé et plutôt favorable, par irresponsabilité plus que par goût personnel, je présume, dans
L’Infini en 1997 ; à ceux qui ne sont pas d’accord de répondre en argumentant.
Que j’ai accepté de publier ce texte dans la
RHR, et un autre, en 1987, dans les
Annales d’histoire révisionniste (AHR), ne fait pas automatiquement de moi un « négationniste ». Je m’en étais déjà expliqué avec Mlle Valérie Igounet, lorsqu’elle était venue m’interviewer à mon domicile, en février 1996, puis avec Olivier Jablonski (site
www.altern.org/semgai ) et Jacques Girard (Kadémos,
www.multimania.com/jgir ). Si on ne lit pas mes deux textes (le premier en date intitulé "Savoir raison garder" — le titre étant un hommage très partiel à François Mauriac, seulement pour son attitude mesurée dans l’affaire Pompidou-Delon), on ne peut pas comprendre.
Pour faire vite, 1 - je ne me considère pas comme révisionniste ou négationniste ; et, 2 - Les révisionnistes ou négationnistes ne m’ont pas considéré comme un des leurs, seulement comme quelqu’un qui promeut la liberté d’expression. Il est vrai, comme l’a écrit Jacques Derrida, que « l’accusation [de révisionnisme] est désormais à la disposition du premier venu qui n’entendrait rien à [la] nécessité critique » (Spectres de Marx, p. 172, n. 1) et les premiers venus sont légion ...