Un peuple enclin à se cultiver est un peuple capable de critique agissante à l’endroit de ses dirigeants, capable aussi de faire la distinction entre un véritable projet politique et un suivisme aveugle à des diktats au service d’une petite élite de spéculateurs / profiteurs.
L’accès à la culture existe en France à la manière d’un sentier de grande randonnée bien balisé, bien entretenu et sans barrière, où il suffit de poser le pied à condition d’accepter d’avoir à traverser des paysages parfois très beaux, parfois accidentés, et des passages ardus. C’est une randonnée ouverte à tous et qui est faite d’étapes quotidiennes, pas de refuge à l’arrivée, pas de soupe chaude, juste l’injonction de poursuivre la marche en se sentant chaque jour un peu plus libre, un peu plus curieux.
Il faut seulement le vouloir. Vouloir apprendre et pratiquer une ou plusieurs langues étrangères et à travers elles, apprendre à connaître l’histoire et la vie courante des peuples qui la parlent. Vouloir s’ouvrir aux arts, aux sciences, vouloir s’ouvrir à l’économie, pas nécessairement pour devenir économiste mais pour ne pas se dire, après coup, on s’est encore laissé piéger. Vouloir dépasser le stade du spectacle, et cela les arrange que cette masse indifférenciée qu’on appelle un peuple préfère se contenter de ce qu’on lui montre à voir de plus vulgaire, de plus surfait, sans chercher à s’en émanciper.