Bon, on peut dire ce qu’on veut, le fait qu’un pouvoir politique, intellectuel ou médiatique impose une vérité historique "officielle" est contraire aux valeurs que nous prétendons respecter et promouvoir en occident. Ce n’est pas à un élu du peuple, ni à un intellectuel plus ou moisn autoproclammé, ni à des "associations" plus ou moins représentatives, de "décider" que telle ou telle vision ou thèse historique est "vraie" ou "fausse". Ou alors on tombe dans l’endoctrinement idéologique des masses via la propagande médiatique et scolaire, vieux projet des révolutionnaires et totalitaires de tout poil ("le moyen-âge était un âge de barbarerie et de soumission de la femme", "les anti-dreyfussard étaient de gauche", "les collabos étaient de droite"...).
L’histoire commence par les faits, dont on cherche à tirer des conclusions sur des processus dynamiques, des mécanismes, des causalités. Un chercheur comme Faurisson décrit des faits (capacité d’utilisation des chambres à gaz), et en tire des conclusions immédiates qui vont à lencontre de la "vérité historique" officielle (il y a incohérence entre le nombre de morts officiels dans les camps de concentration et la capacité de mise à mort des chambres à gaz ; donc, soit le nombre de morts est surestimé, soit la cause principale des morts n’est pas la chambre à gaz ; il faut alors proposer une autre solution : autres moyens de mise à mort, mais aussi épidémies...), et des conclusions lointaines qui restent plus spéculatives (tout cela est un complot politico-financier sioniste).
Ce n’est pas bien compliqué :
(1) Les faits sont-ils vrais ou faux ?
S’ils sont faux (c’est-à-dire s’ils sont infirmés par une majorité de témoignages fiables ou de travaux historiques objectifs et honnêtes), on peut légitimement considérer Faurisson comme un mauvais chercheur, voire un "faussaire". Dans tous les cas l’examen de ces conclusions doit être le travail d’historiens, pas d’intellectuels, de politiciens, d’associations ; la "vérité" d’un fait ne peut être le produit d’une loi de type "loi Gayssot" (à l’initiative du Parti Communiste... une coincidence ?), la décision d’une "haute autorité" sans aucune légitimité institutionnelle et démocratique, le résultat du lobbying d’"associations" partisanes, qui sont autant d’insultes à la modernité, à la liberté d’expression et à la science dans son ensemble !
Imaginez une loi qui décrête que "les phases de Vénus n’existent pas" (et un tribunal eclésiastique qui en conclue : "et donc la Terre est le centre de l’univers" !).
Si les fait sont vrais, alors :
(2) ses conclusions immédiates sont-elles valides ou non ?
La réponse dépend bien évidemment d’un examen critique et objectif de la part de ses contradicteurs, de la vérification des méthodes et des calculs ; ses conclusions ne peuvent en tout état de cause être rejetées purement et simplement parce qu’elles sont incompatibles avec la "vérité officielle" (ou alors ça revient à défendre l’église contre Galilée).
La validation des faits est un "effet cliquet" redoutable : une fois qu’ils sont prouvés, on est quasimment forcé d’admettre les conclusions, sauf à démontrer une erreur de raisonnement ou de calcul (ce qui est toujours possible, l’histoire de la science en fourmille d’exemples).
(3) ses conclusions lointaines sont-elles recevables et examinables ?
Là, ca reste beaucoup plus polémique parce qu’il s’agit d’interprétations, de spéculations, que l’on ne peut en définitive pas vraiment prouver ou infirmer en l’absence d’autres faits. Mais il paraît complètement aberrant de vouloir faire tomber sous le coup de la loi de telles spéculations ! Ou alors il faudrait faire de même avec toutes les "théories du complot" qui voient (cocher la case) la franc-maçonnerie / les juifs / le grand capitalisme financier / les ultralibéraux / les communistes / Sarkosy / les néocons / la scientologie / le Diable partout.
Que disent des thèses de Faurisson les historiens sérieux et intègres (c’est-à-dire dont l’objectivité scientifique n’est pas altérée par une trop grande sympathie idéologique ou religieuse, quelle qu’elle soit, et dont l’indépendance d’esprit n’est pas refroidie par le lynchage médiatique systématique des "déviants") ? Voilà une information que l’on ne voit pas beaucoup dans les médias, dans la bouche des politiques et des intellectuels. La seule chose que je sais, c’est qu’une bonne partie des historiens (Pierre Vidal-Naquet, François Furent, Max Gallot...) s’pposent catégoriquement à des lois "mémoriennes", qui tombent parfaitement dans le domaine du "constructivisme" visé par le présent article.
On devrait en revenir, encore et toujours, à la définition de Popper du caractère "scientifique" d’une proposition : la réfutabilité. Imposer une conclusion historique "définitive" par la loi, et poursuivre pénalement ceux qui la contestent ; revient à la priver de tout caractère "scientifique". Finalement, ces lois mémorielles sont un véritable déni de rationnalité et de science, et retour en arrière scandaleux mais qui s’explique hélas parfaitement dans la grille de lecture "constructiviste" si pertinamment proposée par l’auteur de l’article.
A ce titre, la provocation de Dieudonné est une piqure de rappel plus que nécessaire.
08/12 14:24 - candlestone_69
Bon article plein de pertinence, mais un peu trop optimiste sur un point clef : qui est (...)
24/10 19:33 - Senatus populusque
Le vase était plein depuis longtemps,, mais le prefét de l’Isère vient d’en (...)
15/01 10:43 - gonzague
Raul Hilberg prétendait la même chose concernant David Irving. Il ne saisissait (...)
13/01 17:29 - Cascabel
13/01 16:04 - Courouve
Selon François Terré, professeur agrégé de philosophie du droit à Paris-II,
13/01 14:40 - Courouve
"Rien n’est censé être, par principe, tenu à l’abri de la critique. Il (...)
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