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Commentaire de philbrasov

sur 5200 tonnes de bombes pour quoi faire ?


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philbrasov 12 janvier 2009 21:36

Les unités de réservistes entrent, graduellement, depuis hier dans Gaza. Nous nous trouvons quelque part entre la phase 2 et la phase 3 de Plomb fondu. Avec la certitude que, du ministre de la Défense au plombier-zingueur, conducteur de camion dans son unité de réservistes, chacun sait exactement ce qu’il a à faire.

 

Cette armée n’est pas celle qui a balbutié sa partition à l’été 2006.

 

A moins d’une énorme surprise en provenance du front diplomatique, voilà ce qui va se passer. C’est le triumvirat qui l’a décidé en plein milieu de la nuit :

 

L’encerclement de ce qu’on appelle depuis hier dans Tsahal des "poches de résistance" du Hamas est un fait accompli. Reste, pour chasser le régime islamiste, à effectuer le sale boulot consistant à pénétrer dans les zones surpeuplées, les villes et les camps de réfugiés.

 

C’est dangereux, désagréable, mais l’armée l’a déjà fait avec succès lors de l’opération Rempart, dans les camps de Cisjordanie.

 

Nous en sommes à la mise en place. Des unités ont été spécialement constituées pour prendre d’assaut, qui un camp de réfugiés retranché, qui un quartier de Gaza ou de Khan Yunès.

 

Elles connaissent par cœur chaque rue, chaque venelle de l’objectif qui leur a été fixé. Elles savent où se trouve la majorité des pièges, et ont évalué les endroits propices aux guets-apens.

 

Ces unités ont eu deux semaines pour s’entraîner dans des quartiers reconstitués artificiellement, ressemblant à s’y méprendre à l’original.

 

Alors, dans un ordre impressionnant, les colonnes de réservistes viennent, ce matin, sans aucune précipitation, se positionner devant leurs cibles. Il s’agit d’une manœuvre délicate, puisque l’ennemi principal est plus le manque d’espace que le Hamas.

 

Israël est en train de positionner des dizaines de milliers de soldats supplémentaires, équipés de milliers de blindés, dans un territoire de 40 kilomètres sur 15, dans lequel se trouvent déjà les forces régulières de Tsahal, les miliciens, les civils, des paramédicaux et leurs centaines d’ambulances, ainsi que les milliers d’employés (16 000) des agences d’aide de l’ONU.

 

Ajoutez à ce décor de film de guerre hollywoodien entre 50 et 200 camions d’assistance humanitaire, qui, trois heures durant chaque jour, acheminent au cœur de Gaza des tonnes de vivres et de matériel à partir d’Israël.

 

De plus, Israël est en train de constituer des havres sécurisés pour les civils, dans ce qu’on pourrait appeler la "campagne", au sud de Gaza ville. Tsahal a l’intention, avant chaque assaut prévu, de proposer aux non-combattants de se rendre sans encombre dans ces zones de non-guerre.

 

Voilà où nous en sommes, ce lundi matin. A six heures, aux premiers rayons orangés du jour, Sami El Soudi et moi nous sommes postés sur la Colline du Cheval, qui domine la Bande, pour assister à cet étonnant ballet. Il y avait dans l’air une ambiance qui rappelait le film de Spielberg Rencontres du troisième type.

 

En face, hier, les dirigeants du Hamas, habillés en médecins, ont, dans une salle d’opération souterraine de l’hôpital Shifa, distribué leur solde aux commandants encore en vie de la branche armée.

 

Certains, moins courageux, ont réussi à fuir par un tunnel non explosé de la Voie Philadelphie. Le Fatah a indiqué à El Soudi que huit haut-dirigeants de la Résistance Islamique de Gaza avaient ainsi trouvé refuge auprès d’une tribu bédouine dans le Sinaï.

 

Une tribu qui a fait sa fortune dans la contrebande d’armes avec le Hamas, et qui supporte avec difficulté la présence des Egyptiens dans "leur" désert.

 

Question contrebande et tunnels, la Ména a eu connaissance de tentatives acharnées de la part d’experts iraniens d’utiliser ou de réparer, en plein bombardements, certains des tunnels, et de tenter de faire parvenir des munitions aux miliciens encerclés.

 

A ce propos, un militaire israélien a lâché cette remarque devant nous : "C’est incroyable ce que ces types creusent vite".

 

L’OLP nous a également communiqué que, sous le couvert des combats et des bombardements, les miliciens de Jabaari auraient sommairement exécuté une centaine de ses partisans. A la Ména, nous sommes au courant de violences exercées contre des partisans de Mahmoud Abbas, mais nous ne sommes pas en mesure de confirmer l’information.

 

La même source en provenance de Ramallah a certifié la nouvelle que nous vous donnions hier, selon laquelle les miliciens islamistes enterraient leurs morts sur place, sans tambours ni trompettes, aux motifs que nous énoncions. Nos interlocuteurs du Fath’ affirment avoir la certitude de l’existence d’environ 300 de ces sépultures.

 

Ce nombre, intégré au nombre officiel des victimes ayant transité par les morgues, de l’ordre de 800, conforte globalement notre estimation d’un millier de miliciens tués.

 

550 parmi les morts officiels seraient des membres du Hamas. De plus, nos interlocuteurs, situés dans la Moukata de Ramallah, concèdent avoir peu de détails sur les combats se déroulant à l’extérieur de Gaza-city.

 

Les relais de l’Autorité Palestinienne nous ont en outre informés que des heurts violents opposent sporadiquement des militants pro-Hamas à la police de l’AP dans toute la Cisjordanie. Il y a eu de nombreux blessés et des dizaines d’arrestations.

 

Autre information intéressante issue de cet échange, et confirmée par d’autres sources dignes d’attention en contact avec El Soudi : la direction de l’AP est persuadée que l’offensive israélienne ira au bout de ses objectifs.

 

Des échanges ont lieu entre le bureau de Mahmoud Abbas, les Américains, les Israéliens, les Egyptiens et des Européens pour préparer le transfert de Gaza déhamatisée à l’Autorité Palestinienne. On procéderait alors à une remise assez rapide du contrôle de la Bande à Abbas, qui a déjà donné son accord pour que des troupes étrangères aident ses unités d’élites à maintenir l’ordre après le départ de Tsahal.

 

Pour Jérusalem, l’avantage de ce transfert consisterait en ce qu’elle n’assumerait que durant un temps restreint la responsabilité légale sur le territoire de Gaza et ses 1.2 millions d’habitants.

 

Autre avantage, Tsahal pourrait conserver ses positions sur la Voie Philadelphie jusqu’au moment où la frontière égypto-gazaouie serait effectivement sécurisée contre la contrebande d’armes.

 

Les gens de l’entourage de M. Abbas qui nous ont parlé ont également évoqué la possibilité d’un round de négociations accéléré, après la chute de Gaza, entre Israël et l’AP, afin d’ "utiliser l’onde de choc de Plomb fondu, le sentiment de sécurité retrouvé dans le Néguev, et l’aura qui entourera Tsahal en Israël, pour parvenir à un règlement rapide et définitif du contentieux israélo-palestinien".

 

L’interlocuteur a terminé son long compte-rendu par "comme vous l’écrivez dans votre agence, la création d’un Etat palestinien est impossible tant que le Hamas est présent à Gaza".

 

Survenant au moment de l’investiture de Barak Obama à la Maison Blanche, d’après Sami El Soudi et Juffa, ce plan ne manque pas d’atouts. Juffa soulignant que "c’est après les guerres, d’habitude, que l’on conclut des traités de paix, non au cours des longues périodes de stagnation. Les adversaires sortent des conflits ramollis et en quête de calme, cela procède d’un cycle de l’Histoire humaine, c’est le moment où ils sont prêts à faire les concessions mutuelles nécessaires pour instaurer la paix. D’abord il faut déloger le Hamas", a conclu notre rédacteur en chef, jugeant qu’à Ramallah, on mettait la charrue avant les bœufs.

 

Il n’en demeure que cette perspective d’évolution paraît plus plausible qu’une quelconque solution avec le Hamas. Premièrement, parce qu’au-delà des déclarations officielles, surtout marquées par la préoccupation humanitaire, les leaders israéliens sont assaillis d’appels de dirigeants d’Etats les poussant à en finir avec les terroristes islamistes.

 

Ensuite, parce que si l’Egypte, qui détient les clés des négociations, désirait véritablement sauver le Hamas, il lui suffirait d’accepter la présence dans le Sinaï de spécialistes internationaux de la lutte anti-contrebande. Une disposition qu’elle n’a besoin de négocier avec personne.

 

Mais le Caire ne montre aucun signe d’assouplissement allant dans cette direction.

 

Et, finalement, parce que la tête du Hamas se lézarde, avec, d’un côté, les dirigeants à Gaza, qui voient bien que, faute d’accepter les termes d’Israël et de l’Egypte, leurs heures sont comptées. Et, de l’autre, Mashal, en Syrie, poussé dans le dos par les Iraniens, qui exige de ses collègues qu’ils se sacrifient en héros, après avoir résisté jusqu’à leur dernière balle de fusil. 


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