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Commentaire de Annie

sur Petit guide des mauvaises pratiques des ONG occidentales en déplacement...


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Annie 20 janvier 2009 18:36

Je vais schématiser et forcément dénaturer un peu la réalité, mais les ONG aujourd’hui sont devenus des mastodontes qui n’ont rien à envier aux entreprises nationalisées question bureaucratie, et qui recrutent de plus en plus leur personnel dans le secteur privé. Elles ont essayé non seulement de se professionnaliser mais aussi de devenir des interlocuteurs privilégiés des gouvernements et des grandes institutions internationales. Tout ce que vous dîtes est vrai mais cela ne me paraît pas le plus important. La réalité est que dans les pays en développement, le talent, l’expérience et l’expertise existent. Les ONG s’en servent, mais définissent les termes d’engagement. 

Je ne suis pas en principe contre leur engagement politique, mais leurs politiques doivent être passées au peigne fin. Combien de gens qui donnent de l’argent aux ONG connaissent les politiques qu’elles promeuvent sur le plan commercial, agricole, financier dans les pays en développement. C’est bien beau de promouvoir le développement des pays du Sud, mais est-il pour cela raisonnable de promouvoir le commerce international ? Il n’y a pas de débat à ce sujet, et les ONG manquent de légitimité en la matière. 

Le choix des organisations qu’elles financent, qui bien souvent répondent à certaines de leurs aspirations ; Les ONG se posent en médiatrices et désamorcent les conflits naissants par la négociation. De ce fait, en morcelant leurs revendications elles refusent aux classes exploitées des pays en développement la possibilité de s’organiser et de faire grève . Combien d’ONG de développement financent ou soutiennent des syndicats. Par contre, elles vont soutenir des revendications corporatrices, comme celles des petits producteurs, des caféiculteurs etc. et ce faisant affaiblir leur pouvoir de négociations.

Le dernier point que j’aimerai aborder et que vous avez effleuré est que les gens qu’elles choisissent d’aider ne sont pas toujours ceux qui en ont le plus besoin. De nos jours, l’impératif humanitaire est subordonné à des objectifs de développement. Chaque intervention se doit d’être rentable, ce qui veut dire que ceux qui se trouvent dans les situations les plus désespérées ne reçoivent pas la part du lion en matière d’aide au développement. Vous évoquez la RDC. Renseignez-vous pour avoir une idée de l’allocation des fonds par les ONG de développement. et humanitaires. Et surtout quels sont les pays bénéficiaires ? Vous découvrirez que des pays qui sont déjà bien avancés sur le plan du développement comme l’Inde, le Brésil, le Pakistan, des états de l’ex-URSS, tous ces pays qui représentent un bon investissement, reçoivent beaucoup plus que la RDC, le Tchad, le Niger, le Mali etc. où sévissent de manière chronique des crises humanitaires. Les ONG utilisent les mêmes critères que les gouvernements occidentaux pour l’allocation de l’aide au développement et elles reproduisent ce faisant les mêmes injustices.
Dans un des livres écrits par MSF, qui reste pour moi un des derniers tenants d’une certaine conception de l’humanitaire, l’action humanitaire est décrite comme étant subversive. Aujourd’hui la plupart des ONG font partie de "l’establishment" et défendent les mêmes intérêts. 
Et je n’aborde même pas le sujet de "l’ingérence humanitaire". 


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