Monsieur Emile Mourey,
Non non, ils s’étaient installés à Médine, largement bien avant le départ du prophète, et en effet, ils y étaient allés discrétement, par petits groupes, successivement, sur une durée bien étendue.
Les deux fuites, vers l’Abyssinie et vers Médine étaient ordonnées par le prophète. L’une des filles du prophète était parmi les fuyards qui s’étaient réfugiés en Abyssinie. Ces derniers finirent par rejoindre Médine après la mort du Négus.
Sinon, je ne vous accuse nullement d’invective. Mes tous premiers propos envers notre ami Jojo le précisaient clairement et allaient au-delà.
Quant au sujet relatif au mariage d’Aïcha et à la divergences des sources, quelques petites précisions s’imposent.
- copié/collé d’une précédante intervention :
En fait, les sources relatant l’âge d’Aîcha au moment de son mariage sont assez diverses, disparates et contradictoires.
Etymologiquement parlant, Sahih veut dire : correct, vrai, véridique.
Les Sihah (pluriel de Sahih) de Hadith sont des codexs qui répertorient les faits et gestes du Prophète (une sorte de bribes de sa biographie rassemblées). Ils sont les corrolaires des Evangiles dans le Christianisme. Ceux qui mettent dos à dos le Coran avec les Evangiles ont en ce sens complétement tort.
En Islam, les Hadith (citations du Prophète) n’ont pas la valeur canonique du Coran.
D’ailleurs, les premiers musulmans avaient hésité à les rassembler dans des codex, craignant par ce de créer une sorte de bouquin rival au Coran. Pour preuve, le deuxième Calife, Omar Ibnu Al Khattab, l’un des meilleurs compagnons du Prophète, sous l’autorité duquel d’ailleurs avait été rassemblé le premier coran dit Coran d’Omar, avait refusé à ramener au moment de l’agonie du prophète un scribe pour coucher sur "papier" les dernières paroles du Prophète, car Mohammad (que le Salut de Dieu soit sur lui) avait bel et bien annoncé plusieurs mois avant que le Coran était clos.
L’éllaboration des Codex des Hadith se fit dans le deuxième siècle après la disparition du prophète, càd à peu près après entre 2 et 4 générations, et ce sur la base de traditions orales plus certaines parfois écrites, en mettant l’accent sur la corroboration des chaînes de transmission.
C’est à ce moment que l’on vit naitre les Sihah (plu. de sahih). Les Sihah, contrairement à ce que leur nom laisse croire, ne comportent pas que des Hadith supposés authentiques ou authentifiés, mais comportent tout un large pannel de Hadith (citations) allant de ceux les plus sûrs à ceux les plus douteux.
Les chroniqueurs islamologues rassemblèrent de tels codex (Sihah), et laissèrent à d’autres historiologues islamologues le soin de développer une science d’authentification des hadith.
[certains de ces chroniqueurs procédèrent également à la discussion de ces hadith, en leur accordant différents niveau d’authentification]
Les chroniqueurs n’ont pas déclassifié les hadith faibles de leurs sihah même si les sachant faibles, jugeant que toute histoire mérite d’être contée, étudiée et critiquée.
Cela reviendrait pour les chrétiens comme s’ils auraient constitué une bible contenant des propos canoniques et d’autres apocryphes.
Apocryphe signifie caché.
Par intégrité intellectuelle, les chroniqueurs musulmans ont jugé que les histoires faibles ne méritaient pas d’être cachées ; les garder à des fins d’études comparées permettait mieux de les critiquer et de les dénoncer. Vallait mieux pour eux de les répertorier que de les cacher et de les laisser progresser ailleurs comme des fables populaires.
Pourquoi serait-il nécessaire d’expliquer de telles choses ?
Bah, je voudrais, tout simplement, faire remarquer à certains que tout ce qui existe dans les Sihah n’est pas systématiquement authentique, et que le recours à un Hadith ne devrait se faire chez les musulmans que d’après avoir étudié le degré d’anthentification du Hadith et la solidité de ses chaines de transmission.
Pour ce qui concerne l’affaire de mariage d’Aïcha, la plupart des détracteurs de l’Islam se servent systématiquement de hadith faibles pour corroborer leurs attaques contre le Prophète et affirmer leur prétendue et infamante accusation de pédophilie à son égard.
Nombre de musulmans incultes tombent hélas dans leurs pièges.
Or, il suffirait de procéder à une minitieuse recherche académique au sein des Sihah - relatant directement ou indirectement l’âge de mariage d’Aïcha - pour se rendre du caractère falacieux d’un telle accusation.
Quand on procède à une telle recherche on se retrouve avec des hadith donnant chacun un âge de mariage différent, allant de 6-9 ans jusqu’à 18 ans.
Les antagonistes et détracteurs de l’Islam font aisément et assurément fixette sur l’âge le plus bas, en se servant d’ailleurs des hadith les plus faibles. On ne saurait donc que comprendre leur démarche : Maitre renard n’est pas juge dans un concours d’oies.
Or, l’étude académique des différents autres hadith prouve que le prophète n’aurait jamais été à même de contracter un mariage avec Aïcha qu’une fois celle-ci ayant été non seulement pubère, mais presque pleinement adulte : 18 ans*. Aïcha était d’ailleurs quelqu’un de très précoce, elle était connue pour sa grande intelligence et par la force de son caractère, et ce du vivant du prophète et aussi une fois après la mort de celuic-i. Elle était une femme politique, elle était juge, et était enseignante et consultante juridique et religieuse.
* : Le lien que j’ai donné précédement le prouve.
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Sinon, Monsieur Emile Mourey, sachez que pour l’étude des textes, il y est une règle d’or en matière d’études islamiques : il faut procéder à des études comparatives entre plusieurs sources (3 au minimum), en faire une synthèse, et ce n’est que après que l’on en tire des conclusions personnelles (ce qui n’est absolument pas interdit).
Salutations les meilleures.
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