En février 1979, 34 historiens français eurent ce que Paul Thibaud a appelé par la suite "un réflexe de cordon sanitaire" ; ils annoncèrent publiquement leur refus de débattre :
"Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été techniquement possible puisqu’il a eu lieu. [...] Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz." (Le Monde, 21 février 1979).
Dans cette liste, on pouvait relever les noms de :
A. Besançon, P. Chaunu, Monique Clavel-Levêque, M. Ferro (EHESS), F. Furet (mort en 1997, mais revenu sur son refus de débattre en 1996), Y. Garlan (ENS), J. Julliard (ENS), E. Labrousse, J. Le Goff (ENS), E. Le Roy Ladurie (ENS), P. Levêque (ENS), Nicole Loraux (EHESS), R. Mandrou, Claude Mossé, J. Néré (ENS), Cl. Nicolet (ENS), Michelle Perrot (Paris-VII) ; Madeleine Rebérioux (depuis, opposée à la loi Gayssot ; selon cette ancienne présidente de la Ligue des Droits de l’Homme, "le concept de vérité historique récuse l’autorité étatique. L’expérience de l’Union Soviétique devrait suffire en ce domaine.") ; Maxime Rodinson, Lucette Valensi (EHESS), J.-P. Vernant, Paul Veyne (ENS), P. Vidal-Naquet (EHESS, qui a cependant débattu avec Robert Faurisson et Serge Thion par la suite), E. Will (ENS).
Ce refus d’examen – qui rappelle le trop péremptoire "il n’y a pas à ouvrir le débat" de François Mauriac, à l’occasion du tournage, en 1964, du film Les Amitiés Particulières – n’était pas plus admissible que la répression actuelle à l’encontre d’universitaires et de professeurs du secondaire du fait de l’application de la "loi Gayssot".
Les historiens français compétents pour la période concernée, notamment Maurice Agulhon, Henri Amouroux, Henri Michel et René Rémond, qui n’étaient pas de la pétition, et les meilleurs de leurs thésards, auraient dû ou devraient (pour ceux qui sont encore en activité) clarifier, mieux que cela ne l’a été tenté par le pharmacien de banlieue Pressac (Les Crématoires d’Auschwitz, Paris : Presses du CNRS, 1993), les faits en discussion.
Cela serait beaucoup plus efficace que d’interminables considérations – à la Florent Brayard (étudiant en histoire à l’IEP de Paris) ou à la Valérie Igounet – sur les origines, motifs et réseaux réels ou supposés des négationnistes.