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Commentaire de herve33

sur Grève historique : la Guadeloupe a commencé depuis 9 jours


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herve33 30 janvier 2009 10:37

texte d’Ernest pépin suite :


> Se déplacer à Washington pour dire « j’y étais ! » c’est bien.
> S’atteler au char de la Guadeloupe c’est mieux !
>
> Obama est un homme qui a cru en son pays sans renier ses origines.
> C’est un homme qui a cru en la capacité de son pays à dépasser les
> frontières des pensées établies. C’est un homme qui a su faire
> croire en lui. C’est ce pari là qu’il faut gagner.
>
> Si nous disons : « mon pays c’est la France ». Alors, il faut
> assumer et faire en sorte que la France change et on ne peut le
> faire sans les Français de l’hexagone.
>
> Si nous disons « mon pays c’est la Guadeloupe colonisée ».Alors, il
> faut l’assumer et décoloniser la Guadeloupe en privilégiant les
> armes de la décolonisation de l’imaginaire, de l’économie, du
> culturel, du politique et du social. Il est inconséquent de prôner
> la décolonisation en jouant le jeu d’une surintégration parfaite et
> indolore.
>
> Si nous disons « mon pays c’est la Guadeloupe autonome ». Alors il
> faudra l’assumer en se préparant à exercer un pouvoir local plus
> riche en compétences et désireux de développer une richesse
> guadeloupéenne.
>
> Si nous ne disons rien, nous sommes coupables de nous croiser les
> bras devant une société qui se saborde (violences sexuelles,
> violences des jeunes contre les jeunes, violence des hommes contre
> les femmes, violences au sein des familles, violences sociales plus
> ou moins sournoises). Une société qui se cache derrière le
> paravent de la consommation. Une société de gestion ou de géreurs
> et non une société de l’entreprendre. Une société qui a mis en
> faillite les intellectuels de tous bords.
>
> Une société en danger.
>
> Oui, je dis bien en danger ! Pendant que nous nous livrons à des
> actes de cannibalisme (les uns à l’encontre des autres !), en
> l’absence de projet construit par nous et soutenu par nous, des
> forces agissantes décident pour nous, grignotent le territoire,
> contrôlent l’économie, décident pour nous ! Je ne parle pas de
> race, je parle de filières, de réseaux, d’organisations
> structurées, de puissances financières. Il suffit de regarder
> Jarry, d’aller à Continent, à Millénis etc. Combien de
> Guadeloupéens font partie du vrai jeu économique ? Nous ne sommes,
> à part quelques cas, que des sous-traitants et surtout des sous-
> gagnants.
>
> Il est vrai que nous sommes soumis comme les autres aux durs effets
> de la mondialisation, que nos marges de manœuvres sont limitées et
> que nous sommes un petit marché.
>
> Ceci nous exonère pas de penser, de nous organiser, de lutter dès
> lors que l’objectif est clair, accepté et positif. Quels objectifs
> pour l’art, l’économie, le social, le politique ? Comment les
> atteindre ? Avec quelle stratégie ? En clair comment (re)bâtir la
> Guadeloupe ?
>
> Il me semble souhaitable d’arriver à commercialiser notre culture
> sans la prostituer, à exporter ses meilleures créations et surtout
> à nous nourrir d’elle. Pour le moins, faire entrer la notion de
> dépenses culturelles diversifiées dans les budgets des familles et
> des entreprises serait un grand progrès.
>
> Il me semble souhaitable d’envisager un développement rentable de
> l’agriculture afin de pourvoir, le plus possible, à nos besoins et
> à ceux des marchés qu’il nous appartient de trouver à l’extérieur.
>
> Il me semble souhaitable de repenser de fonds en comble l’industrie
> touristique. Je dis bien l’industrie en l’accompagnant des
> produits du soleil (maillots de bain, serviettes, lunettes de
> soleil, crème solaire, vêtements etc) made in Guadeloupe ou
> labellisés « Guadeloupe » . C’était une idée de Paco Rabanne. Je
> doute qu’elle ait été entendue !
>
> Il me semble souhaitable de rechercher les voies et moyens d’une
> solidarité active au sein de la société guadeloupéenne. Nous sommes
> si généreux envers le téléthon !
>
> Il me semble souhaitable de croire au développement de la langue et
> de la culture créoles dans une perspective non folkloristes mais
> diplomatique (il existe un monde créolophone), économique et culturel.
>
> Il me semble enfin souhaitable que nos élus aillent se former non
> pas seulement à Paris mais aussi dans la Caraïbe. Ils connaîtraient
> mieux le fonctionnement des pays indépendants ou néo-colonisés. Ils
> seraient plus au fait des données de la diplomatie. Ils gagneraient
> en relations internationales. Ils créeraient d’utiles solidarités.
>
> Mais tout cela n’est rien si nous ne répondons pas à la question
> suivante : quelle Guadeloupe voulons-nous ? Autrement dit avec
> quelles valeurs ? Quel mode de fonctionnement ? Quel type de
> citoyens ? Quel système économique ? Quel budget ?
>
> Ce sont des questions qui sont loin de l’élection d’Obama. Ce sont
> des questions auxquelles tout chef politique doit répondre de façon
> claire. La méfiance des Guadeloupéens envers les élus, parfois leur
> inertie apparente, résulte sans doute d’un manque de clarté, d’un
> manque de pédagogie, d’un manque de vouloir.
>
> Je répète avec Obama l’histoire retiendra notre capacité à
> construire et non notre capacité à détruire !
>
> Crier que nous sommes des petits-fils d’esclaves ne suffit pas !
> Détester, singer ou vénérer la France, n’est pas une politique !
> Croire que l’on peut construire sur des ruines est une erreur !
>
> Seront nous capables de dire, nous aussi : YES WE CAN ! C’est cela
> la leçon, la grande leçon d’Obama !
>
> Ernest Pépin
>
> Lamentin le 21 janvier 2009
>
> PS : Je ne suis pas un spécialiste et mes idées n’engagent que moi.
> Je ne les livre que pour lancer un débat que je crois nécessaire et
> salutaire.


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