J’ai passé vingt ans dans l’industrie. On sait ce que ça veut dire, la fameuse culture du résultat : on s’agite, on se fait mousser, et puis à l’arrivée, si le résultat est là, on dit partout que c’est grêce à moi, si ça merde, c’est la faute aux autres, de préférence celle du concurrent direct pour la promotion au burreau du 17e étage avec la vue sur la Tour Eiffel.
L’astuce consiste à choisir ses chantiers, de manière à faire chier le maximum de monde, pouvoir tirer la couverture à soi en cas de réussite, et déverser sa bile sur le maximum de gens en cas de catastrophe. Et si ça marche pas trop mal, et qu’on a rien à y voir, il faut hurler que ça aurait pu être nettement mieux sans ce gros nullard de X...
Naboléon fait pareil : il brame son mantra de culture du résultat, comme si personne ne s’était occupé avant lui du résultat de ses actions (loué soit Nicolas et la Paix soit sur Lui et sa Sainte Famille), c’est vraiment prendre les autres pour des cons : vous imaginez un flic qui ne se préoccupe pas de ses arrestations, un médecin qui ne s’occupe pas des guérisons dans son service, etc ?
Lui, ses résultats, c’est pas fameux, alors ça le dope pour aller en avant faire toujours plus de la même chose : brailler, s’agiter, attaquer verbalement les adversaires, etc. Seulement, à force de pousser la poussière sous le tapis pour qu’elle ne se voie pas, ça va finir par faire une grosse bosse, et tout va éclater. Mais ce jour-là, ce sera certainement la faute aux forces de la résistance au progrès.
On va finir par le virer (j’espère), et il finira comme Giscard, exilé dans son fief, et ruminant l’ingratitude des Français, et obligé de payer de sa poche son coach en musclage de périnée.