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Commentaire de Epeire

sur Préfixe « évoluer »


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Epeire 5 février 2009 19:50

Disons que à un certain moment, on entre dans un flou qui a tendance à heurter le sens commun... mais parfaitement exact :

le concept d’espèce.... n’est rien d’autre qu’une commodité pratique. On peut donner comme définition de l’espèce que c’est un "ensemble génétiquement fermé". Mais comme on a retiré le Dieu créateur et les espèces nommées une à une par Adam (d’ailleurs vu la situation extrêment compliquées que l’on connait pour certaines espèces actuelles, le pauvre serait immédiatement allé se pendre), ça donne un brouillard avec des tas d’intermédiares possibles entre deux espèces bien séparées :

Dans le cas de la tigresse et du lion, je ne sais pas exactement comment on fait pour obtenir un croisement, mais ce dont je suis sûre c’est que ça ne se fera pas dans la nature :

_il faut déjà que les individus vivent au même endroit, ce qui n’est pas ou plus le cas (il y a une population très relictuelle de lions en Inde)
_les signaux de reproductions doivent être compris les uns par les autres
_les périodes de repro correspondre
_la mécanique aussi

Pourquoi un lion s’intéresserait-il à une tigresse et inversement ? Dans un environnement naturel, ça n’aurait jamais eu lieu. ça été soit une fécondation in vitro, ou alors dans un espace artificiel où le lion a eu le nez devant la tigresse ou à peu près (pour faire des mulets, on a besoin d’une anesse ou d’une jument de la même espèce que le mâle reproducteur pour l’exiter, ça aide pour le faire monter sur la femelle de l’autre espèce).

Et encore, notez bien que chez le mulet et le ligron, la "morale de l’espèce" est encore sauve : les deux sont stériles. Adam peut souffler.

Mais ce n’est pas toujours le cas...

Il y a deux espèces reconnues de platanes : Platinus occidentalis (Amérique du Nord) et Platinus orientalis (Europe de l’Est, Asie) avec des feuilles et des fruits bien différents, de sorte que les botanistes n’ont pas eu d’hésitation à les classer comme espèces différentes. Ils ont été séparé sans doute par la dérive des continents, donc une sépération génétique qui ne date pas d’hier.
Et bien messieurs dames, ces "espèces" se sont très bien croisé en Europe de l’Ouest où avait été importé des Platinus occidentalis par l’homme ! Mais en plus, les hybrides sont fertiles !

Là, c’est le moment où Adam se dirait qu’il a fait une grosse boulette. Les deux populations n’auraient jamais du se croiser sans l’aide de l’humain, mais là ça marche très bien !
Et ce n’est pas le pire, quand je dis qu’Adam serait parti se pendre...

Il y a deux espèces de tritons notamemnt en France : cristatus et marmoratus , vivant dans des mileux un peu différents :
le croisement donnent des mâles stériles et des femelles fertiles. Si on croise assez longtemps les descendants femelles avec l’une puis l’autre espèce, on finit par obtenir à nouveau des mâles fertiles : une troisième espèce appelée T blasii, 1 individus sur 2000 dans les zones où les deux espèces sont présentes !

là, Adam se serait demandé si Dieu ne s’est pas un peu foutu de sa gueule.

Peut-on faire pire ? La réponse est oui : le mammifère du genre Peromyscus maniculatus a 4 sous-espèces : Borealis, Brassensi, Artemisia, Sorrorensis (je relis mes cours je ne suis pas certaine de l’orthographe du dernier). Il semble y avoir incompatibilité entre Brassensi et Artemisia mais pour le reste, ils se croisent très bien : donc les gènes peuvent sauter de l’un à l’autre par descendants interposés.

Adam commencerait à perdre le latin qu’il n’a pas encore eu le temps d’apprendre (ce qui ne l’aide pas franchement pour nommer correctement ce joyeux monde par ailleurs)

C’est déjà assez compliqué, mais un phénomène vient simplifier un peu tout ça : si les hybrides sont globalement plus faibles et sont moins compétitifs que les descendants des deux populations, des mécanismes de reconnaissances instinctives finissent par se mettent en place (cas de grenouilles australiennes : le croisement Mâle Nord x femelles sud donne des têtards mort sans finir leur développement, celui mâle sud/ femelle nord des hybrides à développement un poil plus lent que les autres jeunes. Les grenouilles femelles Sud actelle différencient beaucoup mieux les chants des mâles que leurs homologues du Nord, ce qui leur évite un notable gachi de temps et de ressources. Forcément, celles qui n’y parvenaient pas n’ont pas eu de descendances)

Donc si les populations sont remises en contact à ce stade de spéciation, celle-ci est accélérée... A l’inverse de nos platanes, qui vu la distance n’avaient pas besoin de signal pour se distinguer (au niveau du pollen bien sûr, la parade sexuelle du platane est rarement observée, en plus les étamines ont souvent la langue de bois...)

je m’égare.

Deux derniers petits malin, sans doute les deux qui ont fini par rendre Adam complètement barge :

Les spartines : Spartima maritima a 60 chromosomes, et est anglaise. Spartima alterniflora est californienne avec 62 chromosomes. Elles ont eu par l’intermédiares des bâteaux transatlantiques, un enfant commun, Spartima anglica, à 122 chromosomes, parfaitement viable et si fringant qu’il menace de combler tout les estrant où il s’installe et où il est très coriace !

le blé : nous utilisons du blé tendre qui est... hexaploïde : six jeux de chromosomes au lieu de deux. Le blé dur a 4 jeux (et pas des petits chromosomes en plus, mais des très gros !) . Il y a plusieurs scénarios pour expliquer cette anomalie, la plupart jugé pas très vraisemblables mais comme il suffit d’une fois pour que ça ait eu lieu...


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