Article très interessant.
Pour essayer de se faire une idée sur les causes qui nous ont ammené à un point où les gens n’existent que par ce qu’ils possèdent, je propose à tous la lecture de l’excellent ouvrage de René Guénon : "Le Règne de la Quantité".
J’aimerais juste revenir sur quelques points si vous permettez.
Une remarque sur le point 3, vous dites : "La troisième des réformes, organisationnelle et structurante, devrait consister à redonner du sens, du contenu et des règles tant à l’école que dans le monde du travail. Il s’agit ni plus ni moins de remettre du mérite dans le système, non pas pour produire des élites, mais pour diversifier les excellences et conduire des générations de jeunes – et d’anciens via la formation continue – à des savoirs-faire professionnels, qualifiants et valorisables sur le marché."
Pourquoi diable ne voudrions pas produire des élites, si elles sont saines et compétentes ?
Deuxièmement, j’aimerais qu’on cesse de se construire un espoir avec la mascrarade sentimentaliste et les promesses de campagnes d’Obama. C’est quand même grave de tomber toujours dans les mêmes pièges, et je suis un peu déçu que cela vienne de vous, qui m’avez quand même l’air d’être censé et réfléchi.
Aussi, la révolte que vous aperçevez n’est qu’un mirage. Je ne sais pas quelles sont les références historiques qui permettraient à quiconque de penser que la précarité extrème et le manque de repère créent une véritable révolte, encore moins une révolution. Car pour y arriver, il faut un puissant leadership, intellectuel, idéologique et surtout financier. Et quand je dis "y arriver", cela signifie que la situation succédant à cette révolte soit bien meilleure que la précédente.
Autre chose, comme j’ai l’habitude de le dire, tout est vérouillé. Les révoltes partant des banlieues (qui sont pour moi les dernières ayant été susceptibles de lancer un mouvement national de protestation) ont été raillées et disqualifiées par les français eux mêmes. 30 ans de rebellions, et de luttes contre un système totalitaire et policier à l’époque naissant qui ont été rabaissées au strict domaine du "problème d’intégration". Aujourd’hui c’est trop tard. La police est devenue une milice présidentielle qui fait peur au lieu de rassurer. Et la peur, est l’arme de destruction massive qui vérouille toute réalisation externe de la révolte ressentie en son fort intérieur. A mon avis, ces frustrations se défouleront plutot sur le voisin que sur le dirigeant.
Sans oublier qu’aujourd’hui, il est très difficile, voire impossible de faire assimiler correctement la notion d’intérêt général, car (dans la vision moderne) il ne constitue que la somme des intérets particuliers. En gros, si l’intérêt général dans un domaine X ne m’apporte rien, c’est qu’il n’est pas juste.
Avec ce niveau intellectuel ambiant, et la perte totale de repères et de valeurs autres que strictement matérielles, la révolte que vous prévoyez a un nom : le chaos qui engendrera un ordre bien pire que celui qu’on a connu aujourd’hui. Personnellement, je pense que la cause et la conséquence ne peuvent être que préméditées.