Je ne crois pas qu’il s’agisse ici d’opposer religion et athéisme ! Ou de prendre parti pour l’un ou l’autre. Ce n’est pas le débat ! Et ce n’est certainement pas ce que j’ai lu dans l’article de Tatiana F. Il ne s’agit pas non plus de s’opposer à telle ou telle religion. Il ne s’agit pas de chercher à plaire ou déplaire à tel ou tel courant de pensée, ou tel mouvement religieux, ou de ménager telle ou telle susceptibilité particulière.
Il s’agit de défendre un espace commun de liberté et d’expression, chèrement acquis, un espace au sein duquel chaque pensée puisse s’exprimer sans prendre le risque de s’attirer les foudres radicales (et capitales !) de tel ou tel pseudo-détenteur d’une vérité unique, un espace social et humain susceptible de permettre le doute, la critique, la remise en question, un espace neutre et ouvert, un espace où chacun est libre de ses convictions et libre de s’opposer aux convictions des autres, mais aussi un espace où chacun se doit de tolérer que d’autres aient des convictions différentes des siennes et que d’autres puissent critiquer ses propres convictions, un espace où en aucune manière une pensée, une conviction, une vérité particulière, ne puisse s’ériger comme règle pour l’ensemble de la communauté, et jusqu’à preuve du contraire, le mieux qu’on ait trouvé pour cela, s’appelle l’espace laïque et démocratique !
Et je ferais remarquer au passage aux tenant de la pensée simpliste, que les laïques gnostiques, ça existe ! Et que de toutes façons, la laïcité est justement la seule solution, la seule garantie pour que chacun puisse continuer à vivre sa foi, quelque soit sa religion, dans un même espace social.
D’ailleurs, il suffit de retourner le problème complètement pour en avoir une vue beaucoup plus claire. Imaginez que pour des raisons de « respect » des convictions « intimes » de chacun, on restreigne et limite d’autant l’espace commun. Essayez de prendre la somme des vérités et convictions intimes et personnelles de chacun (religieuses, philosophiques, politiques, culturelles, sociales, que sais-je encore) pour en faire une de règle commune, une sorte de plus petit dénominateur commun social. C’est simple, on aboutit au néant ! Rien, plus rien n’aurait le droit de citer, le droit d’exister, le droit de vivre !
Et je trouve que la phrase de Mahmoud Darwich citée par Tatiana F. dans son article, ainsi que sa conclusion, sont d’une limpidité fulgurante ! Merci !