Je ne crois pas Gilles que le propos se résume à cela.
Tout d’abord, un véritable leader naturel, à mon sens, n’a pas raison ou tord ; il dépasse ce clivage par trop binaire.
Un leader naturel écoute plus qu’il ne parle, il s’attache à bien maîtriser le sujet qui lui est donné de traiter. Il raisonne de l’abstraction jusqu’aux effets opérationnels des choix potentiels ; il travaille en transversal et en profondeur sur les sujets qui lui sont donnés de traiter.
Ensuite seulement, il doit non pas tenter uniquement de convaincre, mais proposer pour ouvrir un débat. En fait, il évite la critique des arguments d’autrui ; il les transforme en les intégrant (il admet ne pas détenir une vérité absolue) et parfois il mène son interlocuteurs (ou plusieurs) à admettre par eux mêmes que leur demande peut poser problème à un niveau déterminé d’abstraction. Si il doit emmettre des réserves, il le justifie et propose des solutions ; et non une solution ; laisser le choix aux décideurs, sinon il peut arriver à des situations de bloquage.
La partie la plus difficile lorsque nous travaillons en groupe consiste à faire en sorte que la synthèse des travaux soit la solution construite par le groupe et non par une personne (le leader naturel en l’occurence qui aura eu une grande influence).
Il faut rappeler que le leader naturel n’a pas autorité ; sa seule arme est sa force de conviction et ses capacités oratoires ... et un certain courage lui permettant de ne pas tenir compte du facteur hiérarchique dans les travaux du groupe ; sauf en ce qui concerne la décision finale qu’il doit laisser aux décideurs.
En fait, il y a un travail psychologique non négligeable et l’approche que doit avoir un leader naturel doit toujours être vue sous l’angle d’une recherche constructive sans revendication de paternité des idées.
Par contre, il arrive qu’il soit obligé de s’opposer avec de forts arguments dans des contextes bien particuliers et très importants pour le projet ou les travaux dans lesquels il est impliqué. C’est uniquement sur l’essentiel qu’il doit en arriver à ces extrêmes. Comme le dit bien notre auteur, ce sont parfois les décideurs officiels qui font des critiques gratuites, et surtout non constructives, voyant que le projet part dans une direction qu’ils n’avaient pas envisagé.