Merci pour votre commentaire. Si j’avais à aborder la question du suicide sous l’angle du respect de la vie avec des jeunes lycéens, je me garderais tout d’abord d’avancer une opinion. Je situerai la démarche dans le cadre d’un simple exercice de logique. La question principale serait : « Croyez-vous que vos opinions soient objectives et logiques ? ».
Notez l’absence d’une allusion au suicide dès le départ. Le sujet principal doit demeurer l’objectivité et la logique. Le suicide sert uniquement de prétexte à l’étude de l’objectivité et de la logique en fondement des opinions. C’est qu’on appelle l’approche indirecte dont on trouve plusieurs exemples dans l’étude de l’inconscient. Elle sert à détourner l’attention de la conscience face au sujet (suicide) pour ainsi pénétrer l’inconscient. On peut alors amener une prise de conscience sans l’interférence des perceptions, des émotions et des sentiments qui éveillent le sujet à la conscience. Ici, le sujet prendra conscience que son opinion sur le suicide manque d’objectivité et de logique.
On vous demandera de définir l’objectivité et la logique. Tenez-vous-en aux définitions du dictionnaire, question d’aider l’étudiant à accepter les définitions reconnues plutôt que de réinventer les concepts suivant ses humeurs. Vous pouvez d’abord inviter vos étudiants à dire ce qu’ils croient être l’objectivité et la logique pour ensuite les confronter aux définitions du dictionnaire. Ils doivent comprendre que si chacun en notre société y va de sa propre définition personnelle des choses, on n’ira nulle part. À cet âge-là, on est souvent porté à se fier à ce que l’on pense plutôt que de s’en remettre aux références connues, question de protester.
Introduisez ensuite le sujet de l’opinion qui sera à l’étude : le suicide. Chacun devra écrire rapidement ce qu’il pense du suicide. Ne donnez pas plus de 5 à 10 minutes maximun à vos étudiants pour le faire. Une seule phrase peut suffira. Il faut que leurs textes soient spontannés, comme ils ont l’habitude de le faire entre eux lorsqu’ils partagent leurs opinions. Il faut éviter ici qu’ils perçoivent cette courte rédaction comme un exercice au cours duquel il faut impressionner le professeur et les collègues de classe. Pour ce faire, précisez que le texte demeurera personnel ; ils n’ont pas à vous le remettre ou à le partager avec les autres élèves.
Le temps est alors venu de définir le suicide objectivement : le suicide est un acte ( une action humaine dans son aspect objectif plutôt que subjectif ). Du point de vue biologique, cet acte consiste à s’enlever la vie. La conséquence bio« logique » est la mort (arrêt complet et irréversible des fonctions vitales entraînant sa destruction progressive (putréfaction)).
On amène ensuite les circonstances objectives possibles de la mort : naturelle, accidentelle, subite. Il est important de signaler aux étudiants qu’il n’y aucune autre circonstance possible du point de vue biologique ; une mort est soit naturelle, soit accidentelle, soit subite.
Question aux étudiants : « Où peut-on alors classer la mort par suicide (l’action de causer volontairement sa mort (ou de tenter de le faire) ? » Il faut procéder par élimination. La mort résultante d’un suicide n’est pas naturelle ; il y a acte volontaire. Elle n’est pas non plus subite (qui arrive, se produit en très peu de temps, de façon soudaine) ; il y a planification, parfois rapide mais le suicide n’est pas soudain. Reste la mort accidentelle, c’est-à-dire, « qui arrive par hasard » selon la définition populaire. Il faut ici retenir la définition philosophique du mot « accidentel » : non nécessaire. En philosophie, on dira que le suicide relève de l’accident. Cela concorde à l’image voulant que le suicide soit un « accident de parcours », un accident fatale dans ce cas.
Pourquoi parler d’accident ? D’abord, parce que tout comme lors d’un accident (de la route, par exemple), on ne contrôle pas les facteurs en cause, en soi et à l’extérieur de soi.
Ensuite, parce que la personne suicidaire est dite « malade ». En effet, du point de vue médical, le suicidaire est l’objet d’une modification de la chimie du cerveau et de troubles psychologiques. La personne suicidaire est donc ni plus ni moins que « malade ». Sa mort n’est pas nécessaire et demeure un accident comparée à la mort naturelle et à la mort subite.
Du point de vue de la science, la vie fait partie de la « nature », du monde physique. La vie est « naturelle ». Il est donc « naturel » de vivre lorsqu’on a la vie. Pour la science, la vie implique l’équilibre de la nature, d’où l’importance du respect de la vie sous toutes ses formes. Une personne qui lutte pour le respect de l’écologie, lutte pour le respect de la vie, y compris de la vie humaine. Les scientifiques espèrent que nous nous ferons un « devoir » de respecter la vie, la nôtre comme celle des autres, dans l’espoir que nous ne brisions pas l’équilibre naturelle entre la vie et la mort. Le fondement premier du respect de la vie relève de notre participation à l’équilibre de la nature.
Cette notion de « devoir » relève, non pas de la science elle-même, mais de la morale (qui concerne les moeurs, les habitudes et surtout les règles de conduite admises et pratiquées dans une société). On trouvera dans la morale plusieurs fondements au devoir de respect de la vie.
Cependant, du point de vue logique, la question morale « Est-ce bien ou mal de se donner la mort ? » ne se pose pas parce que le suicidaire n’est pas dans son état « naturel », la vie et la mort ne sont plus en équilibre en lui-même ; il est malade. Il n’a pas le recul utile pour juger de sa situation, pas plus que de la solution qu’il envisage. Il perçoit sa mort comme étant nécessaire alors qu’en réalité, elle sera accidentelle compte tenu de sa maladie. Pareillement, la question du droit à la mort ne se pose pas : « Une personne souffrant du mal de vivre a-t-elle le droit de se donner la mort ? ». Elle peut se donner la mort mais elle n’a pas pas pour autant le droit. On ne peut définir un désir comme un droit ; le désir de mourir n’est pas par définition un droit, pas même « naturel ». Il en va de même du désir de vivre ; c’est un désir et non pas un droit. Dans la « nature », il n’y a de droit du point de vue objectif et logique.
Reste maintenant aux élèves à savoir s’ils maintiennent ou non leurs opinions personnelles sur le suicide ( « J’ai écris... Maintenant je pense). Un bel exercice oral.
Serge-André Guay
16/02 03:03 - Serge-André Guay
Du courage... ? Oh ! Oui et beaucoup car une telle étude mondiale du suicide demanderait (...)
14/02 06:14 - idrissa
essayer de voir les raisons qui pousse au suicide.voir si ces élements existe dans les pays ou (...)
14/02 03:02 - Serge-André Guay
Merci pour votre commentaire. Si j’avais à aborder la question du suicide sous (...)
13/02 13:05 - Steph
Je partage ce que vous dites concernant la nécessité d’aborder la connaissance de (...)
11/02 18:22 - Serge-André Guay
Merci pour votre commentaire. Vous n’êtes pas sans savoir que l’on trouve (...)
11/02 15:31 - steph
Merci pour cette réflexion qui met le doigt sur un problème à mon sens crucial : quelles (...)
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