Annie a écrit « Quant à l’interdiction légale de fesser, il s’agit d’une mesure non applicable et donc d’un débat superflu »
Je crois, au contraire, que si une loi d’interdiction passe, tout enfant fessé pourra porter plainte contre ses parents et bien sots sont les parents qui s’imaginent que jamais leur ange ne les traînera en Justice.
N’oubliez jamais que les Khmers Rouges ont aisément pu convaincre des enfants de dénoncer, torturer et tuer leurs parents. Besoin d’intégration dans le groupe au pouvoir oblige.
Depuis qu’on a lancé l’idée que les châtiments corporels n’étaient pas la panacée et surtout depuis que des exemples terribles nous ont été mis sous les yeux, il nous est évident qu’en venir à fesser est perçu comme un échec parental. Car il est sûr qu’avant d’en venir là, le parent fautif aura d’abord tout essayé dans la douceur, dans les explications, dans la pédagogie, etc.
Alors échec de la voie diplomatique oui.
Et alors ?
Et alors rien
Car partout, en tout autre domaine, la voie diplomatique échoue bien souvent.
Il se trouve que la spécificité de la relation parentale c’est qu’elle est obligatoire.
On peut toujours tourner le dos à une entreprise qui n’a pas accepté de compromis avec nous, on peut même divorcer de son conjoint mais on ne peut pas quitter ses gosses récalcitrants.
Il est même possible de dire que plus on aura démontré aux enfants qu’en aucun cas on ne les abandonnera, plus ils auront tendance à pousser très loin leur vérification de cette affirmation.
La fessée est certes un échec mais il faut vivre avec. Et ce concept d’échec avéré ne colle pas bien avec la mode actuelle qui veut que l’on s’entende toujours très bien avec ses enfants (Alors qu’il est bien plus admis que, passé la lune de miel, on ne s’entende plus trop avec son conjoint)
Etre un conjoint parfait passerait bientôt pour être ringard alors que passer pour un parent médiocre voue aux gémonies. Echouer à plaire aux gosses est synonyme d’autoritarime (Oh la la que c’est mal perçu l’autoritarisme ! Pourtant, on a choisi un chef qui se pose là, mais bon c’est tout notre paradoxe)
Être autoritaire à la maison, c’est monstrueux.
Non seulement il faut se montrer pédagogue, diplomate à l’écoute des enfants mais il faut encore être capable de leur prodiguer leur lot de caresses et de gestes tendres. Et cela tout en leur garantissant que jamais on ne les abandonnera. Et bien pour retenir un gamin qui tient à commettre une bêtise histoire de se tester, de vivre une transgression quelconque, sans en venir à frapper, il faut….en fait céder. Il faut « le laisser faire sa propre expérience » comme on dit pour se dédouaner du problème qui s’est produit, forcément produit. Il ne nous reste alors plus qu’à ramasser les morceaux.
Je trouve qu’il est bon qu’on discute sur les forums de fessée ou pas la fessée. Je trouve qu’il suffit largement qu’il en soit ainsi.
Car comme il a déjà été dit ici, les pouvoirs publics se mêlent bien trop de nos vies privées (Ou alors autant annoncer tout de suite que les parents ne sont plus responsables de leur progéniture, qu’ils sont tous automatiquement placés sous tutelle de l’Etat, en ce cas d’accord)
Depuis quand date cette intrusion de l’Etat dans le cercle privé ?
A mon sens, c’est la psychanalyse qui a créé une nouvelle Autorité et bien des gens cherchant à s’en saisir « Va te faire soigner ! » il n’est pas du tout étonnant que l’Etat aussi soit friand de cette voie pour nous dominer.
Ne perdons pas de vue que -depuis Ferry- les parents ne ratent pas une occasion d’adresser des reproches à l’Etat au sujet de l’EN. Alors il est logique qu’en juste monnaie de la pièce, l’Etat ait envie de se placer en donneur de leçon sur des chapitres les plus privés.
« Nous n’avons pas su leur apprendre l’orthographe ? OK, mais vous, vous allez faire un séjour en prison pour avoir frappé votre cancre"
Oui un nouveau pouvoir est né au début du 20 ème siècle, c’est le pouvoir psy. Et il est incroyablement proche de la Justice puisque les psy sont automatiquement consultés par les juges pour savoir si bla bli bla blo, séquelles, dangerosité,…Bref, tout compte fait, les psys ont le pouvoir suprême. Ils peuvent, en quelques mots bien choisis faire d’une idole un monstre à jeter aux chiens ; faire d’un père empêtré, un pervers manipulateur et, pire que tout, ils peuvent décréter l’incurabilité d’un individu.
A l’heure où, plus que jamais, chacun essaye de se faire une place au soleil, il est intéressant d’embrasser la profession de psy. De là, on a la haute main sur beaucoup de jugements. De là-haut, on peut tranquillement lancer que les parents qui mettent des fessées sont des monstres (le mot n’est pas dit mais c’est bien ce que cela veut dire)
Je crois donc que le fait que leurs sermons soient distillés sur tous les forums suffit amplement et qu’il faut que nous restions à en discuter entre parents, il faut que nous sentions ce problème encore discutable. Il ne faut pas qu’une réponse dogmatique y soit apportée.
D’autant qu’une loi d’interdiction poserait le problème du traitement de tous les cas passés ou « en cours »
Tels enfants qui comprendraient et accepteraient aujourd’hui en bonne intelligence les fessées reçues, seraient du jour au lendemain, désorientés et considérés comme complices s’ils ne dénonçaient pas leurs parents devenus potentiellement bourreaux.
Quant aux parents qui avaient fessé, ils rougiront de honte lorsqu’ils entendront des verdicts sévères à l’encontre des bourreaux actuels.
Bonjour l’ambiance dans les familles. Bin ça va donner du boulot aux psys (et aux juges)
Tanguy pose déjà d’énormes problèmes. La responsabilité des parents envers leurs enfants (même s’il existe aussi un devoir d’assistance aux parents indigents qui est imposé aux enfants) est devenue folle et conduit réellement, à des situations ubuesques dont le film Tanguy ne montre qu’une partie et sous des aspects comiques. La réalité est souvent bien plus dramatique.
Sous Henri IV, Julien (21 ans) et Marguerite (17 ans) avaient été décapités pour avoir eu une relation incestueuse. Il n’était venu à personne l’idée de fouetter les parents. Non, Toute la responsabilité de cette relation interdite revenait aux seuls enfants.
Et bien aujourd’hui c’est exactement l’inverse qui se passerait.
On « exécuterait » leurs parents au motif qu’ils auront très mal élevé leurs gosses. Et les psys sauront très bien argumenter en ce sens.
Avant ses 18 ans, l’enfant est saint, martyr et prince à la fois. Passés ses 18 ans, s’il devient parent à son tour, il ne peut plus être que monstre, bourreau et coupable.
Je ne dis pas qu’en Justice les procès aboutissent à des jugements aussi manichéens mais tout est en place, en tous cas dans les Lois et les procédures d’Instructions (garde-à-vue, placement des enfants, déchéance parentale, isolement, etc), pour qu’il en soit ainsi.