Merci à Olivier d’attirer notre attention sur ce fait.
S’exposer soi-même bêtement c’est une chose.
Exposer bêtement ses relations -avec des intentions plus ou moins saines- c’est autre chose.
Dans tous les cas et en dépit de ce qu’en disent ici les "Calmez-vous, ya pas le feu au lac !" nous savons l’Homme suffisamment diabolique pour qu’il lui vienne à l’idée d’utiliser toutes les infos qui traînent à des fins non avouables. Nous le savons et nous prenons tous un certain nombre de précautions. Nous ne sommes pas totalement naïfs.
Par ailleurs, si Internet pullule d’infos bidons, si chacun en vient petit à petit à s’en rendre compte, peu importe. Ce ne sera plus la réalité des info qui comptera mais seulement le fait que de tels gestes de mise au pilori existent et sont indiscutables
Une inscription "Sale Juif" sur une vitrine constitue trois infos principales :
La première c’est que le commerçant est un sale Juif.
Concernant cette info, chacun peut y opposer sa part de doute, surtout sur le qualificatif "sale" Ca c’est donc la partie la plus fragile de l’inscription (et son auteur le sait)
La seconde c’est que ce commerçant est haï. Cette inscription atteste qu’il y a au moins un groupe de gens qui le hait, qui lui veut du mal et qui appelle la masse à ressentir cette haine. Et ça c’est une info véritable que la conscience individuelle ne peut pas dénier, face à laquelle il n’y a pas de doute possible (et son auteur le sait).
La troisième c’est que cette inscription reste visible, des jours durant, sans que personne ne s’insurge. C’est là encore une vérité irréductible : chacun des badauds a soit approuvé, soit pris peur du groupe délateur (et son auteur le sait très bien)
En quelques fractions de temps et à cause de cette passivité, l’auteur ou le groupuscule qui avait commencé par médire en cachette, a la preuve formelle qu’il peut désormais agir en plein jour et à visage découvert.
Et c’est la fin des haricots pour le cloué.
Ce n’est donc pas le fait que sur le Net on puisse lire que Martine aime se faire peloter dans le bus qui comptera, mais le fait indéniable que quelqu’un lui veut du mal et que cette médisance est lisible, non sanctionnée, permise, pérenne et librement active.
On est bien dans ce que dénonce Olivier : il y a une claire invitation à la délation tranquille, nonobstant la véracité des choses dénoncées.
Tout cela n’est pas sans me rappeler ce que Georges Devereux avait découvert (très jeune)
Quand un thérapeute est face à un patient, quand il observe disons l’histoire ou les moeurs ou la psychologie de ce patient, ce qui compte finalement ce n’est plus tant cet objectif premier mais tout simplement ce qui se passe là, en temps réel, entre le patient (ou l’observé) et le thérapeute (ou l’observateur)
Ce qui compte c’est le transfert et le contre-transfert. Tout le reste, tout ce que raconte le patient sur son passé, n’est plus que le support qui permet la "conversation" et le "jeu éclairant" entre observateur et observé.
Alors dans cette histoire de face book, ce qui compte au fond c’e n’est pas ce qui y est raconté mais ce que nous déduisons du fait qu’on y répande autrui sans égards, sans délicatesse, sans respect. (Sans respect tant pour les personnes citées certes mais aussi pour le lecteur anonyme, pour le badaud, pour l’Homme)
Et pour l’instant, sauf sursauts des Olivier, ce qu’on en retient c’est que l’Homme est mauvais
Ou du moins que le mauvais, que le non-urbain est toujours émergeant, dominant, opérationnel ou efficace.
Ce qui n’est encore qu’une preuve de plus, s’il en fallait encore...........