Je suis surpris par l’extrème finesse d’analyse de beaucoup de commentateurs.
En résumé : ce sont des fainéants assistés qu’il suffit de remettre au travail, leurs revendications sont illégitimes, la France est décidément trop généreuse...
En réalité la crise touche d’abord les régions et secteurs structurellement fragiles comme les Dom ou les agriculteurs ( subventionnés à 50%).
La situation économique et sociale aux antilles est inégalitaire, déficitaire et potentiellement explosive depuis toujours. Le "paternalisme chiraquien" avec ses réseaux d’élus distribuait des cadeaux contre la paix sociale. Sarkozy qui n’a pas de relais là-bas, a semble-t-il sous-estimé l’ampleur du malaise et réagi trop tardivement.
La crise est réelle, la plupart des antillais vivent avec peu ou doivent migrer en métropole . Le paradoxe est celui d’une économie de pays sous-développé et dépendant (agriculture d’exportation, tourisme, absence d’industrie et de tertiaire de pointe),à laquelle s’ajoutent des subsides de la métropole qui créent un niveau de vie artificiel et fragile.
Rendre les antillais seuls responsables de cette situation n’a évidemment pas de sens car leur histoire est d’abord celle d’une longue relation avec la France basée sur le colonialisme puis le paternalisme.