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Commentaire de Argoul

sur Esprit des Lumières


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Argoul Argoul 26 octobre 2006 15:52

Il est touchant de constater comment fonctionne le « trollisme » : une agression gratuite à personne dénommée et hop ! la machine se met en route, tourne à vide... non sans talent de style, parfois. Ce pourquoi je ne demande pas d’utiliser « l’abus ». Réponse (s’il en est besoin) dans l’article : « la critique qui émane de la raison est utile mais, lorsqu’elle s’exacerbe et tourne à vide, elle devient un jeu gratuit, une »private joke« stérile entre intellos. » Mais c’est instructif : on apprend que la pensée de M est plus complexe qu’affichée et que DW est capable d’actes de générosité pour les plus faibles. C’est ça l’humanité, ni ange ni bête, au fond.

Pour les « vrais » commentateurs, nombre de réponses se trouvent déjà dans le texte :

Bernard Dugué : bien sûr la Raison a eu ses dérives, dues à l’orgueil (relire le § « Oh, certes, les Lumières ont amené »), mais nulle dérive ne disqualifie un mouvement : comme si l’islam se limitait aux fanatiques qui s’éclatent, le christianisme à l’Inquisition ou l’être humain aux asiles d’aliénés. D’ailleurs l’article suivant (« De République à Nation ») examine la propension à l’orgueil intolérant de certains Français « éclairés » sur ce sujet.

Courouve sur « penser par soi-même », maxime grecque : entièrement d’accord, point d’An 01, l’homme n’est pas né tout armé du cerveau de Voltaire. Mais on sait bien (depuis à peine 2 décennies mais quand même) que l’Histoire n’existe pas, il n’y a pas de Progrès linéaire mais la reconstruction à chaque génération des Lumières dans l’homme : 5 siècles avant JC, on savait que la terre était ronde, 10 siècles après on la croyait plate et on a brûlé pour affirmer ce dogme. Le progrès est réel puisque nous ne sommes plus dans les cavernes à se les geler, mais le progrès connaît des régressions, en général causées par des Croyances où toute raison s’abdique au profit du désir (le plus souvent celui - infantile - de Protection). C’est particulièrement vrai en France, en 2006, et à gauche car le monde entier fait peur (des Allemands égoïstes aux Américains ultra, aux Italiens qui se débrouillent, aux Scandinaves qui abolissent le statut de leur fonction publique - eux - aux Russes autoritaires, aux islamistes excités et jusqu’aux Chinois émergeant), les élites s’en moquent, gavées, et les comportements régressifs montent (brûler des voitures, voter extrémiste, ne pas voter du tout, accuser « les autres », démissionner comme époux, parent ou citoyen, s’anihiler en raves et j’en passe). Chto dielat ? s’interrogeait Lénine : sa réponse n’est pas convenable mais la question demeure.

Dealbata : « D’où vient la raison ? » Chi lo sa ? Vous ? Peut-être vient-elle de Dieu mais nous ne pouvons le « savoir », nous ne pouvons que le « croire ». L’objet de la raison n’est pas de se prendre pour Dieu (ça, ce sont les dérives dont parle B Dugué), mais d’utiliser son instrument humain (trop humain) au mieux pour ce qu’il est. Pour le reste, « il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, que n’en contient toute philosophie »...

Je retiens surtout des Lumières que « toute société exerce sur l’individu une pression aliénante par la mode, l’opinion commune, le qu’en-dira-t-on » - et que penser par soi-même reste quand même la façon la moins mauvaise d’être humain. Merci aux Grecs et à tous ceux cités par Todorov, mais surtout merci à cette Europe morcelée politiquement mais unie culturellement qui a su offrir un terrain d’aventures à toutes ces « raisons » humaines.


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